Cité
du Vatican, 23 septembre (VIS). Durant le vol entre Santiago de Cuba
et Washington, le Saint-Père a comme de coutume conversé avec les
journalistes qui l'accompagnent. Voici les réponses à certaines
d'entre-elles:
Quel
sera votre position devant le Congrès à propos du blocus?
"Cette
question fait partie de la négociation et les deux chefs d'Etat en
ont parlé. Je suis l'amélioration des bonnes relations entre les
deux pays en espérant que la négociation parvienne à un accord
satisfaisant pour les deux parties. Mes prédécesseurs se sont
plusieurs fois exprimés sur la question embargo, et pas uniquement
dans le cas cubain. Je m'en remets à la doctrine sociale de
l'Eglise, qui est précise et juste. Devant le Congrès des
Etats-Unis j'en référerai au principe du respect qui doit
s'appliquer à tous les accords bilatéraux ou multilatéraux, et pas
spécifiquement à cette matière. Le respect est un élément de
progrès dans la coexistence des peuples. Je suis presque certain que
je n'évoquerai pas la question du blocus".
-Une
cinquantaine de dissidents, qui demandaient à vous rencontrer,
auraient été arrêtés devant la nonciature. Deviez-vous les
rencontrer ?
"Ne
ne suis pas au courant de ceci... Certes, j'aimerais pouvoir
rencontrer tout le monde, car chaque personne est enfant de Dieu et
chaque contact est enrichissant. Concrètement, je puis dire
qu'aucune rencontre n'était prévue avec des dissidents...ou
d'autres groupes privés. La nonciature avait répondu à des appels
téléphoniques en disant que si quelques personnes voulaient me
saluer en privé, elles pouvaient se rendre à la cathédrale lors de
la rencontre avec le clergé. Mais aucun de ceux que j'y ai salué ne
s'est présenté comme dissident".
-A
propos de votre rencontre avec Fidel Castro, auriez-vous senti qu'il
se repentait d'avoir fait souffrir l'Eglise de Cuba?
"Ce
sentiment est intime et il relève de la conscience. Avec Fidel
Castro nous avons parlé de jésuites que nous avons connus. Je lui
ai offert le livre d'un jésuite de ses amis...et nous avons
également parlé de l'encyclique car il s'intéresse beaucoup à
l'écologie. Ce n'est pas un sujet du passé, et la situation de la
planète le préoccupe".
-Certains
parlent de vous comme d'un pape communiste parce que vous dénoncez
les injustices causées par le système économique. Aux Etats-Unis
certains se demandent si vous êtes catholique!
"Je
ne dis rien qui ne soit dans la doctrine sociale de l'Eglise. Une
fois précédente, un de vos collègues m'a demandé à propos de mon
discours aux mouvements populaires si l'Eglise me suivait. Je lui ai
répondu que c'est moi qui suit l'Eglise... On peut me suspecter
parfois d'être un peu de gauche, mais c'est erroné parce que ma
doctrine est de critiquer les effets de l'impérialisme économique.
La Laudato Si' appartient à la doctrine sociale de l'Eglise. Si vous
voulez que je vous récite le Credo, je suis prêt à le faire!".
-Lors
de votre voyage en Amérique latine vous avez durement critiqué le
libéralisme capitaliste. Et à Cuba le système communiste!
"La
encore, je m'en suis tenu à la doctrine sociale de l'Eglise. Ce
qu'il fait corriger, il faut le dire haut et clair. Sur la
capitalisme sauvage, tout était dit précisément dans la Evangelii
Gaudium... A Cuba je suis venu dialoguer avec les catholiques, les
chrétiens et avec tant d'autres personnes de bonne volonté... J'ai
développé un discours d'espérance pour encourager le dialogue et
gommer ce qui nous divise. Ce langage pastoral complète le caractère
technique de l'encyclique".
-L'Eglise
va-t-elle jouer un rôle dans l'ouverture de Cuba aux libertés,
après celui joué par le Saint-Siège dans le rétablissement des
relations entre La Havane et Washington?
"L'Eglise
cubaine a réalisé une liste des détenus à libérer...et 3.500 ont
été libérés, tandis que d'autres cas sont restés à l'étude et
la Conférence épiscopale continue de travailler sur le dossier...
Certains affirment qu'il faudrait abolir la perpétuité, que j'ai
définie comme une condamnation à mort voilée. Je l'ai dit dans un
discours adressé à des juristes... Faudrait-il accorder une
amnistie chaque année ou chaque deux? A cette perspective, l'Eglise
réfléchit... Je ne sait pas sir les 3.500 prisonniers dont on parle
relèvent de la liste élaborée par l'Eglise, ni pour combien de
personnes elle a fait une démarche formelle".
-Trois
visites papales en moins de vingt ans signifient-elles que Cuba
serait particulièrement malade?
"Non...
Jean-Paul a effectué une visite historique, comme il a visité
d'autres pays qui avaient été très durs avec l'Eglise... Benoît
XVI a suivi cette voie...et moi je suis allé à Cuba par un certain
concours de circonstance. Je serais allé aux Etats-Unis à
l'occasion d'un voyage envisagé au Mexique, à Mexico pour aller
vénérer la Guadalupe et à Ciudad Juárez, sur la frontière
américaine.... Lorsque le 17 décembre dernier il a été question
dans la presse des tractations menées depuis près d'un ans entre
Cuba et les Etats-Unis, j'ai pensé qu'il serait bon de proposer
d'aller aux Etats-Unis comme prévu en passant par Cuba".
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