Cité
du Vatican, 23 septembre (VIS). L'avant-dernier rendez-vous du
Saint-Père à Cuba, a été la célébration hier d'une messe au
sanctuaire mariale del Cobre. A l'homélie, centrée sur la lecture
évangélique, il a évoqué "la présence de Dieu dans notre
vie, une présence qui...nous pousse à nous mettre en mouvement.
Quand Dieu nous visite, il nous fait toujours sortir de chez nous.
Visités pour visiter, rencontrés pour rencontrer, aimés pour
aimer". Et d'évoquer la Visitation: "Là, nous voyons
Marie, la première disciple, une jeune fille...visitée par le
Seigneur qui lui annonça qu’elle serait la mère du Sauveur. Loin
de s’enorgueillir et de penser qu'on" viendrait la servir,
"elle sort de chez elle et va servir. Elle va aider sa cousine
Elisabeth. La joie qui jaillit de savoir que Dieu est avec nous, avec
notre peuple, réveille le cœur, nous met en mouvement, nous fait
aller dehors, nous conduit à partager la joie reçue comme service,
comme don dans toutes ces situations embarrassantes que nos voisins
ou parents peuvent être en train de vivre. L’Evangile nous dit que
Marie est partie avec empressement, d’un pas lent mais constant,
des pas qui savent où ils vont, des pas qui ne courent pas pour
arriver rapidement, ou bien vont trop lentement comme pour ne jamais
arriver. Ni agitée ni endormie, Marie va avec empressement, afin
d’accompagner sa cousine enceinte dans sa vieillesse. Marie, la
première disciple, visitée, est sortie pour visiter. Et depuis ce
premier jour, cela a toujours été sa caractéristique particulière.
Elle a été la femme qui a visité tant d’hommes et de femmes,
d’enfants et de personnes âgées, de jeunes. Elle a su visiter et
accompagner la gestation dramatique de beaucoup de nos peuples. Elle
a protégé la lutte de tous les peuples qui ont souffert pour
défendre les droits de leurs fils. Et aujourd’hui encore, elle
continue de nous apporter la Parole de Vie qu'est son Fils notre
Seigneur".
"Ce
pays a été aussi visité par sa maternelle présence. La patrie
cubaine est née et a grandi dans la chaleur de la dévotion à la
Vierge de la Charité. Elle a donné une forme propre et spéciale à
l’âme cubaine, écrivaient les évêques de ce pays, en suscitant
les meilleurs idéaux d’amour de Dieu, de la famille et de la
Patrie dans le cœur des cubains. Vos compatriotes l’ont également
exprimé, il y a cent ans, lorsqu’ils demandaient à Benoît XV de
déclarer la Vierge de la Charité Patronne de Cuba... Dans ce
sanctuaire, qui garde la mémoire du saint peuple fidèle de Dieu en
marche à Cuba, Marie est vénérée comme Mère de la Charité.
D’ici, elle protège nos racines, notre identité pour que nous ne
nous perdions pas sur les chemins du désespoir. L’âme du peuple
cubain, comme nous venons d’entendre, a été forgée dans les
douleurs et les privations qui n’ont pas réussi à éteindre la
foi, cette foi qui s’est maintenue vivante grâce à tant de
grand-mères qui ont continué à rendre possible, au quotidien dans
leur foyer, la présence vivante de Dieu, la présence du Père qui
libère, fortifie, guérit, donne du courage, et qui est un refuge
sûr comme signe de nouvelle résurrection. Des grand-mères, des
mères, et tant d’autres qui, avec tendresse et affection, ont été
des signes de visitation, de courage, de foi pour leurs petits-fils,
dans leurs familles. Elles ont maintenu ouverte une fente petite
comme un grain de sénevé à travers laquelle l’Esprit continuait
d’accompagner les palpitations de la vie de ce peuple. Et chaque
fois que nous regardons Marie nous voulons croire en la force
révolutionnaire de la tendresse et de l’affection. Génération
après génération, jour après jour, nous sommes invités à
renouveler notre foi. Nous sommes invités à vivre la révolution de
la tendresse, comme Marie, Mère de la Charité. Nous sommes invités
à sortir de nous mêmes, à avoir les yeux ouverts sur les autres.
Notre révolution passe par la tendresse, par la joie qui se fait
toujours proximité, qui se fait toujours compassion et nous conduit
à nous impliquer, pour servir, dans la vie des autres. Notre foi
nous fait sortir de chez nous pour aller à la rencontre des autres
afin de partager joies et allégresses, espérances et frustrations.
Notre foi nous fait sortir de la maison pour visiter le malade, le
détenu, celui qui pleure et celui qui sait aussi rire avec celui qui
rit, se réjouir des joies des voisins. Comme Marie, nous voulons
être une Eglise qui sert, qui sort de chez elle, qui sort de ses
temples, de ses sacristies, pour accompagner la vie, soutenir
l’espérance, être signe d’unité. Comme Marie, Mère de la
Charité, nous voulons être une Eglise qui sorte de la maison pour
établir des ponts, abattre les murs, semer la réconciliation. Comme
Marie, nous voulons être une Eglise qui sache accompagner toutes les
situations embarrassantes de nos semblables, engagés dans la vie, la
culture, la société, pas en nous retirant mais en cheminant avec
nos frères. Voilà notre cuivre le plus précieux,
voilà notre plus grande richesse et le meilleur héritage que nous
puissions laisser: Comme Marie, apprendre à sortir de chez nous pour
prendre les sentiers de la visitation. Et apprendre à prier avec
Marie parce que sa prière se souvient, est reconnaissante. C’est
le cantique du peuple de Dieu qui chemine dans l’histoire. C’est
la mémoire vivante que Dieu est au milieu de nous. C’est la
mémoire perpétuelle du fait que Dieu a regardé l’humilité de
son peuple, qu’il est venu en aide à son serviteur comme il
l’avait promis à nos pères et à leur descendance".
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