Cité
du Vatican, 15 septembre (VIS). Voici le Message du Pape pour la XXIV
Journée mondiale du malade (11 février 2016), intitulé: "Se
confier à Jésus miséricordieux comme Marie): "Puisque la
Journée sera célébrée de manière solennelle en Terre Sainte, je
propose de méditer sur le récit évangélique des noces de Cana, où
Jésus accomplit son premier miracle grâce à l’intervention de sa
Mère. Le thème" choisi "s’inscrit très bien dans le
contexte du Jubilé extraordinaire de la miséricorde... A Nazareth
aussi, Jésus a commencé sa mission salvifique, s’attribuant les
paroles du prophète Isaïe, comme nous le rappelle l’Évangéliste
Luc: L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré
par l’onction, pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m’a
envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour
à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année
de grâce du Seigneur.
"La
maladie, surtout lorsqu’elle est grave, met toujours l’existence
humaine à l’épreuve et apporte avec elle des interrogations qui
creusent en profondeur. Parfois, le premier moment peut être de
révolte: Pourquoi est-ce que cela m’est arrivé? On se sent
désemparé, la tentation devient grande de penser que tout est
perdu, que désormais rien n’a plus de sens. Dans
ces situations, la foi en Dieu est, d’une part, mise à l’épreuve
et, d’autre part, révèle en même temps toute sa puissance
positive. Non parce que la foi fait disparaître la maladie, la
douleur ou les problèmes qui en dérivent, mais parce qu’elle
offre une clé avec laquelle nous pouvons découvrir le sens le plus
profond de ce que nous sommes en train de vivre; une clé qui nous
aide à voir que la maladie peut être la voie pour arriver à une
proximité plus étroite avec Jésus, qui chemine à nos côtés,
chargé de la croix. Et cette clé c’est sa Mère, Marie, experte
de cette voie, qui nous la remet. Aux noces de Cana, Marie est la
femme attentive qui s’aperçoit d’un problème très important
pour les mariés: Le vin est fini, le vin, symbole de la joie de la
fête. Marie découvre la difficulté, la fait sienne dans un certain
sens et, avec discrétion, agit immédiatement. Elle ne reste pas là
à regarder, elle ne s’attarde pas à exprimer des jugements mais
elle s’adresse à Jésus et lui présente le problème tel qu’il
est: Ils n’ont pas de vin. Et quand Jésus lui répond que son
heure n’est pas encore arrivée, elle dit aux serviteurs: Tout ce
qu’il vous dira, faites-le. Alors Jésus accomplit le miracle,
transformant une grande quantité d’eau en vin, un vin qui apparaît
toute de suite le meilleur de toute la fête. Quel enseignement
pouvons-nous tirer du mystère des noces de Cana pour la Journée
mondiale du malade? Le banquet des noces de Cana est une image de
l’Eglise. Au centre il y a Jésus miséricordieux qui accomplit le
signe, autour de lui les disciples, les tout premiers de la nouvelle
communauté, et près de Jésus et de ses disciples, il y a Marie,
Mère prévoyante et priante. Marie participe à la joie des gens
ordinaires et contribue à l’accroître; elle intercède auprès de
son Fils pour le bien des époux et de tous les invités. Et Jésus
n’a pas refusé la demande de sa Mère. Que d’espérance pour
nous tous dans cet événement! Nous avons une Mère qui a les yeux
vigilants et pleins de bonté, comme son Fils; le cœur maternel et
débordant de miséricorde, comme lui; les mains qui veulent aider,
comme les mains de Jésus qui rompaient le pain pour celui qui avait
faim, qui touchaient les malades et les guérissaient. Cela nous
remplit de confiance et fait que nous nous ouvrons à la grâce et à
la miséricorde du Christ. L’intercession de Marie nous permet
d’expérimenter la consolation pour laquelle l’apôtre Paul bénit
Dieu: Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le
Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous
console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation
que nous-mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres
en quelque tribulation que ce soit. Marie est la mère consolée qui
console ses enfants.
A
Cana se profilent les traits distinctifs de Jésus et de sa mission.
Il est Celui qui vient en aide à quiconque se trouve en difficulté
et dans le besoin. Dans son ministère messianique, en effet, il
guérira toutes sortes de maladies, d’infirmités et d’esprits
mauvais, il rendra la vue aux aveugles, fera marcher les boiteux,
rendra la santé et la dignité aux lépreux, ressuscitera les morts
et annoncera la Bonne Nouvelle aux pauvres. Ainsi, la requête de
Marie pendant le banquet de noces, suggérée par l’Esprit à son
cœur maternel, a fait apparaître non seulement le pouvoir
messianique de Jésus mais aussi sa miséricorde. Dans
la sollicitude de Marie se reflète la tendresse de Dieu. Cette
tendresse même devient présente dans la vie de beaucoup de
personnes qui se trouvent aux côtés des malades et savent en
comprendre les besoins, même les plus imperceptibles, parce qu’elles
regardent avec des yeux pleins d’amour. Que de fois une maman au
chevet de son enfant malade ou un enfant qui prend soin d’un parent
âgé, ou un petit-fils proche de son grand-père ou de sa
grand-mère, dépose sa prière entre les mains de la Vierge! Pour
nos êtres chers qui souffrent à cause de la maladie, nous demandons
en premier lieu la santé; Jésus lui-même a manifesté la présence
du Royaume de à travers les guérisons précisément: Allez
rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez. Les aveugles voient
et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds
entendent, les morts ressuscitent. Mais l’amour animé par la foi
nous fait demander pour eux quelque chose de plus grand que la santé
physique. Nous demandons une paix, une sérénité du cœur qui est
un don de Dieu, fruit de l’Esprit que le Père ne refuse jamais à
ceux qui le lui demandent avec confiance. Dans la scène de Cana,
outre Jésus et sa mère, il y a ceux qui sont appelés les
«serviteurs», qui reçoivent d’elle ce conseil: Tout ce qu’il
vous dira, faites-le. Evidemment, le miracle a lieu par l’œuvre de
Jésus. Toutefois, il veut se servir de l’aide humaine pour
accomplir le prodige. Il aurait pu faire apparaître directement le
vin dans les jarres. Mais il veut compter sur la collaboration
humaine et demande aux serviteurs de les remplir d’eau. Comme il
est précieux et agréable à Dieu d’être au service des autres!
Cela plus que toute autre chose nous rend semblables à Jésus, qui
n’est pas venu pour être servi mais pour servir. Ces personnages
anonymes de l’Evangile nous enseignent tant de choses. Non
seulement ils obéissent, mais ils obéissent généreusement, ils
remplissent les jarres jusqu’au bord. Ils ont confiance en la Mère
et font immédiatement et bien ce qui leur est demandé, sans se
plaindre, sans tergiverser.
En
cette Journée mondiale du malade nous pouvons demander à Jésus
miséricordieux, par l’intercession de Marie, sa mère et la nôtre,
qu’il nous accorde à tous cette disposition au service de ceux qui
sont dans le besoin, et concrètement de nos frères et sœurs
malades. Parfois, ce service peut être fatigant, lourd, mais nous
sommes certains que le Seigneur ne manquera pas de transformer nos
efforts humains en quelque chose de divin. Nous pouvons nous aussi
être des mains, des bras, des cœurs qui aident Dieu à accomplir
ses prodiges, souvent cachés. Nous aussi, bien-portants ou malades,
nous pouvons offrir nos fatigues et nos souffrances comme cette eau
qui remplit les jarres aux noces de Cana et a été transformée en
un vin excellent. Avec l’aide discrète à celui qui souffre, comme
dans la maladie, on porte sur ses épaules la croix de chaque jour et
on suit le Maître et, même si la rencontre avec la souffrance sera
toujours un mystère, Jésus nous aide à en dévoiler le sens. Si
nous savons suivre la voix de celle qui nous dit aussi: Tout ce qu’il
vous dira, faites-le, Jésus transformera toujours l’eau de notre
vie en un vin fin. Ainsi, cette Journée...solennellement célébrée
en Terre Sainte, aidera à réaliser le souhait que j’ai exprimé
dans la bulle d’indiction du Jubilé extraordinaire de la
Miséricorde: Que cette année jubilaire vécue dans la miséricorde
favorise la rencontre avec le judaïsme et l’islam et avec les
autres nobles traditions religieuses. Qu’elle nous rende plus
ouverts au dialogue afin de mieux nous connaître et nous comprendre.
Qu’elle chasse toute forme de fermeture et de mépris. Qu’elle
repousse toute forme de violence et de discrimination. Chaque hôpital
et chaque maison de soin peuvent être un signe visible et un lieu
pour promouvoir la culture de la rencontre et de la paix où
l’expérience de la maladie et de la souffrance, ainsi que l’aide
professionnelle et fraternelle, contribuent à dépasser toute limite
et toute division. En cela peuvent nous servir d’exemple les deux
religieuses canonisées au mois de mai dernier: Sainte Mariam
Alphonsine Danil Ghattas et sainte Marie de Jésus Crucifié
Baouardy, toutes les deux filles de la Terre Sainte. La première fut
un témoin de douceur et d’unité, offrant un témoignage clair de
l’importance extrême d’être responsables les uns des autres, de
vivre l’un au service de l’autre. La seconde, femme humble et
illettrée, fut docile à l’Esprit et devint un instrument de
rencontre avec le monde musulman.
Q
tous ceux qui sont au service des malades et des personnes qui
souffrent, je souhaite d’être animés par l’esprit de Marie,
Mère de la Miséricorde. Que la douceur de son regard nous
accompagne en cette Année sainte, afin que tous puissent redécouvrir
la joie de la tendresse de Dieu et la garder imprimée dans nos cœurs
et dans nos gestes. Confions à l’intercession de la Vierge les
angoisses et les tribulations, ainsi que les joies et les
consolations et adressons-lui notre prière afin qu’elle tourne
vers nous ses yeux miséricordieux, surtout dans les moments de
douleur, et qu’elle nous rende dignes de contempler aujourd’hui
et à jamais le Visage de la Miséricorde, son Fils Jésus".
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