Cité
du Vatican, 25 septembre (VIS). Le Saint-Père et sa suite sont
arrivés à New York à 17 h locales d'hier (23 h heure de Rome),
accueillis à leur descente d'avion par les autorités civiles et
religieuses locales. Un hélicoptère a transporté le Pape jusqu'à
Brooklyn. La papamobile a été utilisée enfin de l'héliport à la
cathédrale St.Patrick, où le Pape François a présidé les vêpres
célébrées avec les prêtres, les religieux et consacrés. Il a
introduit son homélie par un salut fraternel aux musulmans qui
fêtent l'Aïd al-Kebir, évoquant les nombreux fidèles victimes
hier d'une bousculade durant le pèlerinage à La Mecque. Puis, à
propos de la "magnifique cathédrale
construite grâce aux sacrifices de nombreux hommes et femmes",
il a dit qu'elle peut servir de symbole du travail de générations
de prêtres, religieux et laïcs ayant bâti l’Eglise aux
Etats-Unis: "Rien que dans le domaine de l’éducation, les
prêtres et les religieux ont joué un rôle central, en aidant les
parents à donner à leurs enfants l’aliment qui les nourrit pour
la vie! Beaucoup l’ont fait au prix d’un sacrifice extraordinaire
et avec une charité héroïque. Je pense par exemple à sainte
Elisabeth Anne Seton, qui a fondé la première école catholique
gratuite pour filles, ou à saint John Neumann, le fondateur du
premier système de l’éducation catholique aux Etats-Unis".
"Ce
soir, chers frères et sœurs, je suis venu me joindre à vous pour
prier afin que toutes nos vocations continuent de construire le grand
édifice du Royaume dans ce pays. Je sais que...vous avez beaucoup
souffert dans un passé récent, en prenant sur vous la honte de
certains de vos frères qui ont porté préjudice à l’Eglise et
l’ont scandalisée dans les plus vulnérables de ses membres…. Je
sais que vous venez d'une grande épreuve...et je vous accompagne en
ce moment de peine et de difficulté, remerciant Dieu du service
fidèle que vous offrez à son peuple. En espérant vous aider à
persévérer sur le chemin de la fidélité à Jésus-Christ, je
voudrais vous offrir deux brèves réflexions. La première concerne
l’esprit de gratitude. La joie des hommes et des femmes qui aiment
Dieu attire d’autres. Les prêtres et les religieux sont appelés à
trouver et à rayonner d’une satisfaction durable dans leur
vocation. La joie jaillit d’un cœur reconnaissant. En vérité,
nous avons beaucoup reçu, tant de grâces, tant de bénédictions,
et nous nous en réjouissons. Cela nous fera du bien de penser à nos
vies avec la grâce de la mémoire. Mémoire du moment où nous avons
reçu le premier appel, mémoire du chemin parcouru, mémoire des
grâces reçues... Il faut faire mémoire de l’émerveillement que
notre rencontre avec Jésus. Chercher la grâce de la mémoire de
manière à grandir dans l’esprit de gratitude. Peut-être
avons-nous besoin de nous demander si nous sommes bons pour compter
les bénédictions reçues? Un second
aspect est l’esprit du travail dévoué. Un cœur reconnaissant est
spontanément poussé à servir le Seigneur et à s’exprimer dans
une vie dévouée au travail. Une fois que nous avons réalisé tout
ce que Dieu nous a donné, une vie de sacrifice de soi, de travail
pour lui et pour les autres, devient une façon privilégiée de
répondre à son grand amour. Cependant, pour êtres honnêtes, nous
savons combien l’esprit du sacrifice de soi généreux peut
facilement s’atténuer. Cela peut arriver selon deux manifestations
de cette mondanité spirituelle qui affaiblit notre engagement à
servir, et qui diminue l’émerveillement de notre première
rencontre avec le Christ. Nous pouvons être pris à ce piège en
mesurant la valeur de nos labeurs apostoliques à l’aune de
l’efficacité, du bon management et du succès visible qui régit
le monde des affaires. Non pas que ces choses soient sans importance.
Nous avons été chargés d’une grande responsabilité, et le
peuple de Dieu attend de nous avec raison que nous en répondions.
Mais la vraie valeur de notre apostolat est mesurée par celle qu’il
a aux yeux de Dieu. Voir et évaluer les choses dans la perspective
de Dieu demandent une constante conversion durant les premiers jours
et les premières années de notre vocation et, exigent, je dirais,
une grande humilité. La croix nous montre une manière différente
de mesurer le succès. Il nous revient de semer: Dieu voit les fruits
de nos labeurs. Et si parfois nos efforts et notre travail semblent
échouer et ne pas porter fruit, nous devons nous souvenir que nous
sommes les disciples de Jésus dont la vie, humainement parlant,
s’est achevée dans l’échec, l’échec de la croix. Un autre
danger survient lorsque nous sommes jaloux de notre temps libre,
quand nous pensons que nous entourer du confort mondain nous aidera à
mieux servir. Le problème avec ce raisonnement, c’est qu’il peut
émousser l’appel de Dieu à la conversion, à le rencontrer.
Lentement mais sûrement, il diminue notre esprit de sacrifice, de
renoncement et de travail dévoué. Il éloigne aussi les personnes
qui souffrent de pauvreté matérielle et qui sont forcées de faire
de plus grands sacrifices que nous. Le repos est nécessaire, comme
le sont les moments de divertissement et de ressourcement personnel,
mais nous avons besoin d’apprendre à nous reposer d’une manière
qui approfondisse notre désir de servir avec générosité. La
proximité avec les pauvres, les réfugiés, les migrants, les
malades, les personnes exploitées, celles qui sont âgées et
seules, les prisonniers et tous les autres pauvres de Dieu, nous
enseignera une manière différente de nous reposer, une manière qui
est plus chrétienne et plus généreuse".
"La
gratitude et le travail dévoué sont les deux piliers de la vie
spirituelle que j’ai voulu partager avec vous ce soir. Je vous
remercie des prières et du travail, ainsi que des sacrifices
quotidiens que vous faites dans les divers domaines de votre
apostolat. Nombre de ces sacrifices sont connus de Dieu seul, mais
ils portent d’abondants fruits pour la vie de l’Eglise. Je
voudrais exprimer mon admiration et ma gratitude aux religieuses des
Etats-Unis. Que serait l’Eglise sans vous? Femmes fortes,
combatives, armées de cet esprit de courage qui vous place en
première ligne dans l’annonce de l’Evangile. A vous,
religieuses, sœurs et mères de ce peuple, j'exprime un grand
merci... Je vous apprécie beaucoup. Je sais que beaucoup d’entre
vous sont sur le front face à la nécessité de s’adapter à un
paysage pastoral en évolution. Quelles que soient les difficultés
et les épreuves que vous affrontez, je vous demande, à l’instar
de saint Pierre, de vous réjouir en elles, de ne pas perdre patience
et de répondre comme le Christ l’a fait, en remerciant le Père,
prenant sa croix et allant de l'avant".
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