Cité
du Vatican, 30 novembre 2015 (VIS). Ce matin à Bangui, le Pape a
célébré une grand messe au stade Barthélémy Boganda, des écrans
géants ayant été installés à l'extérieur pour la foule qui
n'avait pu entrer. Il a engagé son homélie en reprenant la phrase
de Paul, Comme il est beau de voir courir les messagers de la Bonne
Nouvelle: "C’est pour nous un appel à rendre grâce pour le
don de la foi que nous avons reçu de ces messagers qui nous l’ont
transmis. C’est aussi un appel à nous émerveiller devant l’œuvre
missionnaire qui a porté...la joie de l’Evangile sur cette terre
bien aimée. Il est bon, surtout lorsque les temps sont difficiles,
lorsque les épreuves et les souffrances ne manquent pas, lorsque
l’avenir est incertain et que l’on se sent fatigué, craignant de
ne plus y arriver, il est bon de se réunir autour du Seigneur, ainsi
que nous le faisons aujourd’hui, pour se réjouir de sa présence,
de la vie nouvelle et du salut qu’il nous propose, comme une autre
rive vers laquelle nous devons tendre. Cette autre rive c’est, bien
sûr, la vie éternelle, le ciel où nous sommes attendus. Ce regard
porté vers le monde à venir a toujours soutenu le courage des
chrétiens, des plus pauvres, des plus petits, dans leur pèlerinage
terrestre. Cette vie éternelle n’est pas une illusion, elle n’est
pas une fuite du monde. Elle est une puissante réalité qui nous
appelle et qui nous engage à la persévérance dans la foi et dans
l’amour. Mais l’autre rive, plus immédiate, que nous cherchons à
rejoindre, c'est le salut que procure la foi... Rendons grâce au
Seigneur pour sa présence et pour la force qu’il nous donne dans
le quotidien de nos vies lorsque nous sommes confrontés à la
souffrance physique ou morale...ou pour les actes de solidarité et
de générosité dont il nous rend capables, pour la joie et l’amour
qu’il fait briller dans nos familles, dans nos communautés,
malgré, parfois, le dénuement, la violence qui nous entoure ou la
crainte du lendemain, pour l’audace de créer des liens d’amitié,
de dialoguer avec celui qui ne nous ressemble pas, de pardonner à
celui qui nous a fait du mal, de nous engager dans la construction
d’une société plus juste et plus fraternelle où personne n’est
abandonné. En tout cela, le Christ ressuscité nous prend par la
main, et nous entraîne à sa suite. Et je veux rendre grâce avec
vous au Seigneur de miséricorde pour tout ce qu’il vous a donné
d’accomplir de beau, de généreux, de courageux, dans vos familles
et dans vos communautés, lors des événements que connaît votre
pays depuis plusieurs années".
Mais
"nous sommes comme au milieu du fleuve, et il nous faut décider
courageusement, dans un engagement missionnaire renouvelé, de passer
sur l’autre rive. Tout baptisé doit sans cesse rompre avec ce
qu’il y a encore en lui de l’homme ancien, de l’homme pécheur,
toujours prêt à se réveiller à la suggestion du démon et combien
il est agissant en notre monde et en ces temps de conflits, de haine
et de guerre, pour l’entraîner à l’égoïsme, au repli sur soi
et à la méfiance, à la violence et à l’instinct de destruction,
à la vengeance, à l’abandon et à l’exploitation des plus
faibles… Nous savons aussi combien nos communautés, appelées à
la sainteté, ont encore de chemin à parcourir. Certainement nous
avons tous à demander pardon au Seigneur pour trop de résistances
et de lenteur à rendre témoignage de l’Evangile. Puisse l’Année
jubilaire qui vient de commencer dans votre pays, en soit l’occasion.
Quant à vous, vous devez surtout regarder vers l’avenir, et, forts
du chemin déjà parcouru, décider résolument de franchir une
nouvelle étape dans l’histoire chrétienne de votre pays, vous
élancer vers de nouveaux horizons, avancer plus au large, en eau
profonde... Alors, chacun dans son cœur peut se poser la question si
importante de son lien personnel avec Jésus, examiner ce qu’il a
déjà accepté, ou encore refusé, pour répondre à son appel afin
de le suivre de plus près. Le cri des messagers retentit plus que
jamais à nos oreilles, alors même que les temps sont difficiles. Il
retentit par toute la terre, et jusqu’au bout du monde...et ici,
aujourd’hui, en cette terre de Centrafrique. Il retentit dans nos
cœurs, dans nos familles, dans nos paroisses, partout où nous
vivons, et il nous invite à la persévérance dans l’enthousiasme
de la mission, une mission qui a besoin de nouveaux messagers, encore
plus nombreux, encore plus donnés, encore plus joyeux, encore plus
saints. Et nous sommes tous appelés à être, chacun, ce messager
que notre frère, quelle que soit son ethnie, sa religion, sa
culture, attend, souvent sans le savoir. Comment, en effet, ce frère
croira-t-il au Christ, se demande Paul, si la Parole n’est ni
entendue ni proclamée? Nous aussi, à l’exemple de l’Apôtre,
nous devons être remplis d’espérance et d’enthousiasme pour
l’avenir. L’autre rive est à portée de main, et Jésus traverse
le fleuve avec nous. Il est ressuscité des morts. Dès lors les
épreuves et les souffrances que nous vivons sont toujours des
occasions qui ouvrent à un avenir nouveau si nous acceptons de nous
attacher à sa personne. Chrétiens de Centrafrique, chacun de vous
est appelé à être, par la persévérance de sa foi et par son
engagement missionnaire, artisan du renouveau humain et spirituel de
votre pays. Que la Vierge Marie, qui après avoir partagé les
souffrances de la passion partage maintenant la joie parfaite avec
son Fils, vous protège et vous encourage sur ce chemin".
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