Cité
du Vatican, 4 novembre 2015 (VIS). Voici des réflexions proposées
par le Directeur de la Salle de Presse à propos de la reprise du
débat médiatique sur les problèmes économiques du Saint-Père:
"La
publication imminente de deux livres ayant pour sujet les
institutions et les activités économico-financières du Saint-Siège
attise la curiosité et provoque une multiplication de commentaires.
Quelques observations sont nécessaires. D'abord, une bonne partie de
ce qui est publié résulte d'une fuite d'informations et de
documents confidentiels. Il s'agit donc d'une démarche illégale qui
doit être punie avec détermination par les autorités judiciaires
vaticanes. Mais ce n'est pas ce dont nous voulons parler aujourd'hui,
d'autant que l'argument est déjà l'objet d'une excessive attention.
Réfléchissons plutôt au contenu des fuites. On peut déjà dire
que pour la plupart d'entre elles, il s'agit d'informations déjà
connues, certes avec bien moins d'ampleur et de détails. La
documentation exposée est principalement liée à une collecte de
données mise en mouvement par le Saint- Père lui-même, en vue de
lancer une réflexion sur l'amélioration ou la réforme des
structures administratives de l'Etat du Vatican et du Saint-Siège. A
cet effet, la Commission d'études et de propositions relatives aux
structures économico-administratives avait été instituée par le
Pape en juillet 2013. Son mandat rempli, la COSEA a été dissoute en
février suivant. On ne peut parler d'informations obtenues contre la
volonté du Pape ou des chefs des différents organismes et
institutions, mais d'informations obtenues ou fournies avec la
collaboration de ces institutions, afin de contribuer aux réflexions
communes sur les réformes à projeter. Bien sûr, beaucoup
d'informations de cette nature doivent être étudiées, perçues et
interprétées avec prudence, équilibre et attention. D'autant que
des lectures différentes sont souvent possibles à partir des mêmes
données. Par exemple, la situation du Fonds des retraites, sur
lequel ont été exprimées des évaluations très différentes,
certains évoquant avec inquiétude un profond déficit, tandis que
d'autres fournissaient une lecture rassurante (communiqués officiels
publiés par la Salle de Presse du Saint-Siège).
Il
y a aussi le débat relatif aux objectifs et à l'utilisation des
biens du Saint-Siège. Bien qu'effectivement considérables, ils sont
destinés à soutenir les services gérés par le Saint-Siège ou les
institutions qui lui sont liées, à Rome comme de part le monde. La
propriété de ces biens est très variée, et tout le monde dispose
les outils permettant de connaître leur histoire et leur évolution.
Il est par exemple utile se s'informer sur les accords économiques
passés entre l'Italie et le Saint-Siège dans le cadre des Accords
du Latran, mais aussi sur les efforts déployés par Pie XI avec le
concours d'experts et collaborateurs remarquables, afin de disposer
d'une administration efficace, au point que la gestion du Vatican fut
reconnue comme un exemple de sagesse et de clairvoyante, y compris
sous l'aspect des investissements à l'étranger. En ce qui concerne
le Denier de saint Pierre, il est nécessaire de savoir qu'il est
employé de manières variables, en fonction des situations et des
priorités du Saint-Père, à qui les fidèles l'ont offert pour
soutenir son ministère. Les œuvres de charité du Pape en faveur
des pauvres sont certainement l'objectif essentiel. Mais les fidèles
n'entendent pas contester au Pape la liberté d'évaluer par lui même
les situations d'urgence ni la façon d'y répondre pour le bien de
l'Eglise universelle. Or cela comprend également outre la charité
du Pape, ses initiatives hors du diocèse de Rome, la diffusion de
son enseignement pour les fidèles des parties du monde les plus
pauvres, la Curie Romaine comme un instrument de son service, le
soutien aux 180 missions diplomatiques pontificales, l'assistance aux
Eglises locales dans le besoin, etc. L'histoire du Denier démontre
tout cela avec clarté.
Régulièrement
ces débats médiatiques refont surface, attisant curiosité ou
polémique. Il faudrait faire preuve de sérieux pour approfondir ces
situations délicates et les différents problèmes spécifiques.
Cela permettrait de distinguer ce qui va bien, et qui est beaucoup
plus courant que ce que disent les publications en cause: Des actions
et démarches parfaitement licites et justifiées, des actes
administratifs normaux, y compris le paiement des impôts dus. Il
faudrait distinguer cela des problèmes à corriger, des points
obscurs à dissiper, des véritables irrégularités ou illégalités
à éliminier. C'est précisément le travail délicat et complexe
entrepris à la demande du Pape avec la création de COSEA, dont les
recommandations sont précisément suivies: La réorganisation des
dicastères économiques, la création du poste de Réviseur général,
le bon fonctionnement des institutions chargées de la surveillance
des activités économiques et financières, etc. C'est là une
réalité objective et incontestable. La publication en vrac d'une
grande quantité d'informations de nature diverse, en grande partie
liée à une phase du travail aujourd'hui dépassée, fait
tendencieusement l'impasse sur l'évaluation objective des résultats
atteints. Pire elle crée l'impression du contraire et fait croire
que règne une confusion permanente, la non-transparence, voire même
la poursuite d'intérêts individuels ou incorrects. En outre, cela
ne rend pas justice au courage et à l'engagement avec lesquels le
Pape et ses collaborateurs ont fait face et continuent à relever le
défi que représente l'amélioration de l'utilisation des biens
temporels au service du spirituel. C'est pourtant ce qui devrait être
le plus apprécié et encouragé par un travail journalistique
correct, capable de répondre adéquatement aux attentes de l'opinion
et aux exigences de la vérité. L'objectif de la bonne
administration, de l'équité et de la transparence n'a pas changé.
Il progresse sans incertitudes et selon le voeu du Pape François. Il
ne manque pas de personnes au Vatican pour collaborer loyalement et
avec énergie".
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