Cité
du Vatican, 21 janvier 2016 (VIS). A l'occasion de l'ouverture hier à
Davos (Suisse) du Forum économique mondial 2016, le Saint-Père a
fait parvenir un message (30 décembre dernier) au Président
exécutif de ce grand rendez-vous économique annuel, M.Klaus
Schwab. Le thème choisi par la fondation World
Economic Forum est
Maîtriser la quatrième révolution
industrielle. Formant des vœux pour la fécondité d'une rencontre
qui cherche à encourager la responsabilité sociale et
environnementale à travers un dialogue constructif entre
gouvernements, représentants de la société civile, secteurs
politiques, financiers et culturels, le Pape écrit: "L’aurore
de la quatrième révolution industrielle a été accompagnée par le
sentiment croissant d’une inévitable et drastique réduction des
emplois. Les dernières études conduites par l’International
Labour Organization montrent
que le chômage touche des centaines de millions de personnes. La
financiarisation et la technologisation des économies, globales et
nationales, ont produit un profond changement dans le domaine du
travail. La diminution des possibilités d’avoir un emploi utile et
digne, associée à la réduction de la protection sociale, a
provoqué une augmentation inquiétante des inégalités et de la
pauvreté dans différents pays. Il y a clairement besoin de créer
de nouveaux modèles de faire des affaires qui, tout en promouvant le
développement des technologies avancées, soient aussi capables de
les utiliser pour créer du travail digne pour tous, pour maintenir
et renforcer les droits sociaux, et pour protéger l’environnement.
L’homme doit guider le développement technologique, sans se
laisser dominer par lui!".
"Je
lance une fois de plus un appel général: N’oubliez pas les
pauvres! C’est le premier défi qui se trouve devant vous en tant
que responsables du monde des affaires. Celui qui a les moyens d’une
vie décente, au lieu d’être préoccupé par les privilèges, doit
chercher à aider les plus pauvres à accéder eux aussi à des
conditions respectueuses de la dignité humaine, notamment à travers
le développement de leur potentiel humain, culturel, économique et
social. Nous ne devons jamais permettre que la culture du bien être
nous anesthésie, au point de nous rendre incapables d’éprouver de
la compassion devant le cri de souffrance de autres. Nous ne pleurons
plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous
intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité
étrangère qui n’est pas de notre ressort. Pleurer devant le drame
des autres ne veut pas dire seulement partager leurs souffrances,
mais aussi et surtout réaliser que nos propres actions sont cause
d’injustice et d’inégalité. « Ouvrons nos yeux pour voir les
misères du monde, les blessures de tant de frères et sœurs privés
de dignité, et sentons-nous appelés à entendre leur cri qui
appelle à l’aide. Que nos mains serrent leurs mains et les
attirent vers nous afin qu’ils sentent la chaleur de notre
présence, de l’amitié et de la fraternité. Que leur cri devienne
le nôtre et qu’ensemble, nous puissions briser la barrière
d’indifférence qui règne souvent en souveraine pour cacher
l’hypocrisie et l’égoïsme. Quand on réalise cela, on devient
plus pleinement humain, puisque la responsabilité envers nos frères
et sœurs est une part essentielle de notre commune humanité. N’ayez
pas peur d’ouvrir vos esprits et vos cœurs aux pauvres. De cette
manière, vous donnerez libre cours à vos talents économiques et
techniques, et découvrirez la joie d’une vie pleine, que le
consumérisme ne peut de lui-même apporter. Face aux profonds
changements actuels, les responsables mondiaux ont le défi de
garantir que la prochaine quatrième révolution industrielle, le
résultat des innovations robotiques, scientifiques et
technologiques, ne conduisent pas à la destruction de la personne
humaine pour être remplacée par une machine sans cœur, ou à la
transformation de notre planète en un jardin vide pour le plaisir de
quelques élus. Au contraire, nous avons une précieuse occasion de
guider et de gouverner le processus actuellement en cours, et de
construire des sociétés inclusives basées sur le respect de la
dignité humaine, la tolérance, la compassion et la miséricorde. Je
vous presse donc de reprendre votre conversation sur la manière de
construire l’avenir de la planète, notre maison commune, et je
vous demande de faire un effort uni pour rechercher un développement
durable et intégral".
"Comme
je l’ai souvent dit, et je le répète maintenant volontiers, les
affaires sont une noble vocation, orientée à produire de la
richesse et à améliorer le monde pour tous, surtout si on comprend
que la création de postes de travail est une partie incontournable
de son service du bien commun. Ainsi, elles ont une responsabilité
pour aider à surmonter la crise complexe de la société et de
l’environnement, et pour combattre la pauvreté. Cela permettra
d’améliorer les conditions de vie précaires de millions de gens
et comblera le fossé social qui provoque de nombreuses injustices et
ronge les valeurs fondamentales de la société, comme l’égalité,
la justice et la solidarité. De cette manière, par le moyen
privilégié du dialogue, le
World Economic Forum peut devenir
une plate-forme pour la défense et la protection de la création,
pour la réussite d’un progrès plus sain, plus humain, plus
social, plus intégral, dans le respect aussi des objectifs
environnementaux, et le besoin de maximiser les efforts pour
éradiquer la pauvreté, tel que cela a été défini dans l’Agenda
2030 pour le Développement Durable
et dans le Paris
Agreement under the United Nations Framework Convention on Climate
Change".
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