Cité
du Vatican, 18 janvier 2015 (VIS). Terminée sa rencontre avec le
monde étudiant, le Saint-Père a regagné la nonciature pour
déjeuner. Après quoi, vers 14 h 30' locales, il s'est rendu en
voiture découverte au Quirino Grandstand Rizal Park, un stade
construit en 1946 à l'occasion de l'indépendance des Philippines.
Il y a célébré une grand messe dominicale en présence d'une foule
immense, de un a trois millions de personnes selon les estimations.
En 1995, Jean-Paul II y avait célébré la messe conclusive de la X
Journée mondiale de la jeunesse. Voici le texte de l'homélie
préparée, que le Pape a préféré résumer ici encore en espagnol:
"C’est
une grande joie pour moi de célébrer le dimanche du Santo Niño
avec vous. L’image de l'Enfant Jésus a accompagné la diffusion de
l’Evangile dans ce pays depuis l’origine. Vêtu comme un roi,
couronné, et tenant en main le sceptre, le globe et la croix, il
continue à nous rappeler le lien entre le Royaume de Dieu et le
mystère de l’enfance spirituelle. Il nous le dit dans l’Evangile
de ce jour: Quiconque n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un
petit enfant n’y entrera pas. Le Santo Niño continue à nous
proclamer que la lumière de la grâce de Dieu a brillé sur un monde
de ténèbres, apportant la Bonne Nouvelle de notre libération de
l’esclavage, et en nous guidant sur les sentiers de la paix, du
droit et de la justice. Il nous rappelle aussi que nous avons été
appelés à répandre le Royaume partout dans le monde. Tout au long
de ma visite, j'ai entendu chanter: Nous sommes tous enfants de Dieu.
C’est justement ce que le Santo Niño nous dit. Il nous rappelle
notre identité la plus profonde. Nous sommes tous enfants de Dieu,
membres de la famille de Dieu. Aujourd’hui saint Paul nous a dit
que, dans le Christ, nous sommes devenus enfants adoptifs de Dieu,
frères et sœurs dans le Christ. Voilà qui nous sommes. C’est
notre identité. Nous en avons vu une belle expression quand les
Philippins se sont mobilisés autour de nos frères et sœurs touchés
par le typhon.
L’Apôtre
nous dit que, parce que Dieu nous a choisis, nous avons été
abondamment bénis, par toutes sortes de bénédictions spirituelles,
aux cieux, dans le Christ. Ces paroles ont un écho particulier aux
Philippines, parce que c’est le principal pays catholique de
l'Asie. Ce don de Dieu particulier, cette bénédiction, est aussi
une vocation. Les Philippins sont appelés à être de vaillants
missionnaires de la foi en Asie. Dieu nous a choisis et bénis dans
le but d'être saints et irréprochables à ses yeux. Il nous a
choisis, chacun de nous, pour être témoins de sa vérité et de sa
justice dans ce monde. Il a créé le monde comme un beau jardin et
nous a demandé d’en prendre soin. Mais, par le péché, l’homme
a défiguré la beauté de la nature. Par le péché, l’homme a
aussi détruit l’unité et la beauté de notre famille humaine, en
créant des structures sociales qui entretiennent la pauvreté,
l’ignorance, et la corruption. Parfois, quand nous voyons les
troubles, les difficultés, et les injustices tout autour de nous,
nous sommes tentés d’abandonner. Il semble que les promesses de
l’Evangile ne s’appliquent pas, qu'elles sont irréelles. Mais la
Bible nous dit que la grande menace...a toujours été, le mensonge.
Le Démon est le père du mensonge. Il cache souvent ses pièges
derrière les apparences de la sophistication, l’attrait d’être
moderne ou comme tout le monde. Il nous distrait par l’illusion des
plaisirs éphémères, des passe-temps superficiels. Et alors nous
gaspillons les dons de Dieu en employant des gadgets. Nous gaspillons
notre argent dans le jeu et la boisson auxquels nous nous abandons.
Nous oublions de rester fixés sur les choses qui comptent vraiment.
Nous oublions de rester, intérieurement, enfants de Dieu. Comme le
Seigneur nous le dit, pour ces enfants la sagesse n’est pas la
sagesse du monde. Voilà pourquoi le message du Santo Niño est si
important. Il parle profondément à chacun d’entre nous. Il nous
rappelle notre identité la plus profonde, ce à quoi nous sommes
appelés à être, en tant que la famille de Dieu. Le Santo Niño
nous rappelle aussi que cette identité doit être protégée. Le
Christ Enfant est le protecteur de ce grand pays. Quand il est venu
dans le monde, sa vie a été menacée par un roi corrompu. Jésus
lui-même a eu besoin d’être protégé. Il a eu un protecteur
terrestre, saint Joseph. Il a eu une famille terrestre, la Sainte
Famille de Nazareth. Alors il nous rappelle l’importance de
protéger nos familles, et ces plus grandes familles que sont
l’Eglise, la famille de Dieu, et le monde, notre famille humaine.
Malheureusement, de nos jours, la famille a grand besoin d’être
protégée contre les attaques insidieuses et les programmes
contraires à tout ce que nous tenons pour vrai et sacré, tout ce
qu’il y a de plus beau et de plus noble dans notre culture".
"Dans
l’Evangile, Jésus accueille les enfants, il les embrasse et les
bénis. Nous devons, nous aussi, protéger, guider et encourager
notre jeunesse, en l’aidant à construire une société digne de
son grand héritage spirituel et culturel. En particulier, nous
devons regarder chaque enfant comme un don devant être accueilli,
chéri et protégé. Et nous devons prendre soin de notre jeunesse,
en ne permettant pas que lui soit volée l’espérance, et qu’elle
soit condamnée à vivre dans la rue. Celui qui a apporté la bonté
de Dieu, la miséricorde et la justice dans le monde, était un
enfant fragile, qui avait besoin de protection. Il a affronté la
malhonnêteté et la corruption qui sont l’héritage du péché, et
il en a triomphé par la puissance de sa croix. Maintenant, à la fin
de ma visite aux Philippines, je vous recommande à lui, à Jésus
qui est venu parmi nous comme un enfant. Puisse-t-il permettre à
tous les philippins de travailler ensemble, en se protégeant les uns
les autres, en commençant par les familles et les communautés, en
construisant un monde de justice, d’intégrité et de paix. Puisse
le Santo Niño continuer à bénir les Philippines et à soutenir les
chrétiens de ce grand pays dans leur vocation à être témoins et
missionnaires de la joie de l’Evangile, en Asie et partout dans le
monde".
Conclue
la cérémonie, le dernier rendez-vous public aux Philippines, le
Cardinal Archevêque de Manille a remercié le Pape François de sa
visite. Après avoir salué la foule en voiture panoramique, ce
dernier est retourné à la nonciature.
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