Cité
du Vatican, 1 janvier 2015 (VIS). En la solennité de Marie, Mère de
Dieu, le Pape a célébré la traditionnelle messe pour la paix en la
Basilique vaticane. Voici l'homélie prononcée pour cette XLVIII
Journée mondiale de la paix:
"Les
paroles par lesquelles Elisabeth prononça sa bénédiction sur la
Vierge Marie nous reviennent aujourd’hui à l’esprit: Tu es bénie
entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à
moi? Cette bénédiction est en continuité avec la bénédiction
sacerdotale que Dieu avait suggérée à Moïse pour qu’il la
transmette à Aaron et à tout le peuple: Que le Seigneur te bénisse
et te garde! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il
te prenne en grâce! Que le Seigneur tourne vers toi son visage,
qu’il t’apporte la paix! En célébrant la solennité de la
Sainte Mère de Dieu, l’Eglise rappelle que Marie est la première
destinataire de cette bénédiction. En Elle, celle-ci trouve son
accomplissement car aucune créature n’a vu briller sur elle le
visage de Dieu comme Marie, qui a donné un visage humain au Verbe
éternel, de sorte que tous puissent le contempler. Outre la
contemplation de Dieu, nous pouvons aussi le louer et le glorifier
comme les bergers, qui sont repartis de Bethléem avec un chant
d’action de grâces après avoir vu l’Enfant et sa jeune maman.
Ils étaient ensemble, comme ils ont été ensemble au Calvaire,
parce que le Christ et sa Mère sont inséparables. Il existe a entre
eux une relation très étroite, comme entre tout fils et sa mère.
La chair du Christ, le pivot de notre salut selon Tertullien, a été
tissée dans le sein de Marie. Cette inséparabilité est signifiée
aussi par le fait que Marie, choisie pour être la Mère du
Rédempteur, en a partagé intimement toute la mission en restant
auprès de son fils, jusqu’à la fin, sur le calvaire. Marie est
ainsi unie à Jésus parce qu’elle a reçu de lui la connaissance
du cœur, la connaissance de la foi, nourrie de l’expérience
maternelle et du lien intime avec son Fils. La Vierge sainte est la
femme de foi, qui a fait place à Dieu dans son cœur, dans ses
projets. Elle est la croyante capable de recevoir dans le don du Fils
l’avènement de cette plénitude des temps dans laquelle Dieu, en
choisissant l’humble voie de l’existence humaine, est entré
personnellement dans le sillon de l’histoire du salut. C’est
pourquoi on ne peut pas comprendre Jésus sans sa Mère.
De
même, le Christ et l’Eglise sont inséparables, parce que l’Eglise
et Marie vont toujours ensemble et cela est justement le mystère de
la femme dans la communauté ecclésiale, et on ne peut pas
comprendre le salut opéré par Jésus sans prendre en compte la
maternité de l’Eglise. Séparer Jésus de l’Eglise serait
vouloir introduire une dichotomie absurde, comme l’a écrit Paul
VI. Il n’est pas possible d’aimer le Christ mais sans l’Eglise,
écouter le Christ mais non l’Eglise, être au Christ mais en
dehors de l’Eglise. C’est en effet l’Eglise, la grande famille
de Dieu, qui nous apporte le Christ. Notre foi n’est pas une
doctrine abstraite ni une philosophie, mais elle est la relation
vitale et pleine avec une personne: Jésus-Christ, le Fils unique de
Dieu fait homme, mort et ressuscité pour nous sauver, et vivant au
milieu de nous. Où pouvons-nous le rencontrer? Nous le rencontrons
dans l’Eglise, dans notre sainte Mère l’Eglise hiérarchique.
C’est l’Eglise qui dit aujourd’hui Voici l’agneau de Dieu.
C’est l’Eglise qui l’annonce et c’est en elle que Jésus
continue à accomplir ses gestes de grâce que sont les sacrements.
Cette action et mission de l’Eglise exprime sa maternité. Elle est
en effet comme une mère qui garde Jésus avec tendresse et le donne
à tous avec joie et générosité. Aucune manifestation du Christ,
pas même la plus mystique, ne peut jamais être séparée de la
chair et du sang de l’Eglise, du réalisme historique du Corps du
Christ. Sans l’Eglise, Jésus-Christ finit par se réduire à une
idée, à une morale, à un sentiment. Sans l’Église, notre
rapport avec le Christ serait à la merci de notre imagination, de
nos interprétations, de nos humeurs. Le Christ est la bénédiction
pour tout homme et pour l’humanité entière. L’Eglise, en nous
donnant Jésus, nous offre la plénitude de la bénédiction du
Seigneur. C’est précisément cela la mission du peuple de Dieu,
d'irradier sur tous les peuples la bénédiction de Dieu incarnée en
Jésus. Et Marie, la première et parfaite disciple de Jésus, la
première et parfaite croyante, modèle de l’Eglise en chemin, est
celle qui ouvre cette route de maternité de l’Eglise et en
soutient toujours la mission maternelle adressée à tous les hommes.
Son témoignage discret et maternel marche avec l’Eglise depuis les
origines. Elle, la Mère de Dieu, elle est aussi la Mère de l’Eglise
et, par l’Eglise, elle est la Mère de tous les hommes et de tous
les peuples. Que cette Mère douce et prévenante nous obtienne la
bénédiction du Seigneur pour toute la famille humaine. Spécialement
aujourd’hui, Journée Mondiale de la paix, demandons son
intercession pour que le Seigneur donne la paix à notre temps, la
paix dans les cœurs, la paix dans les familles comme entre les
peuples.
Cette
année, le message pour la Journée de la paix, Non plus esclaves,
mais frères, nous appelle tous appelés à être libres, tous à
être fils et, chacun selon ses responsabilités, à lutter contre
les formes modernes d’esclavage. Venant de tout peuple, culture et
religion, unissons nos forces. Que celui qui pour nous rendre tous
frères s’est fait notre serviteur, nous guide et nous soutienne.
Tournons-nous vers Marie, contemplons la Mère de Dieu. Et saluons-la
ensemble, comme l’a fait ce courageux peuple d’Ephèse, qui
criait devant ses pasteurs quand ils entraient dans l’église,
disant: Sainte Mère de Dieu! Quel beau salut pour notre mère… Une
histoire dit, je ne sais pas si elle est vraie, que certains, parmi
ces gens, avaient des bâtons en main, peut-être pour faire
comprendre aux évêques ce qui leur serait arrivé s’ils n’avaient
pas eu le courage de proclamer Marie Mère de Dieu. Je vous invite
tous, sans bâtons, à vous lever et à la saluer par trois fois,
debout, avec ce salut de la primitive Eglise: Sainte Mère de Dieu!".
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