Cité
du Vatican, 8 février 2015 (VIS). Hier après-midi, le Pape François
a envoyé un message-vidéo aux 500 représentants nationaux et
internationaux réunis à Milan (Italie), siège de l'Expo 2015, pour
évoquer le thème de la manifestation (Vers la charte de Milan): Il
y rappelle d'abord son intervention du mois de novembre 2014 à la
Conférence sur la nutrition organisée par la FAO à Rome, où il
affirme que "l'intérêt pour la production, la disponibilité
de nourriture et leur accès, le changement climatique, le commerce
agricole, doivent indubitablement inspirer les règles et les mesures
techniques, mais la première préoccupation doit être la personne
elle-même, ceux qui manquent de nourriture quotidienne et qui ont
cessé de penser à la vie, aux relations familiales et sociales et
qui luttent uniquement pour survivre. Aujourd'hui, en effet, malgré
la multiplication des organisations et les différentes interventions
de la communauté internationale sur la nutrition, nous vivons ce que
Jean-Paul II appelait le paradoxe de l'abondance. En effet, il y a de
la nourriture pour tous, mais tous ne peuvent pas manger, alors que
le gaspillage, la consommation excessive et l'utilisation d'aliments
à d'autres fins sont sous nos yeux. Le voilà le paradoxe!
Malheureusement, ce paradoxe continue d'être. Peu de thèmes font
autant ressortir de sophismes que celui de la faim et peu de sujets
sont aussi susceptibles d'être manipulés par les données, les
statistiques, les exigences de sécurité nationale, la corruption ou
le rappel douloureux à la crise économique. Pour dépenser la
tentation des sophismes, "ce nominalisme de la pensée qui va
au-delà, loin, loin, mais qui ne touche jamais la réalité",
le Saint-Père a proposé trois attitudes: Passer des urgences aux
priorités, être des témoins de la charité et être des
protecteurs et non des maîtres de la terre".
"Ayez
un regard et un cœur orientés non vers un pragmatisme d'urgence qui
se révèle comme une proposition qui reste provisoire, mais vers une
orientation décidée pour la résolution des causes structurelles de
la pauvreté. Rappelons-nous que la racine de tous les maux est
l'iniquité", a dit le Pape, citant de nouveau son exhortation
apostolique Evangelii Gaudium: Non à une économie de l'exclusion et
de l'iniquité. Une telle économie tue. Il n'est pas possible que le
fait qu'une personne âgée réduite à vivre dans la rue meure de
froid, ne soit pas une nouvelle tandis que la baisse de deux points
en bourse en soit une... Attention! Nous ne sommes pas seulement ici
face à la logique de l'exploitation, mais à celle du déchet. En
effet, les exclus ne sont pas seulement exclus ou exploités, mais
des déchets, des restes... Si nous voulons vraiment résoudre les
problèmes et ne pas nous perdre dans des sophismes, il faut
éradiquer les maux à leur racine qui est l’iniquité. Il faut
pour cela faire quelques choix en priorité: renoncer à l'autonomie
absolue des marchés et de la spéculation financière et agir
surtout sur les causes structurelles de l'iniquité... Si dénigrée,
la politique a une très haute vocation, une des formes les plus
précieuses de la charité parce qu'elle cherche le bien commun...
D'où doit donc partir une politique économique saine?... Quels sont
les piliers de qui est appelé à administrer la chose publique? La
réponse est précise, la dignité de la personne humaine et le bien
commun. Malheureusement, ces deux piliers qui devraient structurer la
politique économique, semblent souvent des appendices ajoutés pour
compléter un discours politique sans perspective ni programme de
vrai développement intégral. S'il vous plaît, soyez courageux et
n'ayez pas peur de vous interroger dans les projets politiques et
économiques sur un sens plus large de la vie parce que cela vous
aide à servir vraiment le bien commun et vous donnera la force pour
multiplier et rendre plus accessibles à tous les biens de ce monde".
Sur
le troisième point, le Pape a cité une phrase entendue d'un vieux
paysan, il y a de nombreuses années: Dieu pardonne toujours, les
hommes pardonnent parfois, la terre ne pardonne jamais. Il a
encouragé à protéger "la terre mère, afin qu'elle ne réponde
pas par la destruction... Face aux biens de la terre nous sommes
appelés à ne pas perdre de vue ni l'origine, ni la finalité de
tels biens, de façon à réaliser un monde équitable et solidaire,
dit la doctrine sociale de l'Eglise. La terre nous a été confiée
pour qu'elle puisse être pour nous une mère capable de donner ce
qui est nécessaire à chacun pour vivre... La terre n'est pas un
héritage que nous avons reçu de nos parents, mais un prêt que nos
enfants nous font pour que nous la protégions et la fassions
fructifier et la leur remettre... Cette attitude protectrice n'est
pas un engagement exclusif des chrétiens, elle concerne tout le
monde. Je vous confie ce que j'ai dit au cours de la messe de début
de mon ministère comme évêque de Rome: Je voudrais demander, s'il
vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité
dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes
et à toutes les femmes de bonne volonté d'être des gardiens de la
création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de
l'autre, de l'environnement. Ne permettons pas que des signes de
destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde! Mais
pour garder nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes... Nous ne
devons pas avoir peur de la bonté, et même de la tendresse.
Protégeons la terre non seulement avec bonté mais aussi avec
tendresse".
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