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lundi 9 mars 2015

Pour le soixantième anniversaire de Communion et Libération


Cité du Vatican, 7 mars 2015 (VIS). Plus de soixante mille membres du mouvement Communion et Libération ont participé ce matin Place St.Pierre à une rencontre avec le Pape François, et ce à l'occasion du soixantième anniversaire de la création du mouvement et du dixième anniversaire de la mort de son fondateur. C.L. est né en 1954 à l'initiative de Mgr.Luigi Giussani (1922-2005) à partir de son expérience vécue dans un lycée de Milan. Ce projet de présence chrétienne au sein de la jeunesse étudiante prend le nom de Communion et Libération en 1969, qui résume sa conviction de ce que la manifestation chrétienne vécue en communion est le fondement de l'authentique libération humaine. Après le discours de l'Abbé Julián Carrón, Président de la fraternité, le Saint-Père a remercié les personnes présentes de leurs gestes d'affection et a précisé les raisons pour lesquelles il remerciait Don Giussani: "La première, plus personnelle, est le bien qu'a fait cet homme pour moi et pour ma vie sacerdotale, à travers la lecture de ses livres et articles. L'autre raison est que sa pensée est profondément humaine et touche jusqu'au plus intime du désir de l'homme. Vous savez combien était importante pour Don Giussani l'expérience de la rencontre, une rencontre non avec une idée mais avec une Personne, avec Jésus-Christ. C'est ainsi qu'il a éduqué à la liberté, guidant la rencontre avec le Christ, parce que le Christ nous donne la vraie liberté".

Tout dans notre vie commence par une rencontre, a ensuite affirmé le Saint-Père: "Pensons à l'Evangile lorsque Jean raconte la première rencontre des disciples avec Jésus. André, Jean, Simon se sentent regardés au plus profond d'eux-mêmes, connus intimement, et cela provoque chez eux une réaction de surprise, une stupeur qui, immédiatement, les lie à lui... Ce fut une découverte décisive pour Paul, pour Augustin, et tant d'autres saints: Jésus-Christ est toujours le premier, il nous précède, il nous attend...lorsque nous arrivons, il nous attend déjà. Il est comme la fleur de l'amandier, la première à fleurir et qui annonce le printemps". Mais cette dynamique de la rencontre qui provoque la stupeur et l'adhésion ne peut se comprendre sans la miséricorde parce que "seul celui qui est caressé par la tendresse de la miséricorde de Jésus Christ, connaît vraiment le Seigneur" et "le lieu privilégié de la rencontre est la caresse de la miséricorde de Jésus Christ vers mon péché. C'est pourquoi, vous m'avez parfois entendu dire que la place, le lieu privilégié de la rencontre avec Jésus-Christ est mon péché. C'est grâce à cette miséricorde reçue que vient la volonté de répondre et de changer, et que peut naître une vie différente. La morale chrétienne n'est pas un effort titanique, volontaire, de celui qui décide d'être cohérent et y réussit, une sorte de défi solitaire face au monde. Non...La morale chrétienne est une réponse, une réponse émue face à une surprenante miséricorde, imprévisible, même injuste selon les critères humains, de quelqu'un qui me connaît, connaît mes trahisons et m'aime quand même...m'appelle de nouveau, espère en moi. La morale chrétienne, ce n'est pas de ne jamais tomber, mais de toujours se relever, grâce à la main qui nous est tendue. C'est aussi cela la route de l'Eglise, laisser la grande miséricorde de Dieu se manifester...ne condamner personne éternellement, répandre la miséricorde de Dieu sur toutes les personnes qui la demandent d'un cœur sincère. La route de l'Eglise c'est justement de sortir de son enceinte pour aller chercher ceux qui sont loin dans les périphéries essentielles de l'existence, celle d'adopter intégralement la logique de Dieu... L'Eglise doit sentir l'impulsion joyeuse de se transformer en fleur d'amandier, comme Jésus, pour toute l'humanité". Rappelant l'anniversaire de Communion et Libération, le Pape a souligné qu'après soixante ans, le charisme originel n'avait pas perdu de sa fraîcheur et de sa vitalité. "Mais rappelez-vous que le centre n'est pas charisme, le centre est un seul, c'est Jésus! Quand je mets au centre ma méthode spirituelle, mon chemin spirituel, ma façon de l'effectuer, je sors de la route. Toute la spiritualité, tous les charismes dans l'Eglise doivent être décentrés. Au centre, il y a seulement le Seigneur".


Ensuite, a poursuivi le Pape François, "le charisme ne se conserve pas dans une bouteille d'eau distillée! Etre fidèle à son charisme ne veut pas dire le pétrifier...ça ne signifie pas l'écrire sur un parchemin et l'encadrer. La référence à l'héritage que vous a laissé Don Giussani ne peut se réduire à un musée de souvenirs, de décisions prises, de normes de conduites. Cela comporte certainement une fidélité à la tradition, c'est-à-dire "maintenir le feu vivant et ne pas adorer les cendres". "Don Giussani ne vous pardonnerait pas si vous perdiez la liberté et vous transformiez en guides de musée ou adorateurs de cendres. Entretenez le feu de la mémoire de cette première rencontre et soyez libres! Ainsi, centrés sur le Christ et sur l'Evangile, vous pouvez avoir les bras, les mains, les pieds, l'esprit et le cœur d'une Eglise en sortie. Le chemin de l'Eglise, c'est de sortir pour aller chercher les personnes éloignées dans les périphéries, servir Jésus en toute personne mise à l'écart, abandonnée, sans foi, déçue de l'Eglise, prisonnière de son propre égoïsme. Sortir cela signifie aussi repousser l’auto-référencement sous toutes ses formes. Cela signifie savoir écouter qui n'est pas comme nous, apprendre de tous, avec une sincère humilité. Quand nous sommes esclaves de l'auto-référencement, nous finissons par cultiver une spiritualité d'étiquette. Moi je suis C.L. C'est ça l'étiquette. Nous tombons dans les mille pièges que nous offre la complaisance auto-référentielle, ce regard dans le miroir qui nous mène à l'égarement et qui nous transforme en purs entrepreneurs d'une ONG". Le Pape a conclu son discours par deux citations de Don Giussani, une de ses premiers écrits, dans laquelle il affirmait que le christianisme ne se réalise pas dans l'histoire comme la fixation de positions à défendre, et l'autre dans une lettre à Jean-Paul II de 2004, à l'occasion du cinquantième anniversaire de C.L. où il dit: Non seulement je n'ai jamais eu la prétention de fonder quoi que ce soit, mais je crois que le génie du mouvement que j'ai vu naître est d'avoir senti l'urgence de proclamer le besoin de revenir aux aspects élémentaires du christianisme, c'est-à-dire la passion du fait chrétien comme tel dans ses éléments originaux et rien de plus.

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