Cité
du Vatican, 11 juillet 2015 (VIS). Hier, après sa visite au
pénitencier de Palmasola, le Saint-Père a rencontré l'Episcopat
bolivien pendant une heure de dialogue informel. Puis il a gagné
l'aéroport de Santa Cruz de la Sierra en voiture panoramique. Après
deux heures de vol, l'avion papal a atterri à 15 h locales à
Asunción, la capitale du Paraguay. Accueilli par le Président
Horacio Manuel Cartes Jara, il a assisté à un bref spectacle
exprimant la culture et l'histoire du pays, puis béni la plaque
commémorative de la visite de Jean-Paul II en mai 1988. Après quoi,
il a rejoint par la route la capitale, faisant une brève halte
devant la prison pour femmes du Bon Pasteur. Les détenues ont chanté
"Cinquante voix d'espérance" en son honneur. Arrivé en
ville, le Pape a gagné la nonciature apostolique avant de se rendre
en voiture panoramique au palais présidentiel, où il a prononcé un
discours devant les corps constitués du pays et le corps
diplomatique:
"Un
merci spécial à toutes les personnes et
institutions qui ont collaboré avec zèle et dévouement à la
préparation de ce voyage en sorte que je me sente à la maison. Il
n'est pas difficile de se sentir à la maison en cette terre si
accueillante. Le Paraguay est connu comme le cœur de l'Amérique, et
non seulement en raison de sa position géographique, mais aussi pour
sa chaleureuse hospitalité et la proximité de ses gens. Dès ses
premiers pas comme nation indépendante, et jusqu'à des époques
très récentes, l'histoire du Paraguay a connu la terrible
souffrance de la guerre, de l'affrontement fratricide, du manque de
liberté et de violation des droits de l'homme. Que de douleur et de
mort! Mais la persévérance et la capacité du peuple paraguayen à
se surpasser pour se refaire face à tant d'adversité et pour
continuer à s'efforcer de construire une Nation prospère et en une
paix, sont admirables. Dans le jardin de ce palais témoin de
l'histoire paraguayenne, du temps où ce n'était qu'une rive
fréquentée par les guaranis jusqu'aux derniers événements
contemporains je veux rendre hommage à ces milliers de paraguayens
simples, dont les noms n'apparaîtront pas dans les livres
d'histoire, mais qui ont été et continueront d’être de
véritables protagonistes de la vie de votre peuple. Et je voudrais
reconnaître avec émotion et admiration le rôle joué par la femme
paraguayenne en ces moments dramatiques de l'histoire. Sur leurs
épaules de mères, d'épouses et de veuves, elles ont porté la plus
grande charge, ont su faire avancer leurs familles et leur pays, en
insufflant aux nouvelles générations l'espérance d’un lendemain
meilleur. Un peuple qui oublie son passé, son histoire, ses racines,
n'a pas d'avenir. La mémoire, reposant fermement sur la justice,
éloignée de sentiments de vengeance et de haine, transforme le
passé en source d'inspiration pour construire un avenir de
convivialité et d'harmonie, en nous rendant conscients de la
tragédie et l’absurdité de la guerre. Plus jamais de guerres
entre frères. Construisons toujours la paix. Egalement une paix de
tous les jours, une paix de la vie quotidienne, à laquelle nous
participons tous en évitant des gestes arrogants, des paroles
blessantes, des attitudes hautaines, et en promouvant en revanche la
compréhension, le dialogue et la collaboration".
"Depuis
quelques années, le Paraguay s’est engagé dans la construction
d'un projet démocratique solide et stable. Il est juste de
reconnaître avec satisfaction la grande avancée sur ce chemin grâce
à l'effort de tous, même au milieu de grandes difficultés et
incertitudes. Je vous encourage à continuer de travailler de toutes
vos forces pour consolider les structures et les institutions
démocratiques qui donnent une réponse aux justes aspirations des
citoyens. La forme de gouvernement adoptée dans votre constitution:
Une démocratie représentative, participative et pluraliste fondée
sur la promotion et le respect des droits de l'homme, nous éloigne
de la tentation de la démocratie formelle que le Document
d'Aparecida définissait comme celle qui se contentait d’être
fondée sur la transparence des processus électoraux. Dans
tous les divers secteurs de la société, mais spécialement dans
l'activité publique, le dialogue doit être renforcé comme moyen
privilégié pour favoriser le bien commun, sur la base d’une
culture de la rencontre, du respect et de la reconnaissance des
différences légitimes et des opinions des autres. Il ne faut pas
s'arrêter sur ce qui est conflictuel, c'est un exercice intéressant
que de décanter dans l'amour de la patrie et du peuple, toute
perspective qui naît des convictions d'une option partisane ou
idéologique. Et ce même amour doit servir de ressort pour
s’améliorer chaque jour davantage dans des gestions transparentes,
qui militent avec acharnement contre la corruption".
"Chers
amis, dans la volonté de servir et de travailler pour le bien
commun, les pauvres et ceux qui sont le plus dans le besoin doivent
occuper une place prioritaire. Beaucoup d'efforts sont faits pour que
le Paraguay progresse sur la voie de la croissance économique. Des
pas importants ont été accomplis dans le domaine de l'éducation et
de la santé. Que ne s’arrête pas l'effort de tous les acteurs
sociaux, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'enfants sans accès à
l'éducation, de familles sans foyer, d’ouvriers sans un travail
digne, de paysans sans des terres à cultiver et tant de personnes
obligées à émigrer vers un avenir incertain. Qu’il n’y ait
plus de victimes de la violence, de la corruption ou du trafic de
stupéfiants. Un développement économique qui ne tient pas compte
des plus faibles et des défavorisés, n'est pas un vrai
développement. La mesure du modèle économique doit être la
dignité intégrale de l’être humain, spécialement du plus
vulnérable et de celui qui est sans défense. Au nom aussi de mes
frères évêques du Paraguay, je désire vous assurer de
l'engagement et de la collaboration de l'Eglise catholique dans
l’effort commun pour construire une société juste et inclusive,
dans laquelle l’on puisse vivre ensemble dans la paix et dans
l’harmonie. Car, tous, y compris les pasteurs de l'Eglise, nous
sommes appelés à nous préoccuper de la construction d’un monde
meilleur. La certitude de notre foi en un Dieu, qui a voulu se faire
homme et, vivant parmi nous, a voulu partager notre sort, nous y
pousse. Le Christ nous ouvre le chemin de la miséricorde qui, fondée
sur la justice, va plus loin et éclaire la charité, pour que
personne ne demeure marginalisé dans cette grande famille qu’est
le Paraguay, que vous aimez et que vous voulez servir. Avec l’immense
joie de me trouver sur cette terre consacrée à la Vierge de
Caacupé, j'implore la bénédiction du Seigneur sur vous tous, sur
vos familles et surtout sur le cher peuple paraguayen. Que le
Paraguay soit fertile, comme l'indique la fleur du passiflore dans le
manteau de la Vierge".
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