Cité
du Vatican, 11 juillet 2015 (VIS). La dernière journée du Pape
François a débuté hier par sa visite au pénitencier de Palmasola,
où vivent des détenus de toute catégorie, âge et sexe, des
assassins aux coupables de larcins. Dans la section visitée sont
enfermés 2.800 hommes qui reçoivent chaque jour environ 1.500
visites de parents. La police pénitentiaire gère et contrôle
l'enceinte de cette structure pratiquement auto-gérée par les
détenus. En présence du Directeur, de l'Aumônier et du Responsable
de la pastorale pénitentiaire de la Conférence épiscopale, il a
prononcé le discours suivant:
"Je
ne pouvais pas quitter la Bolivie sans venir vous rencontrer, sans
partager la foi et l’espérance qui naissent de l’amour offert
sur la croix. Merci de m’avoir accueilli. Je sais que vous vous
êtes préparés et que vous avez prié pour moi. Je vous remercie
beaucoup. Dans...les témoignages de ceux qui sont
intervenus, j’ai pu constater combien la douleur n’est pas en
mesure d’éteindre l’espérance au plus profond du cœur, et que
la vie continue à germer avec force dans des circonstances adverses.
Qui est devant vous? Vous pourriez vous le
demander. J’aimerais répondre à la question avec une certitude de
ma vie, avec une certitude qui m’a marqué pour toujours. Celui qui
est devant vous est un homme pardonné. Un homme qui a été et qui
est sauvé de ses nombreux péchés. Et c’est ainsi que je me
présente. Je n’ai pas grand chose de plus à vous donner ou à
vous offrir, mais ce que j’ai et ce que j’aime, oui, je veux vous
le donner, oui, je veux partager avec vous Jésus-Christ, la
miséricorde du Père. Il est venu nous montrer, rendre visible
l’amour que Dieu a pour nous. Pour vous, pour moi. Un amour actif,
réel. Un amour qui a pris au sérieux la réalité des siens. Un
amour qui guérit, pardonne, relève, soigne. Un amour qui s’approche
et restitue la dignité. Une dignité que nous pouvons perdre de
multiples façons et formes. Mais Jésus est un obstiné. Il a donné
sa vie pour cela, pour nous restituer l’identité perdue... Pierre
et Paul, disciples de Jésus, ont aussi été prisonniers. Ils ont
aussi été privés de la liberté. En cette circonstance, il y a
quelque chose qui les a soutenus, quelque chose qui ne les a pas
laissé tomber dans le désespoir, dans l’obscurité qui peut
jaillir du non sens. Ce fut la prière. Personnelle et communautaire.
Ils ont prié et on priait pour eux. Deux mouvements, deux actions
qui ensemble forment un réseau qui soutient la vie et l’espérance.
Ce réseau nous soutient dans le désespoir et nous stimule à
continuer à marcher. Un réseau qui soutient la vie, la vôtre et
celle de vos proches. Car, lorsque Jésus entre dans la vie de
quelqu’un, celui-ci ne reste pas emprisonné dans son passé, mais
il commence à regarder le présent d’une autre manière, avec une
autre espérance. Il commence à se regarder lui-même d’autre
autre œil, ainsi que sa propre réalité. Il ne reste pas ancré
dans ce qui est arrivé, mais il est en mesure de pleurer et d’y
trouver la force de recommencer. Et si à certains moments nous nous
sentons tristes, mal, abattus, je vous invite à regarder le visage
de Jésus crucifié. Dans son regard, nous pouvons tous trouver
place. Nous pouvons tous lui confier nos blessures, nos douleurs
ainsi que nos péchés. Dans ses plaies, nos plaies trouvent place.
Pour être soignées, lavées, transformées, ressuscitées. Il est
mort pour vous, pour moi, pour nous donner la main et nous soulager.
Parlez avec les prêtres qui viennent, parlez de Jésus qui veut
toujours nous relever. Cette certitude nous pousse à travailler pour
notre dignité. La réclusion n’est pas la même chose que
l’exclusion, parce que la réclusion fait partie d’un processus
de réinsertion dans la société. Les éléments qui jouent contre
vous sont nombreux en ce lieu: Le surpeuplement, la lenteur de la
justice, le manque de thérapies d’occupation et de politiques de
réhabilitation, la violence, etc. Et cela rend nécessaire une
synergie rapide et efficace entre les institutions pour trouver des
réponses. Toutefois, pendant qu’on lutte pour cela, nous ne
pouvons pas considérer que tout est perdu. Il y a des choses que
nous pouvons faire déjà maintenant".
Ici,
"la cohabitation dépend en partie de vous. La souffrance et la
privation peuvent rendre notre cœur égoïste et donner lieu à des
conflits, mais nous avons aussi la capacité de les transformer en
occasion d’authentique fraternité. Aidez-vous entre vous. N’ayez
pas peur de vous entraider. Le diable cherche la rivalité, la
division, les factions. Luttez pour aller de l’avant. J’aimerais
vous demander de porter mes salutations à vos familles. Leur
présence et leur aide sont si importantes! Les grands-parents, le
père, la mère, les frères, la femme, les enfants. Ils nous
rappellent qu’il vaut la peine de vivre et de lutter pour un monde
meilleur. Enfin, une parole d’encouragement
à tous ceux qui travaillent dans ce centre, aux dirigeants, aux
agents de la Police pénitentiaire, à tout le personnel. Vous
accomplissez un service public fondamental. Vous avez une mission
importante dans ce processus de réinsertion. La mission de relever
et non d’abaisser, de donner la dignité et non d’humilier,
d’encourager et non de causer de la peine. Un processus qui demande
d’abandonner une logique de bons et de mauvais pour passer à une
logique centrée sur l’aide à la personne. Cela créera de
meilleures conditions pour tous. Car un processus vécu ainsi nous
grandit, nous encourage et nous relève tous. Avant de vous donner la
bénédiction je voudrais que nous priions un moment en silence.
Chacun sait comment le faire. S’il vous plaît, je vous demande de
continuer à prier pour moi, parce que j’ai moi aussi mes erreurs
et je dois faire pénitence. Merci".
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