Cité
du Vatican, 9 juillet 2015 (VIS). Le Pape a entamé hier la seconde
étape de son voyage en arrivant à La Paz (le plus haut du monde,
l'aéroport se trouve à plus de 4.000 m d'altitude). Après
l'accueil du chef de l'Etat le Président Evo Morales, premier
indigène à occuper cette magistrature, venu au Vatican en octobre
dernier pour la première Rencontre mondiale des mouvements
populaires, le Pape a prononcé son premier discours:
"Au
commencement de cette visite pastorale, je désire adresser mon salut
à tous les hommes et à toutes les femmes de Bolivie, avec mes
meilleurs souhaits de paix et de prospérité". A tous, "je
veux exprimer mes sentiments de fraternelle communion dans le
Seigneur. Je porte dans mon cœur particulièrement les enfants de
cette terre qui pour de multiples raisons ont dû chercher une autre
terre qui les accueille, un autre lieu où notre mère les rende
féconds et leur donne une possibilité de vie. Je
suis heureux de me trouver dans ce pays d’une beauté singulière,
béni par Dieu...du haut-plateau aux vallées, des terres
amazoniennes, déserts et lacs incomparables. Le préambule de sa
constitution l’a scellé de façon poétique: Dans des temps
immémoriaux, des montagnes se dressèrent, des fleuves se
déplacèrent, des lacs se formèrent. Notre Amazonie, notre Chaco,
notre haut-plateau, nos plaines et nos vallées se couvrirent de
plantes et de fleurs. Cela me rappelle que le monde est plus qu’un
problème à résoudre, il est un mystère joyeux que nous
contemplons dans la joie et dans la louange. Mais surtout une terre
bénie dans ses habitants, avec sa réalité culturelle et ethnique
bigarrée, qui constitue une grande richesse et un appel permanent au
respect mutuel et au dialogue. Peuples autochtones, millénaires et
contemporains, nous réjouissent de savoir que le castillan apporté
dans ces terres coexiste aujourd’hui avec 36 idiomes autochtones,
se mélangeant...pour donner beauté et unité dans la diversité.
Dans cette terre et dans ce peuple s’est enracinée avec force
l’Evangile, qui au long des années a éclairé la vie commune,
contribuant au développement du peuple et promouvant la culture".
"Comme
hôte et pèlerin, je viens pour confirmer la foi des croyants en
Jésus-Christ ressuscité, pour que nous qui croyons en lui, pendant
notre pèlerinage en cette vie, nous soyons témoins de son amour,
ferment d’un monde meilleur, et nous collaborions à la
construction d’une société plus juste et solidaire. La
Bolivie fait des pas importants pour inclure d’amples secteurs dans
la vie économique, sociale et politique. Elle dispose d’une
constitution qui reconnaît les droits des individus, des minorités,
de l’environnement, et elle a des institutions sensibles à ces
réalités. Tout cela demande un esprit de collaboration citoyenne,
de dialogue et de participation des individus et des acteurs sociaux
dans les questions qui intéressent tout le monde. Le progrès
intégral d’un peuple comprend la croissance des personnes dans les
valeurs et la convergence sur des idéaux communs qui réussissent à
unir les volontés sans exclure ni rejeter personne. Si la croissance
est seulement matérielle, on court toujours le risque de revenir à
créer de nouvelles différences, que l’abondance de certains se
construise sur les manques des autres. C’est pourquoi, au-delà de
la transparence institutionnelle, la cohésion sociale demande un
effort dans l’éducation des citoyens. J’aimerais d'autre part
encourager la vocation des disciples du Christ à communiquer la joie
de l’Evangile, à être sel de la terre et lumière du monde. La
voix des pasteurs, qui doit être prophétique, parle à la société
au nom de la mère Eglise, à partir de son option préférentielle
et évangélique pour les derniers. La charité fraternelle,
expression vivante du commandement nouveau de Jésus, s’exprime
dans des programmes, des œuvres et des institutions qui cherchent la
promotion intégrale de la personne, ainsi que le soin et la
protection des plus vulnérables. On ne peut pas croire en Dieu Père
sans voir un frère en toute personne, et on ne peut pas suivre Jésus
sans donner sa vie pour ceux pour qui il est mort sur la croix. A
une époque où si souvent on tend à oublier ou à confondre les
valeurs fondamentales, la famille mérite une attention spéciale de
la part des responsables du bien commun, parce qu’elle est la
cellule base de la société, qui apporte des liens solides d’union
sur lesquels se fonde la vie humaine en commun et, à travers la
procréation et l’éducation de ses enfants, assure le
renouvellement de la société. L’Eglise ressent
aussi une préoccupation particulière pour les jeunes qui, engagés
dans la foi et dans de grands idéaux, sont une promesse d’avenir,
sentinelles qui annoncent les premiers feux de l’aurore et le
nouveau printemps de l’Evangile. Prendre soin des enfants, faire en
sorte que la jeunesse s’engage sur de nobles idéaux est une
garantie d’avenir pour une société. Une société qui trouve sa
propre réassurance quand elle valorise et estime ses personnes âgées
et en prend soin, quand elle fait le choix de donner vie à une
culture de la mémoire qui garantit aux personnes âgées non
seulement la qualité de la vie dans leurs vieux jours mais la
chaleur, comme l’exprime bien votre constitution... Ces journées
nous permettront d’avoir de véritables moments de rencontre, de
dialogue et de célébration de la foi. Je le fais, heureux de me
trouver dans ce pays qui se définit pacifique, qui promeut la
culture de la paix et le droit à la paix. Je place cette visite sous
la protection de la Vierge de Copacabana, Reine de la Bolivie, et je
lui demande de protéger tous ses enfants. Merci beaucoup et que le
Seigneur vous bénisse. Jallalla Bolivia!".
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