Cité
du Vatican, 26 septembre (VIS). Le dernier rendez-vous du Saint-Père
à New York, a été la célébration hier soir d'une messe au
Madison Square Garden, célèbre coeur social et culturel de la
ville. Son homélie a porté sur la variété et la communion
d’intérêts de nombreux peuples évoquée par Isaïe: Le peuple
qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière...
Il marchait avec ses joies et ses espérances, ses déceptions et ses
regrets. A toutes les époques, le Peuple de Dieu a été appelé à
contempler cette lumière. Une lumière pour les nations, comme le
vieillard Siméon l’a exprimé. Une lumière destinée à
resplendir dans chaque recoin de la ville, sur nos concitoyens, dans
chaque partie de nos vies... Une qualité particulière du peuple de
Dieu est sa capacité à voir, à contempler, même dans les moments
d’obscurité, la lumière que le Christ apporte. Le peuple fidèle
de Dieu peut voir, discerner et contempler sa présence vivante au
cœur de sa vie, au cœur de sa ville. Avec le prophète Isaïe nous
pouvons dire que le peuple qui marche, respire et vit au milieu du
brouillard, puis ressent un souffle d’air frais".
"Vivre
dans une grande ville n’est pas toujours facile. Un contexte
multiculturel présente plusieurs défis complexes. Mais les grandes
villes sont un rappel des richesses cachées présentes dans notre
monde, dans la diversité de ses cultures, de ses traditions et de
ses expériences historiques. Dans la variété de ses langues, de
ses costumes et de ses cuisines. Les grandes villes réunissent
ensemble toutes les manières différentes que les êtres humains ont
découvertes pour exprimer le sens de la vie, où que nous soyons.
Mais les grandes villes cachent aussi les visages de toutes ces
personnes qui ne semblent pas lui appartenir, ou être des citoyens
de seconde classe. Dans les grandes villes, dans le grondement du
trafic, au rythme rapide du changement, beaucoup de visages passent
inaperçus, parce qu’ils n’ont pas le droit d’être là, le
droit de faire partie de la ville. C’est l’étranger, l’enfant
sans instruction, ceux qui sont privés d’assurance médicale, le
sans toit, le vieillard délaissé. Ces personnes restent sur les
bords de nos grandes avenues, dans nos rues, dans un anonymat
assourdissant. Elles font désormais partie, à nos yeux, et surtout
dans nos cœurs, d’un paysage urbain qui est de plus en plus
considéré comme allant de soi. Savoir que Jésus marche encore dans
nos rues, qu’il fait partie de la vie des siens, qu’il est engagé
avec nous dans une grande histoire de salut, nous remplit
d’espérance. Une espérance libératrice des forces qui nous
poussent à l’isolement et au manque de souci pour la vie des
autres, pour la vie de notre ville. Une espérance qui nous libère
des connexions vides, des analyses abstraites, ou des habitudes
sensationnalistes. Une espérance qui n’a pas peur de l’engagement,
qui agit comme un levain partout où il nous arrive de vivre et de
travailler. Une espérance qui nous fait voir, même au milieu du
brouillard, la présence de Dieu qui continue à marcher dans les
rues de nos villes. A quoi ressemble-t-elle, cette lumière qui se
déplace dans nos rues? Comment rencontrons-nous Dieu, qui vit parmi
nous au milieu du brouillard de nos villes? Comment rencontrons-nous
Jésus, vivant et agissant dans la vie quotidienne de nos villes
multiculturelles? Le prophète Isaïe peut nous guider dans ce
processus consistant à apprendre à voir. Il nous présente Jésus
comme le Conseiller merveilleux, le Dieu fort, le Père éternel, le
Prince-de la paix. De cette manière, il nous introduit dans la vie
du Fils, pour que sa vie soit notre vie".
"L’Evangile
nous dit que de nombreuses personnes viennent à Jésus pour lui
demander quoi faire. La première chose que Jésus répond est de
proposer, d’encourager, de motiver. Il continue de dire à ses
disciples d’aller, de sortir. Il les presse de sortir et de
rencontrer les autres là où ils sont réellement, et non où nous
pensons qu’ils devraient être. Sortir, encore et encore, sortir
sans peur, sans hésitation. Sortir et proclamer cette joie qui est
pour tout le peuple. En Jésus, Dieu lui-même devient
Emmanuel, Dieu-avec-nous, le Dieu qui marche à nos côtés, qui
s’est impliqué dans nos vies, dans nos maisons, au milieu de nos
marmites, comme sainte Thérèse de Jésus aimait à le dire. Rien ni
personne ne peut nous séparer de son amour. Sortir et proclamer,
sortir et montrer que Dieu est au milieu de vous comme un père
miséricordieux qui sort lui-même, matin et soir, pour voir si son
fils est sur le chemin de retour à la maison. Et dès qu’il le
voit venir, il sort en courant pour l’embrasser. Une étreinte qui
veut reprendre, purifier et élever la dignité de ses enfants. Un
père qui, par son étreinte, est bonne nouvelle pour les pauvres,
guérison pour les affligés, libération pour les prisonniers,
consolation pour ceux qui sont affligés. Il sort vers les autres et
partage la bonne nouvelle que Dieu notre Père, marche à nos côtés.
Il nous libère de l’anonymat, d’une vie vide et égoïste, et
nous conduit à l’école de la rencontre. Il nous retire de la
mêlée de la compétition et de l’égocentrisme, et il ouvre
devant nous le chemin de la paix. Cette paix qui naît de
l’acceptation des autres, cette paix qui remplit nos cœurs lorsque
nous considérons ceux qui sont dans le besoin comme nos frères et
nos sœurs. L’Eglise vit dans nos cités, et
elle veut être comme la levure dans la pâte. Elle veut entrer en
relation avec tout le monde, rester aux côtés de chacun, alors
qu’elle proclame les prodiges du Conseiller merveilleux, du Dieu
fort, du Père éternel, du Prince de la paix".
Aujourd'hui
le Saint-Père se rend à Philadelphie, où il célébrera d'abord
une messe pour les prêtres et religieux de la Pennsylvanie, puis
rencontrera la communauté hispanophone et émigrée et interviendra
enfin à la veillée de prière de la Rencontre mondiale des
familles.
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