Cité
du Vatican, 26 septembre 2015 (VIS). Accompagné de l'Archevêque de
New York, le Pape s'est rendu hier au mémorial de Ground Zero, là
"où des milliers de vies ont été arrachées dans un acte
insensé de destruction". A la place des deux célèbres
gratte-ciel, effondrés à la suite de l'attaque terroriste du 11
septembre 2001, se développe un parc de trois hectares doté de deux
grands puits d'eau et d'un musée souterrain. Après avoir déposé
une rose blanche sur le rebord d'une des fontaines et s'être
recueilli, il a salué les familles d'une vingtaine de pompiers et
gardes civils morts en portant secours, ainsi que les représentants
des diverses religions. Après une prière pour les morts, le Pape a
prononcé le discours suivant: "Ici, la douleur est palpable.
L’eau que nous voyons s’écouler vers ce centre vide nous
rappelle toutes ces vies effacées par ceux qui croient que la
destruction est l’unique façon d’apporter une solution aux
conflits. On entend le cri silencieux de ceux qui ont souffert dans
leur chair de la logique de la violence, de la haine, de la revanche.
Une logique qui ne peut que provoquer douleur, souffrance,
destruction, larmes. L’eau qui tombe est aussi un symbole de nos
larmes. Des larmes pour les destructions d’hier, qui s’unissent
aux nombreuses destructions d’aujourd’hui. C’est un lieu où
nous pleurons, nous pleurons la douleur que provoque le sentiment
d’impuissance face à l’injustice, face au fratricide, face à
l’incapacité d’apporter une solution à nos différences en
dialoguant. En ce lieu, nous pleurons la perte injuste et gratuite
d’innocents pour n’être pas en mesure de trouver des solutions
en faveur du bien commun. C’est une eau qui nous rappelle les
pleurs d’hier et les pleurs d’aujourd’hui".
"Je
viens de rencontrer quelques familles des premiers secouristes tombés
en service, et j j’ai pu constater une fois encore combien la
destruction n’est jamais impersonnelle, abstraite ou ne concernant
que les choses. Mais combien elle a un visage et une histoire, elle
est concrète, elle a des noms. Chez les proches de ces victimes, on
peut voir le visage de la douleur, une douleur qui nous laisse sans
voix et crie vers le ciel. Mais à leur
tour, ils ont su me montrer l’autre face de cet attentat, l’autre
face de la souffrance la puissance de l’amour et du souvenir. Un
souvenir qui ne nous laisse pas vides. Les noms de tant d’êtres
chers sont inscrits ici en ce qui était les bases des tours. Ainsi,
nous pouvons les voir, les toucher et ne jamais les oublier. Nous
pouvons ici toucher la capacité de bonté héroïque dont l’être
humain est aussi capable, la force cachée à laquelle nous devons
toujours recourir. Au moment d’une douleur immense, de souffrance,
vous avez été témoins d’actes exceptionnels de don et d’aide.
Des mains tendues, des vies livrées. Dans une métropole qui peut
paraître impersonnelle, anonyme, où il y a de grandes solitudes qui
ont été capables de montrer la puissante solidarité de l’aide
mutuelle, de l’amour et du sacrifice personnel. A ce moment-là, il
n’était pas question de sang, d’origine, de quartier, de
religion ou d’option politique. Il était question de solidarité,
d’urgence, de fraternité. Il était question d’humanité. Les
pompiers de New York sont entrés dans les tours qui étaient en
train de s'effondrer sans prêter attention à leur propre vie.
Beaucoup sont tombés en service et à travers leur sacrifice ils ont
sauvé la vie de tant d’autres. Ce lieu
de mort se transforme aussi en un lieu de vie, de vies sauvées, en
un chant qui nous conduit à affirmer que la vie est toujours
destinée à triompher sur les prophètes de la destruction, sur la
mort, que le bien l’emportera toujours sur le mal, que la
réconciliation et l’unité vaincront la haine et la division".
"L’occasion
de m’associer, en ce lieu de douleur et de mémoire, aux
représentant de nombreuses traditions religieuses qui enrichissent
la vie de cette grande ville, me remplit d’espérance. J’espère
que notre présence ici est un signe puissant de nos volontés de
partager et de réaffirmer le désir d’être des forces de
réconciliation, des forces de paix et de justice dans cette
communauté et partout dans notre monde. Dans les différences, dans
les désaccords, il est possible de vivre dans un monde de paix. Face
à toute tentative d'uniformisation, il est possible et nécessaire
de nous réunir à partir des différentes langues, cultures,
religions, et d’élever la voix contre tout ce qui veut l’empêcher.
Ensemble, aujourd’hui, nous sommes invités à dire non à toute
tentative d’uniformiser, et oui à une différence acceptée et
réconciliée. Pour cela, nous avons besoin
de nous libérer de nos sentiments de haine, de vengeance, de
rancœur. Et nous savons que c’est possible seulement comme un don
du ciel. Ici, en ce lieu de la mémoire, chacun à sa manière, mais
ensemble, je vous propose que nous observions un moment de silence et
de prière. Demandons au ciel le don d’œuvrer pour la cause de la
paix. Paix dans nos maisons, dans nos familles, dans nos écoles,
dans nos communautés. Paix en ces endroits où la guerre semble sans
fin. Paix sur ces visages qui ont connu uniquement la douleur. Paix
dans ce vaste monde que Dieu nous a donné comme maison de tous et
pour tous. Seulement, paix. Ainsi, la vie de ceux que nous avons
perdus ne sera pas oubliée. Elle se fera présente chaque fois que
nous lutterons pour être des prophètes de construction, prophètes
de réconciliation, prophètes de paix".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire