Cité
du Vatican, 25 octobre (VIS). Ce matin en la Basilique vaticane le
Saint-Père a célébré la messe de clôture du Synode sur la
famille. En voici l'homélie: "Les trois lectures de ce dimanche
nous présentent la compassion de Dieu, sa paternité, qui se révèle
définitivement en Jésus... Dans le psaume, nous avons exprimé nous
aussi la joie qui est un fruit du salut du Seigneur... Le croyant est
une personne qui a fait l’expérience de l’action salvifique de
Dieu. Et nous, pasteurs, nous avons fait l’expérience de ce que
signifie semer avec peine, parfois dans les larmes, et de se réjouir
pour la grâce d’une récolte qui va toujours au-delà de nos
forces et de nos capacités. Le passage de l'épître aux Hébreux
nous a présenté la compassion de Jésus, qui s'est lui aussi revêtu
de faiblesse pour éprouver de la compassion envers qui est dans
l’ignorance et dans l’erreur. Saint et innocent..., Jésus a pris
part à nos faiblesses et a été mis à l’épreuve en toutes
choses, comme nous, excepté le péché. Pour cela, il est médiateur
de l’alliance nouvelle et définitive qui nous donne le salut...
Quant à l’Evangile...il montre que, à l'instar du peuple
d’Israël, grâce à la paternité de Dieu, Bartimée a été
libéré grâce à la compassion de Jésus. Jésus vient de sortir de
Jéricho. Bien qu’il vienne de commencer le chemin le plus
important, celui qui va vers Jérusalem, il s’arrête encore pour
répondre au cri de Bartimée... Que veux-tu que je fasse pour toi?,
lui dit-il. Cela pourrait sembler une question inutile: Que pourrait
désirer un aveugle si ce n’est la vue?... Jésus montre qu’il
veut écouter nos besoins. Il désire avec chacun de nous un échange
fait de vie, de situations réelles, que rien n’exclut devant Dieu.
Après la guérison, le Seigneur dit à cet homme que sa foi l’a
sauvé... Comme il admire la foi de Bartimée, Jésus...croit en
nous, beaucoup plus que nous croyons en nous-mêmes. Un détail est
intéressant: Jésus demande à ses disciples d’appeler Bartimée.
Ils s’adressent à l’aveugle en utilisant deux expressions, que
seul Jésus utilise dans tout le reste de l’Evangile: Aies
confiance, arme-toi de courage... Seule la rencontre avec Jésus
donne à l’homme la force d'affronter les situations les plus
graves. La seconde expression employée est: Lève-toi!.. Les
disciples ne font rien d’autre que de répéter les paroles
encourageantes et libératrices de Jésus, conduisant directement à
lui, sans sermons. Aujourd'hui nous sommes tout particulièrement
appelés à placer l’homme au contact de la miséricorde
compatissante qui sauve. Quand le cri de l’humanité devient, comme
en Bartimée, encore plus fort, il n’y a pas d’autre réponse que
de faire nôtres les paroles de Jésus et surtout d’imiter son
cœur. Les situations de misère et de conflit sont pour Dieu des
occasions de miséricorde".
"Aujourd’hui
est un temps de miséricorde! Mais il y a certaines tentations pour
celui qui suit Jésus. L’Évangile de ce jour en met au moins deux
en évidence. Aucun des disciples ne s’arrête, comme fait Jésus.
Ils continuent à marcher, ils avancent comme si de rien n’était.
Si Bartimée est aveugle, eux ils sont sourds. Son problème n’est
pas leur problème. Ce peut être notre risque, devant les problèmes
continuels, il vaut mieux avancer, sans nous laisser déranger. De
cette façon, comme ces disciples, nous sommes avec Jésus, mais nous
ne pensons pas comme Jésus. On est dans son groupe, mais on perd
l’ouverture du cœur, on perd l’émerveillement, la gratitude et
l’enthousiasme et on risque de devenir “ des routiniers de la
grâce ”. Nous pouvons parler de lui et travailler pour lui, mais
vivre loin de son cœur, qui est penché vers celui qui est blessé.
Là est la tentation d'une sorte de spiritualité du mirage. Nous
pouvons marcher à travers les déserts de l’humanité sans voir ce
qu’il y a réellement, mais bien ce que nous voudrions voir. Nous
sommes capables de construire des visions du monde, mais nous
n’acceptons pas ce que le Seigneur nous met devant les yeux. Une
foi qui ne sait pas s’enraciner dans la vie des gens demeure aride
et, au lieu d’oasis, elle crée d’autres déserts. Il y a une
seconde tentation, celle de tomber dans une foi programmée. Nous
pouvons marcher avec le peuple de Dieu, mais nous avons déjà notre
plan de marche, où tout rentre. Nous savons où aller et combien de
temps y mettre. Tous doivent respecter nos rythmes et chaque
inconvénient nous dérange. Nous risquons de devenir comme beaucoup
de ces gens de l’Evangile qui perdent patience et rabrouent
Bartimée. Peu avant, ils avaient rabroué les enfants, maintenant le
mendiant aveugle, celui qui gêne ou n’est pas à la hauteur est à
exclure. Jésus au contraire veut inclure, surtout celui qui est tenu
aux marges et qui crie vers lui. Ceux-là, comme Bartimée, ont la
foi, parce que savoir qu’on a besoin de salut est la meilleure
façon de rencontrer Jésus. Et à la fin Bartimée se met à suivre
Jésus en chemin. Non seulement il retrouve la vue, mais il s’unit
à la communauté de ceux qui marchent avec Jésus. Chers frères
synodaux, nous avons marché ensemble. Je vous remercie pour la route
que nous avons partagée, le regard fixé sur le Seigneur et sur nos
frères, à la recherche des sentiers que l’Evangile indique à
notre temps pour annoncer le mystère d’amour de la famille.
Poursuivons le chemin que le Seigneur désire. Demandons-lui un
regard guéri et sauvé, qui sait répandre de la lumière, parce
qu’il rappelle la splendeur qui l’a illuminé. Sans nous laisser
jamais offusquer par le pessimisme et par le péché, cherchons et
voyons la gloire de Dieu qui resplendit dans l’homme vivant".
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