Cité
du Vatican, 11 juillet 2013 (VIS). Voici le message que le Conseil
pontifical pour la pastorale des migrations diffuse à l’occasion
de la Journée mondiale du tourisme 2013 (27 septembre), et intitulé:
"Le tourisme et l’eau, protéger l'avenir de tous" en
fonction du thème choisi par l’Organisation mondiale du tourisme:
Le Saint-Siège désire s’unir à cette manifestation, en apportant
sa contribution particulière, conscient qu'il est de l’importance
que revêt le tourisme à l’heure actuelle et des défis et
possibilités qu’il offre à l'action évangélisatrice. Le
tourisme est l’un des secteurs économiques mondiaux qui connaît
la croissance la plus vaste et rapide. Nous ne devons pas oublier que
durant l’année dernière le cap du milliard de touristes a été
franchi, auquel il faut ajouter les chiffres encore plus élevés du
tourisme local.
Pour
le secteur touristique, l’eau est d’une importance cruciale, un
actif et une ressource. C’est un actif dans la mesure où les gens
se sentent naturellement attirés par elle et des millions de
touristes cherchent à profiter de cet élément durant leurs jours
de repos, en choisissant comme destinations certains écosystèmes où
l’eau est le trait le plus caractéristique (zones humides, plages,
fleuves, lacs, cascades, îles, glaciers...) ou en cherchant à
bénéficier de ses nombreux avantages (particulièrement dans des
centres balnéaires ou thermaux). En même temps, l’eau est aussi
une ressource pour le secteur touristique, notamment pour les hôtels,
les restaurants et les activités de loisirs. A l'avenir, le tourisme
sera un véritable avantage dans la mesure où il parviendra à gérer
les ressources selon les critères de l’économie verte, c’est à
dire une économie dont l’impact environnemental demeure dans des
limites acceptables. Nous sommes donc appelés à promouvoir un
tourisme écologique, respectueux et durable, qui peut certainement
favoriser la création d’emplois, soutenir l’économie locale et
réduire la pauvreté. Il ne fait aucun doute que le tourisme joue un
rôle fondamental dans la protection de l’environnement, pouvant
être un grand allié, mais aussi un féroce ennemi. Si, par exemple,
en vue d’un bénéfice économique facile et rapide, on permet à
l’industrie touristique de polluer un lieu, celui-ci cessera d’être
une destination attirant les touristes.
Nous
savons que l’eau, clef du développement durable, est un élément
essentiel pour la vie. Sans eau, il n’y a pas de vie.
Malheureusement, les pressions qui s’exercent sur elle augmentent
d’année en année. Une personne sur trois vit déjà dans un pays
connaissant un stress hydrique modéré ou grave, et d’ici à 2030
près de la moitié de la population du globe pourrait souffrir de
pénuries d’eau. On estime alors que la demande sera de 40 %
supérieure à l’offre. Selon les données fournies par les
Nations-Unies, environ un milliard de personnes n’a pas accès à
l’eau potable. Et les défis liés à ce problème augmenteront de
façon significative au cours des prochaines années, surtout parce
qu’elle est mal distribuée, polluée, gaspillée ou parce que l’on
donne la priorité à certains usages d’une manière erronée ou
injuste. Sans compter les conséquences du changement climatique qui
viendront s’y ajouter. Le tourisme rivalise souvent aussi avec
d’autres secteurs pour son utilisation et, quelquefois, on constate
que l’eau est abondante et gaspillée dans les structures
touristiques, tandis qu’elle vient à manquer pour les populations
environnantes. La gestion durable de cette ressource naturelle est un
enjeu d’ordre social, économique et environnemental, mais surtout
de nature éthique, à partir du principe de la destination
universelle des biens de la terre, qui est un droit naturel,
originel, auquel doit se soumettre tout l’ordre juridique
concernant ces biens. La doctrine sociale de l’Eglise insiste sur
la validité et l’application de ce principe, avec des références
explicites à l’eau. Bien sûr, notre engagement en faveur du
respect de la création naît de sa reconnaissance comme don de Dieu
fait à toute la famille humaine et de l’écoute de l’indication
du Créateur, qui nous invite à la garder, conscients d’être les
administrateurs et non les maîtres du don qu’il nous fait.
Cette
attention à l’environnement est important pour le Pape François
qui y a fait de nombreuses allusions. Déjà, lors de la célébration
eucharistique du début de son ministère pétrinien, il nous
invitait à être des gardiens de la création, du dessein de Dieu
inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement.
Ne permettons pas, disait-il, que des signes de destruction et de
mort accompagnent la marche de notre monde, rappelant que tout est
confié à la garde de l’homme, et c’est une responsabilité qui
nous concerne tous. Approfondissant cette invitation, le Saint-Père
affirmait récemment que cultiver et protéger la création est une
indication de Dieu donnée non seulement au début de l’histoire,
mais à chacun de nous. Cela fait partie de son projet et cela
signifie faire croître le monde avec responsabilité, en le
transformant afin qu’il soit un jardin, un lieu vivable pour tous.
Au contraire, nous sommes souvent guidés par l’orgueil de dominer,
de posséder, de manipuler, d’exploiter... Nous sommes en train de
perdre l’attitude de l’émerveillement, de la contemplation, de
l’écoute de la création. En cultivant cette attitude, nous
pourrons découvrir que l’eau nous parle aussi de son Créateur et
nous rappelle son histoire d’amour pour l’humanité. La prière
de bénédiction de l’eau, utilisée dans la liturgie romaine lors
de la veillée pascale et pour le rituel du baptême, est éloquente
car elle rappelle que le Seigneur s’en est servi comme signe et
mémoire de sa bonté: la Création, le déluge qui met fin au péché,
le passage de la Mer Rouge qui libère de l’esclavage, le baptême
de Jésus dans le Jourdain, le lavement des pieds qui se transforme
en précepte d’amour, l’eau qui coule du côté du Crucifié, le
mandat du Ressuscité de faire des disciples et de les baptiser …
ce sont des pierres milliaires de l’histoire du Salut, dans
lesquelles l’eau revêt une haute valeur symbolique.
L’eau
nous parle de vie, de purification, de régénération et de
transcendance. Dans la liturgie, l’eau manifeste la vie de Dieu qui
nous est communiquée dans le Christ. Jésus lui-même se présente
comme celui qui apaise la soif, de son sein jaillissent des fleuves
d’eau vive. Et dans son dialogue avec la Samaritaine, il affirme
que celui qui boit de l’eau que je lui donnerai n’aura plus
jamais soif. La soif évoque les désirs les plus profonds du cœur
humain, ses échecs et sa recherche d’un bonheur authentique
au-delà de soi-même. Or, le Christ est celui qui offre l’eau qui
étanche la soif intérieure, il est la source de la renaissance, il
est le bain qui purifie. Il est la source d’eau vive.
Voilà
pourquoi il est important de réaffirmer que tous ceux qui oeuvrent
dans le tourisme ont une forte responsabilité dans la gestion de
l’eau, de sorte que ce secteur soit effectivement une source de
richesse au niveau social, écologique, culturel et économique.
Tandis qu’il faut travailler pour réparer les dommages causés, il
faut aussi favoriser son usage rationnel et réduire au minimum
l’impact, en promouvant des politiques adéquates et en fournissant
des équipements efficaces qui aident à protéger notre futur
commun. Notre attitude envers la nature et la mauvaise gestion que
nous pouvons faire des ressources ne doivent peser ni sur les autres,
ni même et encore moins sur les générations à venir. Une plus
grande détermination est nécessaire de la part des personnes
engagées en politique et des entrepreneurs. Car, même si tous sont
conscients des défis que nous pose le problème de l’eau, nous
savons aussi que cela doit encore se concrétiser par des engagements
précis, contraignants et vérifiables. Cette situation requiert
surtout un changement de mentalité qui conduise à adopter un style
de vie différent, caractérisé par la sobriété et par
l’autodiscipline. Il faut faire en sorte que le touriste soit
conscient et réfléchisse sur ses responsabilités et sur l’impact
de son voyage. Il doit pouvoir arriver à la conviction que tout
n’est pas permis, même si personnellement il pourrait en assumer
le coût financier. Nous devons éduquer et encourager les petits
gestes qui nous permettent de ne pas gaspiller ou contaminer l’eau
et qui nous aident, en même temps, à apprécier davantage son
importance. Faisons nôtre le désir du Saint-Père de prendre le
ferme engagement de respecter et de garder la création, d’être
attentifs à chaque personne, de combattre la culture du gaspillage
et du rebut, pour promouvoir une culture de la solidarité et de la
rencontre.
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