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Le Vatican Information Service (VIS) est un service d'information de la Salle-de-Presse du Saint-Siège. Il propose des informations sur le Magistère et l'activité pastorale du Saint-Père et de la Curie Romaine... []

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dimanche 18 janvier 2015

Le Pape encourage la jeunesse à être exemplaires


Cité du Vatican, 18 janvier 2015 (VIS). Ce matin, le Saint-Père s'est rendu à l'Université pontificale St.Thomas de Manille, la plus ancienne institution d'enseignement catholique du pays, fondée par les Dominicains. Il y a d'abord rencontré les représentants des diverses confessions chrétiennes et religions des Philippines puis, après une rapide visite du campus a rencontré le monde universitaire. Au cours d'une liturgie de la Parole au centre sportif, il s'est adressé à au moins 30.000 étudiants, improvisant en espagnol à partir du texte préparé en anglais. Avant d'intervenir, à peine averti de la triste nouvelle, il a demandé de prier pour une volontaire de 27 ans, morte lors de la messe à Teoclan, et pour sa famille. Voici le discours du Pape François, composé pour répondre aux questions qui lui avaient été fournies:
"Chers jeunes amis, c’est une joie pour moi d’être aujourd’hui avec vous. Je salue cordialement chacun de vous et je remercie tous ceux qui ont rendu possible cette rencontre. Au cours de ma visite aux Philippines, j’ai particulièrement voulu rencontrer les jeunes, pouvoir les écouter, parler avec eux. Je désire exprimer l’amour et l’espérance que l’Eglise place dans la jeunesse. Et je veux vous encourager, comme citoyens chrétiens de ce pays, à vous offrir avec enthousiasme et avec honnêteté au grand travail de renouvellement de votre société et de contribution à construire un monde meilleur. Je remercie les jeunes qui m’ont adressé...en votre nom vos préoccupations et vos inquiétudes, votre foi et vos espérances. Ils ont parlé des difficultés et des attentes des jeunes. Bien que je ne puisse pas répondre à chacun de ces questionnements de façon exhaustive, je sais que, avec vos pasteurs et entre vous, vous les considérerez attentivement à l’aide de la prière et que vous ferez des propositions concrètes d’action".

"Je voudrais suggérer trois domaines importants où vous avez une contribution significative à offrir à la vie de votre pays. Le premier est le défi de l’intégrité. Le terme défi peut être entendu de deux manières. D’abord, il peut être compris de façon négative, comme une tentative d’agir contre vos convictions morales, contre tout ce que vous savez être vrai, bon et juste. Notre intégrité peut être défiée par des intérêts égoïstes, par l’avidité, par la malhonnêteté, ou par l’intention d’instrumentaliser les autres. Mais le terme défi (enjeu) peut aussi être compris dans un sens positif. Elle peut être vue comme une invitation à être courageux, à donner un témoignage prophétique de sa foi et de tout ce qui est tenu pour sacré. En ce sens, le défi de l’intégrité est quelque chose à quoi, en ce moment et dans vos vies, il est nécessaire de se confronter. Il ne s’agit pas de quelque chose que vous pouvez renvoyer au temps où vous serez plus âgés, où vous aurez des responsabilités. Dès maintenant aussi, vous avez à relever le défi d’agir avec honnêteté et correction dans vos relations avec les autres, qu’ils soient jeunes ou âgés. Ne fuyez pas ce défi. Un des plus grands défis que les jeunes ont devant eux est celui d’apprendre à aimer. Aimer signifie prendre un risque, le risque du refus, le risque d’être utilisé, ou pire d’utiliser l’autre. N’ayez pas peur d’aimer. Mais, aussi en aimant, préservez votre intégrité! En cela aussi, soyez honnêtes et loyaux".

Puis, citant la lecture du jour, il a dit aux jeunes qu'ils sont "appelés à donner un bon exemple, un exemple d’intégrité. Naturellement, en le faisant, vous devrez affronter des oppositions et des critiques, le découragement et même le ridicule. Mais vous avez reçu un don qui vous permet de dépasser ces difficultés. C’est le don de l’Esprit. Si vous nourrissez ce don par la prière quotidienne et puisez la force dans la participation à l’Eucharistie, vous serez en mesure d’atteindre cette grandeur morale à laquelle Jésus vous appelle. Vous deviendrez aussi une boussole pour vos amis qui sont en recherche. Je pense spécialement à ces jeunes qui ont la tentation de perdre l’espérance, d’abandonner leur idéaux élevés, de quitter l’école ou de vivre au jour le jour dans les rues. Il est donc essentiel de ne pas perdre votre intégrité et de ne pas compromettre vos idéaux. Ne cédez pas aux tentations contre la bonté, la sainteté, le courage et la pureté. Relevez donc ce défi! Avec le Christ, vous serez encore plus des artisans d’une culture philippine renouvelée et plus juste".

"Un autre domaine où vous êtes appelés à contribuer est l’environnement et sa protection. Ce n’est pas seulement parce que votre pays, plus que d’autres, risque d’être sérieusement touché par le changement climatique. Vous êtes appelés à prendre soin de la création, non seulement comme des citoyens responsables, mais aussi comme disciples du Christ. Le respect de l’environnement signifie davantage que de simplement utiliser des produits propres ou de recycler ce que nous utilisons. Ce sont des aspects importants, mais non suffisants. Nous avons besoin de voir, avec les yeux de la foi, la beauté du plan de salut de Dieu, le lien entre l’environnement naturel et la dignité de la personne humaine. L’homme et la femme sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu et la maîtrise de la création leur a été confiée. Comme administrateurs de la création de Dieu, nous sommes appelés à faire de la terre un beau jardin pour la famille humaine. Lorsque nous détruisons nos forêts, lorsque nous dévastons le sol et polluons les mers, nous trahissons ce noble appel. Il y a trois mois, vos évêques ont affronté ces thèmes dans une lettre pastorale. Ils ont demandé à chacun de réfléchir sur la dimension morale de nos activités et de nos styles de vie, de notre consommation et de l’usage que nous faisons des ressources naturelles. Aujourd’hui, je vous demande de le faire, dans le contexte de vos vies et de votre engagement pour la construction du Royaume. Chers jeunes, l’usage juste et la gestion correcte des ressources naturelles est une tâche urgente et vous avez une contribution importante à offrir. Vous êtes l’avenir des Philippines. Soyez vivement intéressés à tout ce qui arrive à votre si belle terre".

Un dernier domaine dans lequel vous pouvez offrir une contribution utile est le soin des pauvres. Nous sommes chrétiens, membres de la famille de Dieu. Chacun de nous, et peu importe si individuellement nous avons beaucoup ou peu, est appelé à tendre la main personnellement et à servir nos frères et nos sœurs dans le besoin. Il y a toujours quelqu’un proche de nous qui a des besoins matériels, psychologiques, spirituels. Le plus grand don que nous puissions leur faire est notre amitié, notre préoccupation, notre tendresse, notre amour pour Jésus. Le recevoir signifie tout avoir. Le donner signifie offrir le don le plus grand de tous. Beaucoup d’entre vous savent ce que signifie être pauvres. Mais beaucoup d’entre vous ont aussi fait l’expérience de quelque chose du bonheur que Jésus à promis aux pauvres en esprit. Je voudrais encourager et remercier ceux d’entre vous qui ont choisi de suivre notre Seigneur dans sa pauvreté, par la vocation au sacerdoce et à la vie religieuse; en puisant à cette pauvreté, vous vous enrichirez beaucoup. Mais à vous tous, spécialement à ceux qui peuvent faire et donner davantage, je demande instamment de faire davantage. S’il vous plaît, donnez plus! Lorsque vous donnez de votre temps, de vos talents et de vos ressources à beaucoup de personnes nécessiteuses qui vivent aux marges, vous faites une différence. C’est une différence qui est si désespérément nécessaire, et pour laquelle vous serez largement récompensés par le Seigneur. Parce que, comme il a dit: Tu auras un trésor au ciel. Ici même il y a vingt ans, Jean-Paul II a affirmé que le monde a besoin d’un nouveau type de jeunes engagés dans les plus hauts idéaux, et désireux de bâtir la civilisation de l’amour. Soyez ces jeunes! Ne perdez pas vos idéaux et soyez des témoins joyeux de l’amour de Dieu et du magnifique dessein qu’il a pour nous, pour ce pays et pour le monde dans lequel nous vivons".


Précisions du P.Lombardi


Cité du Vatican, 18 janvier 2015 (VIS). Le Directeur de la Salle de Presse a précisé hier soir qu'avant de regagner la nonciature, le Pape s'était entretenu avec le père de Cristal, la jeune volontaire décédée durant la messe à Tacloban à cause de l'effondrement d'une structure métallique. N'ayant pu parler à sa mère actuellement à Hong Kong, il est resté une vingtaine de minutes avec le père, le Cardinal Tagle servant d'interprète.  

Grand messe à Manille


Cité du Vatican, 18 janvier 2015 (VIS). Terminée sa rencontre avec le monde étudiant, le Saint-Père a regagné la nonciature pour déjeuner. Après quoi, vers 14 h 30' locales, il s'est rendu en voiture découverte au Quirino Grandstand Rizal Park, un stade construit en 1946 à l'occasion de l'indépendance des Philippines. Il y a célébré une grand messe dominicale en présence d'une foule immense, de un a trois millions de personnes selon les estimations. En 1995, Jean-Paul II y avait célébré la messe conclusive de la X Journée mondiale de la jeunesse. Voici le texte de l'homélie préparée, que le Pape a préféré résumer ici encore en espagnol:

"C’est une grande joie pour moi de célébrer le dimanche du Santo Niño avec vous. L’image de l'Enfant Jésus a accompagné la diffusion de l’Evangile dans ce pays depuis l’origine. Vêtu comme un roi, couronné, et tenant en main le sceptre, le globe et la croix, il continue à nous rappeler le lien entre le Royaume de Dieu et le mystère de l’enfance spirituelle. Il nous le dit dans l’Evangile de ce jour: Quiconque n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera pas. Le Santo Niño continue à nous proclamer que la lumière de la grâce de Dieu a brillé sur un monde de ténèbres, apportant la Bonne Nouvelle de notre libération de l’esclavage, et en nous guidant sur les sentiers de la paix, du droit et de la justice. Il nous rappelle aussi que nous avons été appelés à répandre le Royaume partout dans le monde. Tout au long de ma visite, j'ai entendu chanter: Nous sommes tous enfants de Dieu. C’est justement ce que le Santo Niño nous dit. Il nous rappelle notre identité la plus profonde. Nous sommes tous enfants de Dieu, membres de la famille de Dieu. Aujourd’hui saint Paul nous a dit que, dans le Christ, nous sommes devenus enfants adoptifs de Dieu, frères et sœurs dans le Christ. Voilà qui nous sommes. C’est notre identité. Nous en avons vu une belle expression quand les Philippins se sont mobilisés autour de nos frères et sœurs touchés par le typhon.

L’Apôtre nous dit que, parce que Dieu nous a choisis, nous avons été abondamment bénis, par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ. Ces paroles ont un écho particulier aux Philippines, parce que c’est le principal pays catholique de l'Asie. Ce don de Dieu particulier, cette bénédiction, est aussi une vocation. Les Philippins sont appelés à être de vaillants missionnaires de la foi en Asie. Dieu nous a choisis et bénis dans le but d'être saints et irréprochables à ses yeux. Il nous a choisis, chacun de nous, pour être témoins de sa vérité et de sa justice dans ce monde. Il a créé le monde comme un beau jardin et nous a demandé d’en prendre soin. Mais, par le péché, l’homme a défiguré la beauté de la nature. Par le péché, l’homme a aussi détruit l’unité et la beauté de notre famille humaine, en créant des structures sociales qui entretiennent la pauvreté, l’ignorance, et la corruption. Parfois, quand nous voyons les troubles, les difficultés, et les injustices tout autour de nous, nous sommes tentés d’abandonner. Il semble que les promesses de l’Evangile ne s’appliquent pas, qu'elles sont irréelles. Mais la Bible nous dit que la grande menace...a toujours été, le mensonge. Le Démon est le père du mensonge. Il cache souvent ses pièges derrière les apparences de la sophistication, l’attrait d’être moderne ou comme tout le monde. Il nous distrait par l’illusion des plaisirs éphémères, des passe-temps superficiels. Et alors nous gaspillons les dons de Dieu en employant des gadgets. Nous gaspillons notre argent dans le jeu et la boisson auxquels nous nous abandons. Nous oublions de rester fixés sur les choses qui comptent vraiment. Nous oublions de rester, intérieurement, enfants de Dieu. Comme le Seigneur nous le dit, pour ces enfants la sagesse n’est pas la sagesse du monde. Voilà pourquoi le message du Santo Niño est si important. Il parle profondément à chacun d’entre nous. Il nous rappelle notre identité la plus profonde, ce à quoi nous sommes appelés à être, en tant que la famille de Dieu. Le Santo Niño nous rappelle aussi que cette identité doit être protégée. Le Christ Enfant est le protecteur de ce grand pays. Quand il est venu dans le monde, sa vie a été menacée par un roi corrompu. Jésus lui-même a eu besoin d’être protégé. Il a eu un protecteur terrestre, saint Joseph. Il a eu une famille terrestre, la Sainte Famille de Nazareth. Alors il nous rappelle l’importance de protéger nos familles, et ces plus grandes familles que sont l’Eglise, la famille de Dieu, et le monde, notre famille humaine. Malheureusement, de nos jours, la famille a grand besoin d’être protégée contre les attaques insidieuses et les programmes contraires à tout ce que nous tenons pour vrai et sacré, tout ce qu’il y a de plus beau et de plus noble dans notre culture".

"Dans l’Evangile, Jésus accueille les enfants, il les embrasse et les bénis. Nous devons, nous aussi, protéger, guider et encourager notre jeunesse, en l’aidant à construire une société digne de son grand héritage spirituel et culturel. En particulier, nous devons regarder chaque enfant comme un don devant être accueilli, chéri et protégé. Et nous devons prendre soin de notre jeunesse, en ne permettant pas que lui soit volée l’espérance, et qu’elle soit condamnée à vivre dans la rue. Celui qui a apporté la bonté de Dieu, la miséricorde et la justice dans le monde, était un enfant fragile, qui avait besoin de protection. Il a affronté la malhonnêteté et la corruption qui sont l’héritage du péché, et il en a triomphé par la puissance de sa croix. Maintenant, à la fin de ma visite aux Philippines, je vous recommande à lui, à Jésus qui est venu parmi nous comme un enfant. Puisse-t-il permettre à tous les philippins de travailler ensemble, en se protégeant les uns les autres, en commençant par les familles et les communautés, en construisant un monde de justice, d’intégrité et de paix. Puisse le Santo Niño continuer à bénir les Philippines et à soutenir les chrétiens de ce grand pays dans leur vocation à être témoins et missionnaires de la joie de l’Evangile, en Asie et partout dans le monde".


Conclue la cérémonie, le dernier rendez-vous public aux Philippines, le Cardinal Archevêque de Manille a remercié le Pape François de sa visite. Après avoir salué la foule en voiture panoramique, ce dernier est retourné à la nonciature. 

samedi 17 janvier 2015

Malgré le mauvais temps, le Pape se rend sur l'île de Leyte


Cité du Vatican, 17 janvier 2015 (VIS). Pour son second jour aux Philippines le Pape François s'est rendu par avion sur l'île de Leyte, à Tacloban, où l'avion papal a atterri avec trois quart d'heure d'avance sur le programme, en raison de l'arrivée d'une tempête tropicale. Il s'agit de la région côtière durement frappée il y a quatorze mois par le typhon Yolanda, qui a causé la mort de 10.000 personnes et causés de très graves destructions. Ecourtant la cérémonie d'accueil, il s'est immédiatement rendu sur l'esplanade préparée pour la messe avec la population survivante. A cause de la pluie battante, il a improvisé en espagnol en proposant un résumé de l'homélie préparée, dont voici le texte:

"Quelles paroles de consolation nous venons d’entendre! Encore une fois, il nous a été dit que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, notre Sauveur, notre grand prêtre qui nous offre miséricorde, grâce et soutien en tout ce dont nous avons besoin. Il guérit nos blessures, pardonne nos péchés et nous appelle à être ses disciples, comme il l’a fait avec Matthieu. Louons-le pour son amour, sa miséricorde et sa compassion. Je rends grâce au Seigneur Jésus parce que ce matin, nous pouvons être ensemble. Je suis venu pour être avec vous, en cette ville qui a été dévastée par le typhon Yolanda il y a quatorze mois. Je vous apporte l’amour d’un père, les prières de toute l’Eglise, la promesse que vous n’êtes pas oubliés tandis que vous continuez la reconstruction. Ici, la tempête la plus forte jamais enregistrée sur la planète a été vaincue par la force la plus puissante de l’univers, l’amour de Dieu. Nous sommes ici ce matin pour témoigner de cet amour, de sa capacité à transformer mort et destruction en vie et communauté. La résurrection du Christ, que nous célébrons en cette messe, est notre espérance et une réalité dont nous faisons l’expérience, même présentement. Et nous savons que la résurrection survient seulement après la croix, cette croix que vous avez portée avec foi, dignité et la force donnée par Dieu. Nous sommes réunis avant tout afin de prier pour les personnes qui sont mortes, pour toutes celles qui sont encore dispersées et pour celles qui ont été blessées. Nous recommandons à Dieu les âmes des défunts, nos mères, nos pères, nos fils et nos filles, notre famille, nos amis et voisins. Nous avons confiance qu’en arrivant en la présence de Dieu, ils ont trouvé miséricorde et paix. Toutefois, beaucoup de tristesse persiste ici à cause de leur absence. Pour vous qui les avez connus et aimés, qui les aimez encore, la douleur de les avoir perdus est réelle. Mais nous regardons vers l’avenir avec les yeux de la foi. Notre douleur est une semence qui un jour débouchera sur la joie que le Seigneur a promise à ceux qui ont cru en ses paroles: ‘Heureux vous qui pleurez, parce que vous serez consolés’.
Nous sommes rassemblés ici, en outre, afin de rendre grâce à Dieu pour son aide au temps du besoin. Il a été votre force en ces mois vraiment difficiles. Tant de vies ont été perdues, il y a eu tant de souffrance et de destruction. Cependant, nous sommes encore en mesure de nous réunir et de le remercier. Nous savons qu’il prend soin de nous. Nous savons qu’en Jésus son Fils, nous avons un grand prêtre capable de compatir et de souffrir avec nous. La compassion de Dieu, sa souffrance avec nous, donne une signification et une valeur éternelles à nos efforts. Votre désir de le remercier pour toute grâce et bénédiction, même quand vous avez tant perdu, n’est pas seulement un triomphe de la capacité de résilience et de la force du peuple philippin. C’est aussi un signe de la bonté de Dieu, de sa proximité, de sa tendresse, de son pouvoir salvifique. Nous rendons grâce...également pour tout ce qui a été fait pour aider, reconstruire, assister en ces mois de besoin sans précédents. Je pense en premier lieu à ceux qui ont accueilli et donné refuge au grand nombre de familles déplacées, aux personnes âgées, à la jeunesse. Comme il est dur d’abandonner sa propre maison et ses propres moyens de subsistance. Nous remercions ceux qui ont pris soin des sans-logis, des orphelins et des personnes abandonnées. Prêtres, religieux et religieuses qui ont donné tout ce qu’ils pouvaient. Je remercie tous ceux d’entre vous qui ont logé et nourri les personnes à la recherche de sécurité dans les églises, les couvents, les bureaux et qui continuent d’assister ceux qui sont encore en difficulté. Vous êtes un honneur pour l’Eglise, vous êtes l’orgueil de votre nation. Je remercie personnellement chacun de vous, puisque tout ce que vous avez fait au plus petit des frères et sœurs du Christ, c’est à lui que vous l’avez fait. Au cours de cette messe, nous voulons aussi remercier Dieu pour les hommes et les femmes de bonne volonté qui ont rendu service comme agents de sauvetage et de secours. Nous le remercions pour toutes les personnes qui, dans le monde entier, ont offert généreusement leur propre temps, argent et biens. Les états, les organisations et les personnes individuelles partout dans le monde ont mis en première ligne ceux qui sont dans le besoin. Il s’agit d’un exemple qui devrait être suivi. Je demande aux gouvernants, aux agences internationales, aux bienfaiteurs et aux personnes de bonne volonté de ne pas se lasser. Il y a encore beaucoup à faire. Même si les gros titres des journaux ont changé, les besoins subsistent.
La première lecture du jour, nous incite à rester fermes dans notre confession, à persévérer dans la foi, à nous approcher avec confiance du trône de la grâce de Dieu. Ces paroles ont une résonance spéciale en ce lieu, au milieu de grandes souffrances, vous n’avez jamais cessé de confesser la victoire de la Croix, le triomphe de l’amour de Dieu. Vous avez vu la puissance de cet amour révélée dans la générosité de très nombreuses personnes à travers les nombreux petits miracles de la bonté. Mais vous avez constaté aussi, même dans le pillage, dans les déprédations et dans le manque de réponse à ce grand drame humain, bien des signes tragiques du mal dont le Christ est venu nous sauver. Prions afin que cela nous conduise à une confiance plus grande dans la puissance de la grâce de Dieu pour vaincre le péché et l’égoïsme. Prions particulièrement afin qu’il rende chacun toujours plus sensible au cri de nos frères et de nos sœurs dans le besoin. Prions afin qu’il nous aide à repousser toute forme d’injustice et de corruption, qui, en volant les pauvres, empoisonne les racines mêmes de la société. Chers frères et sœurs, en cette grande épreuve, vous avez senti de manière spéciale la grâce de Dieu à travers la présence et l’attention affectueuse de la Vierge Marie, Notre Dame du Perpétuel Secours. Elle est notre mère. Qu’elle vous aide à persévérer dans la foi et dans l’espérance et à rejoindre tous ceux qui sont dans le besoin. Avec les saints Laurent Ruiz et Pierre Calungsod et avec tous les saints, qu’elle continue à implorer la miséricorde de Dieu et sa compassion bienveillante pour ce pays et pour tous les bien-aimés Philippins".

Après la messe, l'avion papal a du rapidement regagner Manille, où il est parvenu à 15 h locale, avec plus de trois heure sur le programme établi. Le Pape a cependant pu visiter une maison de pêcheurs dévastée en 2013, bénir une maison de retraite et un asile pour enfants reconstruits grâce à Cor Unum, puis se rendre à l'archevêché. Après avoir déjeuné sur le pouce, il a salué brièvement une trentaine de familles rescapées de Yolanda, rencontré quelques séminaristes, et visiter au pas de course le Centre Pape François pour les pauvres. Dernière étape avant de s'envoler pour la capitale, la cathédrale de Palo où était prévue une rencontre avec les évêques, les prêtres, séminaristes et religieux. Il s'est excusé de ne pouvoir tenir ses engagements et à remis à ses hôtes le texte qu'il comptait lire. A Manille, de l'aéroport au centre ville, il a salué les fidèles restés pour attendre son retour.


Autres actes pontificaux


Cité du Vatican, 17 janvier 2015 (VIS). Le Saint-Père a nommé:

Le Cardinal Orlando B.Quevedo, OMI, Archevêque de Cotabato (Philippines), son Envoyé spe´cial au 150 anniversaire de la découverte des "chrétiens cachés du Japon" (Nagasaki, Japon, 14 - 17 mars).

Mgr.Piotr Turzynski, Auxiliaire de l'Evêque de Radom (Pologne). L'Evêque élu, né en 1964 à Radom (Pologne) et ordonné prêtre en 1992, était jusqu'ici Vice Recteur du grand séminaire de Sandomierz (Pologne). Docteur en théologie et licencié en sciences patristiques, il a été directeur spirituel de séminaire, professeur à l'Université catholique de Lublín, conseiller diocésain pour le clergé puis pour la vie consacrée.


Avis


Cité du Vatican, 17 janvier 2015 (VIS). En raison du voyage apostolique, non seulement le VIS diffuse un bulletin ce samedi, mais aussi demain dimanche 18 janvier.

vendredi 16 janvier 2015

Entretien avec les journalistes dans le vol pour Manille


Cité du Vatican, 15 janvier (VIS). Au terme de la première partie du voyage apostolique, au cours du vol le conduisant de Colombo à Manille, le Pape François s’est entretenu une quarantaine de minutes avec les journalistes qui l’accompagnent. Il a répondu à quelques questions relatives à son voyage au Sri Lanka et aux Philippines, mais aussi sur les attentats commis à Paris, sur la liberté religieuse et la liberté d’expression, sur la sécurité dans ses déplacements et sur sa prochaine encyclique. Il a dit de cette dernière qu’elle serait probablement terminée fin mars et vraisemblablement publiée en juin ou juillet.

Voici une synthèse de quelques unes des réponses faites par le Pape.

Sur les attentats suicides qui ponctuent l’actualité: ''Derrière chaque attentat suicide, il y a un déséquilibre humain, mental peut-être, mais humain. Quelque chose ne fonctionne pas chez cette personne. Elle n’a pas cet équilibre sur le sens de sa vie et celle des autres. Ces personnes offrent leur vie mais ne l’offrent pas bien. Beaucoup de gens travaillent, comme par exemple les missionnaires qui donnent la vie, mais pour construire. Là on donne la vie en s’autodétruisant, pour détruire".

Sur la sécurité dans les voyages pontificaux et les menaces terroristes: ''La meilleure manière de répondre est d’être aimable. Etre aimable et humble... Ce sont les fidèles qui me préoccupent et j’ai parlé de cela avec les services de sécurité au Vatican. Si j’ai peur? J’ai un défaut, une grande dose d’inconscience... mais je sais que des mesures de sécurité sont prises, prudentes et sûres''.


Sur la liberté religieuse et la liberté d’expression: ''Il s’agit de deux droits fondamentaux... Allons à Paris, parlons clairement. Chacun a le droit de pratiquer sa religion, sans offenser, librement... on ne peut offenser, faire une guerre, tuer au nom de sa religion, au nom de Dieu. Ce qui se passe actuellement nous touche. Mais nous pensons toujours à notre histoire, combien de guerres de religion nous avons fait... nous aussi nous sommes pécheurs pour cela. Mais on ne peut pas tuer au nom de Dieu, c’est une aberration... Chacun a non seulement la liberté, le droit mais aussi l’obligation de dire ce qu’il pense pour aider le bien commun... mais sans offenser. Il est vrai que l’on ne peut réagir violemment, mais si un de mes amis insulte ma mère, je lui mets un coup de poing! C’est normal, on ne peut pas provoquer, on ne peut insulter la foi des autres... Il y a une limite, et dans la liberté d’expression il y a aussi des limites".

Le Pape salue le courage des philippins face aux calamités naturelles


Cité du Vatican, 16 janvier 2015 (VIS). Ce matin à Manille (heure locale), le Pape s'est rendu au palais présidentiel où, après une brève cérémonie protocolaire, il s'est entretenu quarante cinq minutes en privé avec le chef de l'Etat et sa famille. Après quoi, il a gagné le salon d'honneur pour s'adresser aux corps constitués réunis. Voici le discours du Saint-Père:

"Ma visite est avant tout pastorale. Elle a lieu alors que l’Eglise de ce pays se prépare à célébrer le cinquième centenaire de la première proclamation de l’Evangile... Le message chrétien a eu une immense influence sur la culture philippine. Mon espérance est que cet important anniversaire mette en relief sa fécondité constante et sa capacité à inspirer une société digne de la bonté, de la dignité et des aspirations du peuple philippin. Cette visite veut, en particulier, exprimer ma proximité à nos frères et sœurs qui ont connu la souffrance, la perte et la dévastation causées par le typhon Yolanda". Nous avons tous "admiré la force héroïque, la foi et la résistance dont ont fait preuve beaucoup de Philippins face à ce désastre. Ces vertus, enracinées principalement dans l’espérance et la solidarité inculquées par la foi chrétienne, ont été à l’origine d’une profusion de bonté et de générosité, surtout de la part de beaucoup de jeunes. En ce moment de crise nationale, d’innombrables personnes sont venues en aide à leurs voisins dans le besoin. Avec grand sacrifice, ils ont offert leur temps et leurs ressources, en créant un réseau de secours mutuels et d’engagements pour le bien commun. Cet exemple de solidarité dans le travail de reconstruction nous enseigne une leçon importante. Toute société, telle une famille, puise dans ses ressources les plus profondes pour affronter de nouveaux défis.

Comme beaucoup d’autres pays d’Asie, les Philippines se trouvent devant la nécessité de construire une société moderne solidement fondée, une société respectueuse des valeurs humaines, qui garde notre dignité ainsi que les droits humains, fondés sur Dieu, et qui soit prête à affronter de nouvelles et complexes questions éthiques et politiques. Comme l’ont signalé de nombreuses voix, il est maintenant plus que jamais nécessaire que les dirigeant politiques se distinguent par leur honnêteté, leur intégrité et leur responsabilité envers le bien commun. Ils pourront ainsi préserver les riches ressources humaines et naturelles avec lesquelles Dieu a béni ce pays. Ils seront ainsi capables de gérer les ressources morales nécessaires pour affronter les requêtes du présent, et transmettre aux générations futures une société vraiment juste, solidaire et pacifique. L’exigence morale d’assurer la justice sociale et le respect de la dignité humaine est essentielle à la réalisation de ces objectifs nationaux. La grande tradition biblique prescrit à tous les peuples le devoir d’entendre la voix des pauvres et de briser les chaînes de l’injustice et de l’oppression qui donnent lieu à de...scandaleuses inégalités sociales. La réforme des structures sociales qui entretiennent la pauvreté et l’exclusion des pauvres, requiert avant tout une conversion de l’esprit et du cœur. Les évêques des Philippines ont demandé que cette année soit proclamée Année des pauvres. J’espère que cette requête prophétique provoquera en chacun, à tous les niveaux de la société, le refus ferme de toute forme de corruption qui détourne les ressources destinées aux pauvres. Puisse-t-elle inspirer des efforts concertés pour inclure tout homme, toute femme et tout enfant dans la vie de la communauté.

Un rôle fondamental pour le renouvellement de la société est joué, naturellement, par la famille et spécialement par les jeunes. Un aspect particulier de ma visite sera ma rencontre avec les familles et avec les jeunes ici à Manille. Les familles ont une mission indispensable dans la société. C’est dans la famille que les enfants grandissent dans des valeurs saines, des idéaux élevés, et dans une authentique préoccupation pour les autres. Mais, comme tous les dons de Dieu, la famille peut aussi être défigurée et détruite. Elle a besoin de notre appui. Nous savons combien il est difficile aujourd’hui pour nos démocraties de préserver et de défendre ces valeurs humaines de base, comme le respect de l’inviolable dignité de toute personne humaine, le respect des droits à la liberté de conscience et de religion, le respect de l’inaliénable droit à la vie, depuis celle des enfants qui ne sont pas encore nés, jusqu’à celle des personnes âgées et des malades. Pour cette raison, les familles et les communautés doivent être encouragées et assistées dans leurs efforts pour transmettre aux jeunes les valeurs et la vision qui peut aider à créer une culture de l’intégrité... Il faut faire honneur à la bonté, à la sincérité, à la fidélité et à la solidarité qui sont les fondements solides et le ciment moral qui maintiennent unie la société". Par ailleurs, "je ne peux pas manquer de mentionner le rôle important des Philippines dans la promotion de la compréhension et de la coopération entre les pays d’Asie, ainsi que la contribution, souvent négligée mais non moins réelle, des philippins de la diaspora à la vie et au bien être des sociétés dans lesquelles ils vivent. C’est précisément à la lumière du riche héritage culturel et religieux dont votre nation est fière, que je vous lance un défi et un encouragement. Puissent les plus profondes valeurs spirituelles du peuple philippin continuer à trouver leur expression dans l’effort pour procurer à vos concitoyens un développement humain intégral. De cette manière, toute personne sera capable de réaliser ses propres potentialités et ainsi contribuer sagement et bien à l’avenir du pays. J’ai confiance que les efforts..de promotion du dialogue et de la coopération entre les différentes religions porteront du fruit dans la poursuite de ce noble objectif. De façon particulière, j’exprime ma confiance que les progrès accomplis pour apporter la paix dans le sud du pays produiront des solutions justes en accord avec les principes fondateurs de la nation et dans le respect des droits inaliénables de tous, y compris ceux des populations indigènes et des minorités religieuses". 

Messe dans la cathédrale de Manille


Cité du Vatican, 16 janvier 2015 (VIS). Après sa visite au palais présidentiel, le Saint-Père s'est rendu en voiture à la cathédrale de Manille, la mère de toutes les églises du pays, érigée en basilique mineure par Jean-Paul II. L'édifice actuel, qui remonte aux années 1950, occupe l'emplacement de la première église de 1581, détruite par un typhon et plusieurs fois reconstruite après incendies, séismes et bombardements de la seconde guerre mondiale. Elle vient de connaître une ultime restauration et n'a été réouverte au culte qu'en avril 2014. Le Saint-Père a concélébré la messe avec les évêques philippins, en présence du clergé, de séminaristes et religieux. Voici son homélie:

Le Seigneur a demandé à Pierre: M’aimes-tu? Puis lui a dit: Pais mes agneaux. "Ces paroles de l’Evangile du jour sont les premières paroles que je vous adresse... Elles nous rappellent quelque chose d’essentiel, que tout ministère pastoral est né de l’amour. Tout ministère pastoral est né de l’amour. Toute vie consacrée est un signe de l’amour réconciliateur du Christ. Comme sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, dans la variété de nos vocations, chacun de nous est appelé, en quelque sorte, à être l’amour dans le cœur de l’Eglise. Je vous salue avec affection, et vous demande de la porter à vos frères et sœurs âgés et malades et à tous ceux qui nous pas pu s’unir à nous. Alors que l’Eglise aux Philippines se prépare au cinquième centenaire de son évangélisation, nous éprouvons de la gratitude pour l’héritage laissé par tant d’évêques, de prêtres et de religieux du passé. Ils se sont efforcés, non seulement de prêcher l’Evangile et de construire l’Eglise dans ce pays, mais aussi de forger une société inspirée du message évangélique de la charité, du pardon et de la solidarité au service du bien commun. Aujourd’hui vous continuez ce travail d’amour. Comme eux, vous êtes appelés à construire des ponts, à paître le troupeau du Christ, et à préparer de nouvelles voies à l’Evangile en Asie à l’aube d’une ère nouvelle. L’amour du Christ nous saisit: Dans la première lecture, Paul nous dit que l’amour que nous sommes appelés à proclamer est un amour réconciliateur, qui coule du cœur du Sauveur crucifié. Nous sommes appelés à être ambassadeurs au nom du Christ. Notre ministère est un ministère de réconciliation. Nous proclamons la Bonne Nouvelle de l’amour, de la miséricorde et de la compassion infinis de Dieu. Nous proclamons la joie de l’Evangile, qui est la promesse de la grâce de Dieu, qui seule peut apporter plénitude et guérison à notre monde abimé. L’Evangile peut inspirer la construction d’un ordre social vraiment juste et racheté. Etre ambassadeur du Christ signifie avant tout inviter chacun à une rencontre personnelle renouvelée avec le Seigneur. Notre rencontre personnelle avec lui. Cette invitation doit être au centre de votre commémoration de l’évangélisation des Philippines. Mais l’Évangile est aussi une exhortation à la conversion, à un examen de conscience, comme individu et comme peuple.

Comme l’ont justement enseigné les évêques des Philippines, votre Eglise est appelée à reconnaître et combattre les causes de l’inégalité et de l’injustice, profondément enracinées, qui salissent le visage de la société, en s’opposant clairement aux enseignements du Christ. L’Evangile appelle les chrétiens à avoir des vies honnêtes, intègres, et soucieuses du bien commun. Mais il appelle aussi les communautés chrétiennes à créer des cercles d’intégrité, des réseaux de solidarité qui peuvent pousser à embrasser et à transformer la société par leur témoignage prophétique. Les pauvres...sont au cœur de l’Evangile. Si nous les enlevons de l’Evangile, nous ne pouvons pas comprendre la totalité du message de Jésus-Christ. Comme ambassadeurs du Christ, nous, évêques, prêtres et religieux, devrions être les premiers à accueillir sa grâce réconciliatrice dans nos cœurs. Saint Paul explique ce que cela signifie. Cela signifie rejeter les perspectives mondaines, en regardant de nouveau toute chose à la lumière du Christ. Cela implique que nous soyons les premiers à examiner notre conscience, à reconnaître nos échecs et nos chutes, et à emprunter la voie de la conversion continuelle, chaque jour la conversion. Comment pouvons-nous proclamer aux autres la nouveauté et le pouvoir libérateur de la Croix, si nous-mêmes ne permettons pas à la parole de Dieu de secouer notre complaisance, notre peur de changer, nos compromissions mesquines avec les manières de ce monde, notre mondanité spirituelle. Pour nous, prêtres et personnes consacrées, la conversion à la nouveauté de l’Evangile implique une rencontre quotidienne avec le Seigneur dans la prière. Les saints nous enseignent que c’est la source de tout zèle apostolique. Pour nous vivre la nouveauté de l’Evangile signifie aussi retrouver toujours, dans la vie de la communauté et les apostolats de la communauté, l’incitation à une union toujours plus étroite avec le Seigneur dans la charité parfaite. Pour nous tous, cela signifie vivre de manière à refléter la pauvreté du Christ, dont la vie entière était centrée sur l’accomplissement de la volonté du Père et le service les autres. La grande menace à cela, naturellement, est de tomber dans un certain matérialisme qui peut s’insinuer dans nos vies et compromettre le témoignage que nous donnons. C’est seulement en devenant nous-mêmes pauvres, en devenant nous-mêmes pauvres, en renonçant à notre auto-accomplissement, que nous pourrons nous identifier aux derniers de nos frères et sœurs. Nous verrons les choses sous une lumière nouvelle et nous pourrons ainsi répondre avec honnêteté et avec intégrité au défi d’annoncer la radicalité de l’Evangile dans une société habituée à l’exclusion, à la polarisation et à la scandaleuse inégalité.
Je voudrais maintenant m'adresser aux jeunes prêtres, religieux et séminaristes présents. Je vous demande de partager la joie et l’enthousiasme de votre amour pour le Christ et pour l’Eglise avec tous, mais surtout avec ceux de votre âge. Soyez présents au milieu des jeunes qui peuvent être désorientés et découragés, et qui cependant continuent de voir l’Eglise comme leur amie sur le chemin et une source d’espérance. Soyez proches de ceux qui, en vivant au milieu d’une société alourdie par la pauvreté et par la corruption, sont découragés en esprit, tentés de tout laisser tomber, d’arrêter l’école et de vivre dans les rues. Proclamez la beauté et la vérité du message chrétien à une société qui est tentée par des présentations confuses de la sexualité, du mariage et de la famille", réalités de plus en plus attaquées par des forces puissantes qui menacent de défigurer le plan de Dieu sur la création et de trahir les vraies valeurs qui ont inspiré et donné forme à tout ce qu’il y a de beau dans votre culture. La culture philippine, en effet, a été pétrie par la créativité de la foi. Les Philippins sont connus pour leur amour de Dieu, pour leur piété fervente et pour leur chaleureuse dévotion à Notre Dame et au Rosaire leur amour de Dieu... Ce grand héritage contient un fort potentiel missionnaire. C’est la manière dont votre peuple a inculturé l’Evangile et continue à accueillir son message. Dans votre effort de préparation au cinquième centenaire, construisez sur ces bases solides. Le Christ est mort pour tous de sorte que, en étant morts en lui, nous puissions vivre non plus pour nous-mêmes mais pour lui... J’implore de Marie, Mère de l’Eglise, de faire surgir pour vous tous une telle abondance de zèle, que vous puissiez vous dépenser avec abnégation au service de nos frères et sœurs. De cette manière, puisse l’amour réconciliateur du Christ pénétrer encore plus pleinement dans le tissu de la société philippine et, à travers vous, jusqu’aux recoins les plus lointains du monde".


Après la messe, le Pape François s'est rendu dans un foyer proche, appartenant à la fondation Tulay ng Kabataan, abritant des enfants des rues, avec trois cent desquels il a conversé pendant une vingtaine de minutes, entouré de leurs manifestations d'affection. Puis il a regagné la nonciature pour dîner et passer sa seconde nuit aux Philippines.

Les familles, disciples et missionnaires


Cité du Vatican, 16 janvier 2015 (VIS). A 17 h (heure locale) le Pape s'est rendu en voiture découverte au palais des sports Mall of Asia Arena pour la dernière phase de son séjour à Manille, pour y rencontrer 20.000 fidèles représentants les familles catholiques des Philippines. Après chants et danses, il s'est adressé à l'assemblée

"Chères familles, chers amis dans le Christ, merci de votre présence...et pour votre témoignage d'amour envers Jésus et son Eglise... Je remercie tout particulièrement ceux qui ont présenté leurs témoignages et ont partagé leur vie de foi avec nous. L'Ecriture parle rarement de saint Joseph, mais quand elle le fait, nous le trouvons souvent en train de se reposer, en présence d'un ange qui lui révèle la volonté de Dieu... Ce soir, je voudrais me reposer dans le Seigneur avec vous tous, et réfléchir avec vous sur le don de la famille. Le sommeil de Joseph lui a révélé la volonté de Dieu. En ce moment de repos dans le Seigneur, en faisant une pause dans nos nombreux devoirs et activités, Dieu nous parle, à nous aussi. Il nous parle dans la lecture que nous avons écoutée, dans nos prières et dans les témoignages, ainsi que dans le silence de notre cœur. Réfléchissons sur ce que le Seigneur nous dit, spécialement dans l’Evangile à peine lu. Il y a trois aspects de ce passage que je vous demande de prendre en considération: Se reposer dans le Seigneur, se lever avec Jésus et Marie, et être une voix prophétique.
Se reposer dans le Seigneur: Le repos est bien nécessaire à la santé de nos esprits et de nos corps, et pourtant souvent il est difficile d’y parvenir, à cause des nombreuses exigences qui pèsent sur nous. Le repos est aussi essentiel pour notre santé spirituelle. Ainsi nous pouvons écouter la voix de Dieu et comprendre ce qu’il nous demande. Joseph a été choisi par Dieu pour être le père adoptif de Jésus et l’époux de Marie. En tant que chrétiens, nous sommes nous aussi appelés, comme Joseph, à offrir une maison à Jésus. Vous préparez une maison pour lui dans vos cœurs, dans vos familles, dans vos paroisses et dans vos communautés. Pour écouter et accepter l’appel de Dieu, pour construire une maison à Jésus, vous devez être en mesure de vous reposer dans le Seigneur. Vous devez trouver le temps, chaque jour, pour prier. Mais vous pourriez me dire vouloir prier mais avoir top de travail à accomplir. Je dois prendre soin de mes enfants, j’ai les travaux domestiques, je suis trop fatigué même pour dormir. Cela pourrait être vrai, mais si nous ne prions pas, nous ne connaîtrons jamais la chose la plus importante de toutes, le dessein de Dieu pour nous. En outre, dans toute notre activité, dans la multiplicité de nos occupations, sans la prière, nous obtiendrons vraiment peu. Se reposer dans la prière est particulièrement important pour les familles. Avant tout, c’est en famille que nous apprenons à prier. Là, nous arrivons à connaître Dieu, à grandir comme hommes et femmes de foi, à nous voir comme membres de la plus grande famille de Dieu, l’Eglise. En famille, nous apprenons à aimer, à pardonner, à être généreux et ouverts et non fermés et égoïstes. Nous apprenons à aller au-delà de nos besoins, à rencontrer les autres et à partager nos vies avec eux. Voilà pourquoi il est si important de prier en tant que famille. Voilà pourquoi les familles sont si importantes dans le plan de Dieu pour l’Eglise... Ces précieux moments de repos, de pause de prière avec le Seigneur, sont des moments que nous voudrions peut-être pouvoir prolonger. Mais comme Joseph, une fois écoutée la voix de Dieu, nous devons nous réveiller de notre sommeil. Nous devons nous lever et agir. La foi ne nous retire pas du monde, mais elle nous y insère davantage. Chacun de nous, en effet, joue un rôle spécial dans la préparation de la venue du Royaume dans notre monde. Tout comme le don de la Sainte Famille a été confié à saint Joseph, ainsi le don de la famille et sa place dans le plan de Dieu nous sont confiés. L’Ange du Seigneur a révélé à Joseph les dangers qui menaçaient Jésus et Marie, les obligeant à fuir en Egypte et puis à s’établir à Nazareth. De la même manière, en notre temps, Dieu nous appelle à reconnaître les dangers qui menacent nos propres familles et à les protéger du mal.
Les pressions sur la vie de la famille sont aujourd’hui nombreuses. Aux Philippines, d’innombrables familles souffrent encore des conséquences des catastrophes naturelles. La situation économique a provoqué la désintégration des familles avec l’émigration et la recherche d’un emploi. En outre, des problèmes financiers étreignent beaucoup de foyers. Tandis que trop de personnes vivent dans la pauvreté extrême, d’autres sont saisies par le matérialisme et par des styles de vie qui détruisent la vie familiale et les exigences les plus fondamentales de la morale chrétienne. La famille est aussi menacée par les efforts croissants de certains pour redéfinir l’institution même du mariage à travers le relativisme, la culture de l’éphémère et un manque d’ouverture à la vie. Notre monde a besoin de bonnes et fortes familles pour vaincre ces menaces. Votre pays a besoin de familles saintes et pleines d’amour pour protéger la beauté et la vérité de la famille dans le plan de Dieu, et constituer un soutien ainsi qu’un exemple pour les autres familles. Chaque menace à la famille est une menace à la société elle-même. Comme Jean-Paul II l’a souvent dit, l’avenir de l’humanité,passe par la famille. Protégez donc vos familles! Voyez en elles le plus grand trésor de votre nation et nourrissez-les toujours de la prière et de la grâce des sacrements. Les familles auront toujours leurs épreuves, elles n’ont pas besoin qu’on leur en rajoute d’autres. Au contraire, soyez des exemples d’amour, de pardon et d’attention. Soyez des sanctuaires de respect pour la vie, en proclamant la sacralité de chaque vie humaine depuis la conception jusqu’à la mort naturelle. Quel grand don ce serait pour la société, si chaque famille chrétienne vivait pleinement sa noble vocation. Alors, levez-vous avec Jésus et Marie, et préparez-vous à parcourir la route que le Seigneur trace pour chacun de vous.


Enfin, l’Evangile que nous avons écouté nous rappelle que notre devoir de chrétiens est d’être des voix prophétiques au sein de nos communautés. Joseph a écouté la voix de l’Ange du Seigneur et a répondu à l’appel de Dieu de prendre soin de Jésus et de Marie. Ainsi, il a joué son rôle dans le plan de Dieu et il est devenu une bénédiction non seulement pour la Sainte Famille, mais une bénédiction pour toute l’humanité. Avec Marie, Joseph a servi de modèle pour l’Enfant Jésus pendant qu’il grandissait en sagesse, en âge et en grâce. Quand les familles donnent naissance aux enfants dans notre monde, les éduquent à la foi ainsi qu’aux valeurs saines, et leur enseignent à offrir leur contribution à la société, elles deviennent une bénédiction pour notre monde. L’amour de Dieu devient présent et actif à la manière dont nous nous aimons et par les bonnes œuvres que nous réalisions. Nous faisons croître le royaume du Christ en ce monde. En faisant cela, nous nous montrons fidèles à la mission prophétique que nous avons reçue dans le baptême. Durant cette année, que vos évêques ont choisie comme Année des pauvres, je recommande aux familles d’être particulièrement attentives à notre appel à être disciples missionnaires de Jésus. Cela signifie être prêt à aller au-delà des limites de vos maisons et prendre soin des frères et sœurs plus nécessiteux. Je vous demande de vous intéresser spécialement à ceux qui n’ont pas leur propre famille, en particulier à ceux qui sont âgés et aux enfants privées de leurs parents. Ne les laissez jamais se sentir isolés, seuls et abandonnés, mais aidez-les à se rendre compte que Dieu ne les a pas oubliés. Vous pourriez être vous aussi pauvres dans le sens matériel, mais vous avez une abondance de dons à offrir quand vous offrez le Christ et la communauté de son Eglise. Ne cachez pas votre foi, ne cachez pas Jésus, mais portez-le au monde et offrez le témoignage de votre vie de famille... Je prie pour que le Seigneur continue d’approfondir votre amour pour lui et que cet amour puisse se manifester à travers votre amour réciproque et votre amour pour l’Eglise. Priez souvent et portez les fruits de votre prière dans le monde, que tous puissent connaître Jésus-Christ et son amour miséricordieux. S’il vous plaît, priez aussi pour moi, j’ai vraiment besoin de vos prières et je compte toujours sur elles".

Fin de la réunion des Commissions doctrinales européennes


Cité du Vatican, 16 janvier 2015 (VIS). A Esztergom (Hongrie) s'est conclue hier la réunion des Présidents des Commissions doctrinales des Conférences épiscopales européennes, à laquelle ont également pris part le Cardinal Préfet et le Secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi. En ouverture des travaux le 13 janvier, le Cardinal Gerhard Ludwig Müller a lu une lettre du Pape soulignant l'importance d'encourager les divers épiscopats et leurs commissions doctrinales dans leur responsabilité en matière d'unité et d'intégrité de la foi, mais aussi de sa transmission aux jeunes générations. Faisant ensuite référence à l'exhortation Evangelii Gaudium, il a dit espérer que la réunion pourrait contribuer à envisager collégialement certaines questions doctrinales et pastorales délicates, de manière à susciter chez les fidèles un sursaut missionnaire, une plus grande ouverture au caractère transcendant de la vie sans laquelle l'Europe risque de perdre l'humanisme qu'elle se plaît à défendre. Le rapport présenté par le Cardinal Müller a abordé la nature théologique des commissions doctrinale et le rôle des évêques comme maîtres de foi. Ensuite, les débats ont porté sur l'unicité et l'universalité salvifique du Christ et sur l'annonce évangélique comme première mission de l'Eglise. Le second jour, il a été question de la théorie du genre, de l'anthropologie chrétienne et de la liberté religieuse. Le lendemain, de la nouvelle évangélisation, du sacrement de la pénitence et du fonctionnement de la commission doctrinale épiscopale. Cette réunion a permis de renforcer la collaboration entre ces organes des épiscopats européens et la Congrégation pour la doctrine de la foi, en vue de mieux envisager les enjeux doctrinaux qui se posent à l'Europe.

Autres actes pontificaux


Cité du Vatican, 16 janvier 2015 (VIS). Le Saint-Père a nommé:

L'Abbé José María Baliña, Auxiliaire de l'Archevêque de Buenos Aires (Argentine). L'Evêque élu, né en 1959 à Buenos Aires (Argentine) et ordonné prêtre en 1989, était jusqu'ici Curé Doyen de la paroisse St.Isidro Labrador à Buenos Aires. Ingénieur agronome, il a été curé de paroisses, Membre du Presbyterium, Vice Président de l'association ecclésiale St.Pierre.

Mgr.Nicholas James Samra, Evêque melkite de Newton (USA), Administrateur apostolique de l'éparchie melkite de Notre Dame del Paraíso en México (Mexique).


jeudi 15 janvier 2015

Le Pape François est arrivé aux Philippines


Cité du Vatican, 15 janvier 2015 (VIS). Tôt ce matin (heure locale), le Saint-Père a quitté la nonciature de Colombo pour l'aéroport, faisant halte à l'Institut culturel Benoît XVI de Bolawalana. Il a prié un instant en la chapelle Notre Dame de Lanka, où l'attendaient la communauté jésuite voisine, un choeur et des pêcheurs locaux. Le Recteur lui a présenté les 250 ouvriers ayant pris part à la construction du centre. La chapelle de Lanka, qui remonte à 1911 et qui était l'objet d'un pèlerinage marial, était initialement dédié à la Vierge de Lourdes. A l'orée de la seconde guerre mondiale, l'Archevêque de Colombo le Cardinal Masson fit le voeu de construire un sanctuaire si la Vierge épargnait le pays. La nouvelle église fut consacrée en 1974 et Paul VI lui concéda le titre de basilique mineure. Quant à l'Institut culturel Benoît XVI, il fut lancé par le Cardinal Malcolm Ranjith en 2011, dans le but de favoriser la réconciliation nationale après une guerre civile de trente ans.


A 9 h locales, après avoir pris congé du chef de l'Etat et des autorités srilankaises, le Pape a embarqué à destination des Philippines, deuxième étape de son voyage en Asie. Après un peu plus de six heures de voyage, l'avion papal a atterri à Manille, où l'attendaient le Président Benigno Aquino III et les corps constitués. Après une cérémonie de bienvenue brève mais colorée, au soleil couchant, il a gagné en voiture le coeur de la capitale philippine, salué par une foule compacte sur les neuf km du trajet. A la nonciature apostolique, avant de passer sa première nuit aux Philippines, le Saint-Père a dîné avec ses collaborateurs. 

Accord Serbie Saint-Siège sur l'enseignement supérieur


Cité du Vatican, 15 janvier 2015 (VIS). Par consensus, la Serbie et le Saint-Siège ont fait entrer en vigueur le 12 janvier l'Accord du 27 juin 2014 qui règle leur collaboration en matière d'enseignement supérieur et en fixe les principes et les dispositions.   

Autres actes pontificaux


Cité du Vatican, 15 janvier 2015 (VIS). Le Saint-Père a:

Confirmé l'élection de l'Abbé Basel Yaldo comme Auxiliaire du Patriarche chaldéen. L'Evêque élu, né en 1970 à Telkaif (Irak) et ordonné prêtre en 2002, était jusqu'ici Curé de paroisse aux Etats-Unis d'Amérique. Docteur en théologie, il a été professeur et Vice Recteur du grand séminaire chaldéen de Badgad (Irak), secrétaire particulier du défunt Patriarche, le Cardinal Emmanuel III Delly.

Nommé Mgr.Amel Shamon Nona, Evêque de l'éparchie chaldénne de St.Thomas Apôtre à Sydney (Australie). Jusqu'ici Archevêque chaldéen de Mossoul (Irak), il conserve le rang archiépiscopal et succède à Mgr.Djibraïl Kassab, dont la renonciation a été acceptée. Docteur en théologie, il a exercé son ministère sacerdotal près l'éparchie chaldénne de de St.Thomas Apôtre à Detroit (USA).


Nommé le Chorévêque Emmanuel Challita, Evêque de l'éparchie chaldénne de Mar Addai à Toronto (Canada). L'Evêque élu, né en 1956 à Fishkabour - Zakho (Irak) et ordonné prêtre en 1984, était jusqu'ici curé de paroisse aux Etats-Unis d'Amérique. Docteur en théologie, il a exercé son ministère sacerdotal près l'éparchie chaldénne de de St.Thomas Apôtre à Detroit (USA).

mercredi 14 janvier 2015

Le premier saint srilankais

Le premier saint srilankais
Cité du Vatican, 14 janvier 2015 (VIS). Ce matin à Colombo (8 h 30' locales) le Pape s'est rendu au parc Galle Face Green où, il y a quinze ans, Jean-Paul II avait béatifié Joseph Vaz. Devant près d'un demi million de fidèles, il a célébré la messe de canonisation du premier saint local, né à Goa en en 1651 dans une famille locale chrétienne de la classe brahmanique (colonie portugaise). D'abord prêtre de l'Oratoire, il gagna en 1687 la partie de Ceylan (actuel Sri Lanka) qui, sous domination hollandaise, ne comptait aucun prêtre catholique. Il exerça son ministère clandestinement. Arrêté et incarcéré, il fut relâché et put retourner dans le royaume bouddhiste de Kandy (centre de l'île), où il fut autorisé en 1696 à prêcher. Devenu Vicaire pour l'île, il mourut d'épuisement en 1711. Voici l'homélie prononcée par le Saint-Père:

"Comme de très nombreux autres missionnaires dans l’histoire de l’Eglise, il a répondu au commandement du Ressuscité de faire de toutes les nations des disciples. Par ses paroles, mais, plus important, par l’exemple de sa vie, il a conduit le peuple de cette nation à la foi qui nous donne l’héritage parmi tous les sanctifiés. Nous voyons chez saint Joseph Vaz un signe éloquent de la bonté et de l’amour de Dieu pour le peuple du Sri Lanka. Mais nous voyons aussi en lui une incitation à persévérer sur la voie de l’Evangile, à grandir nous-mêmes en sainteté, et à témoigner du message évangélique de réconciliation auquel il a consacré sa vie. Pour de nombreuses raisons, il continue d’être un exemple et un maître.

Avant tout, il fut un prêtre exemplaire. Il y a ici avec nous aujourd’hui beaucoup de prêtres, de religieux et religieuses qui, comme Joseph Vaz, sont consacrés au service de l’Evangile de Dieu et du prochain. J’encourage chacun de vous à regarder Saint Joseph Vaz comme un guide sûr. Il nous apprend à sortir vers les périphéries, pour que Jésus-Christ soit connu et aimé partout. Il est aussi un exemple de souffrance patiente pour la cause de l’Evangile, d’obéissance aux supérieurs, de soin affectueux pour l’Eglise de Dieu. Comme nous, il a vécu à un moment de rapide et profonde transformation. Les catholiques étaient une minorité, souvent divisée de l’intérieur. Au dehors il y avait une hostilité occasionnelle, et même de la persécution. Malgré cela, parce qu’il fut constamment uni par la prière au Seigneur crucifié, il a été capable de devenir pour tous une icône vivante de l’amour miséricordieux et réconciliateur de Dieu. En second lieu, saint Joseph nous a montré l’importance de dépasser les divisions religieuses pour le service de la paix. Son amour indivis de Dieu l’a ouvert à l’amour du prochain. Il a exercé son ministère pour les personnes qui étaient dans le besoin, quelles qu’elles soient, et où qu’elles soient. Son exemple continue à inspirer l’Eglise au Sri Lanka aujourd’hui. Bien volontiers et généreusement, elle sert tous les membres de la société. Elle ne fait pas de distinctions de race, de credo, d’appartenance tribale, de condition sociale ni de religion dans le service qu’elle rend à travers ses écoles, ses hôpitaux, cliniques et de nombreuses autres œuvres de charité. Elle ne demande rien d’autre que la liberté d’accomplir sa mission. La liberté religieuse est un droit humain fondamental. Tout individu doit être libre, seul ou associé avec d’autres, de chercher la vérité, d’exprimer ouvertement ses convictions religieuses, libre des intimidations et des contraintes extérieures. Comme la vie de Joseph Vaz nous l’enseigne, l’authentique adoration de Dieu conduit non pas à la discrimination, à la haine et à la violence, mais au respect de la sacralité de la vie, au respect de la dignité et de la liberté des autres, et à l’engagement affectueux pour le bien-être de tous. Enfin, saint Joseph nous donne un exemple de zèle missionnaire. Bien qu’il soit venu à Ceylan pour être prêtre au service de la communauté catholique, dans sa charité évangélique il est allé vers tous. Laissant derrière lui sa maison, sa famille, le confort de ses lieux familiers, il a répondu à l’appel d’aller au-delà, de parler du Christ partout où il serait conduit. Saint Joseph savait comment offrir la vérité et la beauté de l’Evangile dans un contexte multi-religieux, avec respect, dévouement, persévérance et humilité. C’est encore la voie pour les disciples de Jésus aujourd’hui. Nous sommes appelés à aller plus loin avec le même zèle, avec le même courage que saint Joseph, mais aussi avec sa sensibilité, avec son respect des autres, avec son désir de partager avec eux cette parole de grâce qui a le pouvoir de les édifier. Nous sommes appelés à être disciples-missionnaires.

Chers frères et sœurs, je prie pour que, en suivant l’exemple de saint Joseph Vaz, les chrétiens de ce pays puissent être confirmés dans la foi et donner une contribution toujours plus grande à la paix, à la justice et à la réconciliation de la société srilankaise. C’est ce que le Christ vous demande. C’est ce que Saint Joseph vous enseigne. C’est ce dont l’Eglise a besoin de votre part. Je vous confie tous aux prières de notre nouveau saint pour que, en union avec l’Eglise répandue dans le monde, vous puissiez chanter un chant nouveau au Seigneur et proclamer sa gloire jusqu’au bout de la terre. Parce que le Seigneur est grand et digne de toute louange".

A la fin de la messe, le Pape a remis au Cardinal Albert Malcolm Ranjith Patabendige Don, Archevêque de Colombo, une reproduction du décret gravé sur cuivre par lequel le roi de Kandy Keerthi Sri Rajasinghe autorisa dès 1694 les oratoriens à prêcher, à convertir ses sujets et à bâtir des églises. L'original avait été offert à Léon XIII par un prédécesseur du Cardinal Archevêque de Colombo. Les catholiques srilankais ont fait don au Saint-Père de 70.000 US$ à usage caritatif.

Reconstruire l'unité entre tamouls et singalais


Cité du Vatican, 14 janvier 2015 (VIS). Après la messe de Colombo, le Saint-Père a gagné par hélicoptère le sanctuaire de Notre Dame de Madhu, à 250 km au nord de la capitale, dans une région à majorité tamoule. En 1544, des chrétiens survivants d'un massacre ordonné par le roi de Jaffna trouvèrent refuge en ce lieu, où ils construisirent un oratoire. En 1583 fut construite une première chapelle. Après la fin des persécutions hollandaises, débarqués à Ceylan en 1656, d'autres réfugiés chrétiens y placèrent une icône de la Vierge. Avec le concours de coreligionnaires portugais, cette communauté construisit la première église. Le succès du sanctuaire marial se développa avec Joseph Vaz, qui en fait un centre missionnaire. L'édifice actuel, qui remonte à 1872, a été consacré en 1944. En 1924 fut couronnée la Vierge de Madhu. A la demande des évêques, le sanctuaire fut respecté durant toute la guerre civile. Zone démilitarisée, Madhu abrita des réfugiés au point qu'à partir de 1990 le domaine devint un véritable camp. Restitué au diocèse de Mannar, le culte y est rétabli depuis décembre 2010. Ici aussi, un demi million de fidèle est venu prier avec le Pape pour la paix qui a été établie en 2009. Voici son intervention:

"Nous nous trouvons dans la demeure de notre Mère. Ici, elle nous souhaite la bienvenue dans sa maison. Dans ce sanctuaire de Notre-Dame de Madhu, chaque pèlerin peut se sentir chez lui, puisqu’ici Marie nous introduit en la présence de son Fils Jésus. Ici, des Sri Lankais, Tamouls et Singalais viennent tous comme membres d’une authentique famille. A Marie, ils confient leurs joies et leurs souffrances, leurs espérances et leurs nécessités. Ici, dans sa maison, ils se sentent en sécurité. Ils savent que Dieu est très proche. Ils ressentent son amour et connaissent sa tendre miséricorde. Il y a ici aujourd’hui des familles qui ont souffert immensément durant le long conflit qui a lacéré le cœur du Sri Lanka. Beaucoup de personnes, du nord et du sud de la même manière, ont été tuées dans la terrible violence et dans l’effusion de sang de ces années. Aucun Sri Lankais ne peut oublier les tragiques évènements associés à ce lieu même, comme le triste jour où la vénérable statue de Marie, datant de l’arrivée des premiers chrétiens au Sri Lanka, a été enlevée de son sanctuaire. Mais Notre-Dame est restée toujours avec vous. Elle est la Mère de toute demeure, de toute famille blessée, de tous ceux qui cherchent à retourner à une existence pacifique. Aujourd’hui, nous la remercions d’avoir protégé le peuple du Sri Lanka de tant de dangers, passés et présents. Marie n’oublie jamais ses enfants de cette splendide île. Comme elle n’a jamais abandonné son Fils sur la Croix, ainsi elle n’a jamais abandonné ses enfants Sri Lankais souffrants.
Aujourd’hui, nous voulons remercier Notre-Dame pour cette présence. Après tant de haine, tant de violence et tant de destruction, nous voulons la remercier pour continuer à nous apporter Jésus, qui seul a le pouvoir de guérir les blessures ouvertes et de restaurer la paix dans les cœurs meurtris. Mais nous voulons aussi lui demander d’implorer pour nous la grâce de la miséricorde de Dieu. Nous demandons aussi la grâce de réparer nos péchés et tout le mal que cette terre a connu. Il n’est pas facile de faire cela. Cependant, c’est seulement quand nous arrivons à comprendre, à la lumière de la Croix, le mal dont nous sommes capables, et auquel peut-être nous avons pris part, que nous pouvons faire l’expérience d’un vrai remords et d’un vrai repentir. C’est seulement alors que nous pouvons recevoir la grâce de nous approcher l’un de l’autre avec une vraie contrition, en offrant et en cherchant le vrai pardon. Dans ce difficile effort de pardonner et de trouver la paix, Marie est toujours ici pour nous encourager, nous guider, nous faire faire un autre pas. Exactement comme elle a pardonné aux assassins de son Fils au pied de sa Croix, en tenant alors entre les mains son corps sans vie, ainsi maintenant elle veut guider les Sri Lankais vers une réconciliation plus grande, en sorte que le baume du pardon de Dieu et de sa miséricorde puisse produire une vraie guérison pour tous. Enfin, nous voulons demander à Marie notre Mère d’accompagner de ses prières les efforts des Sri Lankais des deux communautés tamoule et singalaise pour reconstruire l’unité qui a été perdue. Comme sa statue est revenue à son sanctuaire de Madhu après la guerre, ainsi nous prions pour que tous ses fils et filles Sri Lankais puissent retourner à la maison de Dieu dans un esprit renouvelé de réconciliation et de fraternité.


Je suis heureux d’être avec vous dans la demeure de Marie. Prions les uns pour les autres. Surtout, demandons que ce sanctuaire puisse toujours être une maison de prière et un refuge de paix. Par l’intercession de Notre-Dame de Madhu, que tous puissent trouver ici inspiration et force afin de construire un avenir de réconciliation, de justice et de paix pour tous les enfants de cette terre bien-aimée".

Le Pape salue le Président italien démissionnaire


Cité du Vatican, 14 janvier 2015 (VIS). Depuis Colombo (Sri Lanka), le Pape a fait parvenir un télégramme au Président Giorgio Napolitano, qui venait d'annoncer démissionner de sa charge de chef de l'Etat italien. Il lui exprime toute son estime et souligne le service exemplaire rendu à l'Italie, pays au sein duquel il a renforcé les idéaux de solidarité, d'unité et de concorde dans un contexte national et européen difficile.


Autres actes pontificaux


Cité du Vatican, 14 janvier 2015 (VIS). Le Saint-Père a nommé Mgr.Joseph Gerard Hanefeldt, Evêque de Grand Island (superficie 108.800, population 316.000, catholiques 55.800, prêtres 61, diacres 7, religieux 56), aux Etat-Unis d'Amérique. L'Evêque élu, né en 1958 à Creighton (USA) et ordonné prêtre en 1984, était jusqu'ici Curé de la paroisse du Christ-Roi d'Ohama (USA). Diplômé en théologie, il a été responsable diocésain des activités Pro Vita, aumônier du conseil des femmes catholiques, responsable de la formation près le Collège pontifical de l'Amérique du nord à Rome, membre du Presbyterium, curé de paroisses. Il succède à Mgr.William J.Dendinger, dont la renonciation à la charge pastorale du diocèse a été acceptée pour limite d'âge.


mardi 13 janvier 2015

Début de la visite du Pape François au Sri Lanka


Cité du Vatican, 13 janvier 2015 (VIS). Après un vol de près de dix heures (parti de Rome hier vers 19 h, heure de Rome), le Saint-Père a été accueilli à 9 h 30' locales à Colombo, la capitale du Sri Lanka, premier des deux pays asiatiques de son septième voyage apostolique. Comme Jean-Paul II, il visite ensemble ces pays, qui ont la plus forte proportion de catholiques. Au Sri Lanka, en deux jours, il prendra part à une rencontre inter-religieuse, procédera à une canonisation et priera au sanctuaire marial de Notre Dame de Madhu. Aux Philippines les trois jours suivants, il rencontrera notamment les victimes du typhon Yolanda et se rendra au sanctuaire de l'Efant Jésus de Cebu. A son arrivée, il a été accueilli par le nouveau chef de l'état M.Maithripala Sirisena, les corps constitués et un choeur de 2.000 enfants. Après le discours de du Président, le Pape a prononcé le discours suivant:

"Ma visite au Sri Lanka est, en premier lieu, pastorale. En tant que pasteur universel de l’Eglise catholique, je suis venu pour rencontrer et encourager les catholiques de cette île, et aussi pour prier avec eux. Un point central de cette visite sera la canonisation du bienheureux Joseph Vaz, dont l’exemple de charité chrétienne et de respect pour toute personne, sans distinction d’ethnie ou de religion, continue, aujourd’hui encore, de nous inspirer et de nous enseigner. Mais ma visite veut aussi exprimer l’amour et la sollicitude de l’Eglise pour tous les Sri-lankais, et confirmer le désir de la communauté catholique de participer activement à la vie de cette société. C’est une continuelle tragédie de notre monde que beaucoup de communautés soient en guerre entre elles. L’incapacité à réconcilier les diversités et les désaccords, qu’ils soient anciens ou nouveaux, à fait apparaître des tensions ethniques et religieuses, souvent accompagnées d’accès de violence. Pendant de nombreuses années, le Sri Lanka a connu les horreurs de la guerre civile, et à présent il cherche à consolider la paix et à soigner les blessures de ces années. Dépasser l’héritage amer d’injustices, d’hostilités et de défiance laissé par le conflit n’est pas une tâche facile. Cela ne peut être réalisé qu’en faisant vaincre le mal par le bien et en cultivant les vertus qui promeuvent la réconciliation, la solidarité et la paix. De plus, le processus de guérison demande d’inclure la recherche de la vérité, non pas dans le but d’ouvrir de vieilles blessures, mais plutôt comme moyen nécessaire pour promouvoir la justice, la guérison et l’unité.

Je suis convaincu que les personnes qui appartiennent à des traditions religieuses différentes ont un rôle essentiel à jouer dans le processus délicat de réconciliation et de reconstruction qui est en cours dans ce pays. Pour que ce processus ait lieu, il faut que tous les membres de la société travaillent ensemble et que chacun ait droit à la parole. Tous doivent être libres d’exprimer leurs propres préoccupations, leurs besoins, leurs aspirations et leurs peurs. Mais, surtout, ils doivent être prêts à s’accepter mutuellement, à respecter les diversités légitimes et apprendre à vivre comme une unique famille. Chaque fois que les personnes s’écoutent humblement et de manière ouverte, les valeurs et les aspirations communes apparaîtront toujours plus visiblement. La diversité ne sera plus vue comme une menace, mais comme une source d’enrichissement. La route vers la justice, la réconciliation et l’harmonie sociale sera vue encore plus clairement. En ce sens, la grande œuvre de reconstruction doit inclure l’amélioration des infrastructures et pourvoir aux besoins matériels, mais aussi, et c’est encore plus important, elle doit promouvoir la dignité humaine, le respect des droits de l’homme et la pleine inclusion de tous les membres de la société. Je forme le vœu que les responsables politiques, religieux et culturels du Sri Lanka, prenant la mesure du bien et de la guérison qui résulteront de chacune de leurs paroles et de leurs actions, apportent une contribution durable au progrès matériel et spirituel du peuple du Sri Lanka.
Merci encore de votre accueil. Puissent ces jours que nous passerons ensemble être des jours d’amitié, de dialogue, et de solidarité. J’invoque les abondantes bénédictions de Dieu sur le Sri Lanka, la Perle de l’Océan Indien, et je prie pour que sa beauté resplendisse pleinement en faveur de la prospérité et de la paix de tous ses habitants".


Après quoi le cortège papal a pris la direction de la capitale. La foule était telle sur le parcours que le ralentissement a contraint le Saint-Père à renoncer à sa rencontre avec l'épiscopat local, qu'il a récemment reçu à Rome. Le Cardinal Secrétaire d'Etat a été envoyé pour le substituer. Arrivé à la nonciature, il a déjeuné en privé avant de gagner par la route la présidence de la République, où il s'est entretenu avec le Président Maithripala Sirisena. Ensuite il a été présenté aux autorités gouvernementales et a assisté au lancement de l'émission philatélique commémorative du voyage papal.
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