CITE DU VATICAN, 17 SEP 2010 (VIS). A 17 h 15, dans le Westminster Hall, la salle de réception la plus ancienne du Parlement britannique, le Pape s'est adressé aux deux chambres, au corps diplomatique et aux représentants de la société civile et culturelle. Remerciant de l'accueil le Lord Speaker et le Speaker de la Chambre des Communes, il a dit penser tout d'abord, "en cette enceinte chargée d'histoire, aux hommes et aux femmes innombrables des siècles passés ayant joué un rôle important en des événements marquants" de l'histoire anglaise, en particulier saint Thomas More, "intellectuel et homme d'Etat de grande envergure, qui est admiré aussi bien par les croyants que par les non-croyants pour l'intégrité avec laquelle il a suivi sa conscience, fusse au prix de déplaire au souverain dont il était le fidèle serviteur, et cela parce qu'il avait choisi de servir Dieu avant tout. Le dilemme que More a dû affronter en des temps difficiles, l'éternelle question du rapport entre ce qui est dû à César et ce qui est dû à Dieu, m'offre l'opportunité de réfléchir brièvement avec vous sur la juste place de la croyance religieuse à l'intérieur de la vie politique.. Les questions fondamentales qui étaient en jeu dans le procès de Thomas More, continuent à se présenter, même si c'est de manière différente, à mesure qu'apparaissent de nouvelles conditions sociales. Chaque génération, en cherchant à faire progresser le bien commun, doit à nouveau se poser la question: quelles sont les exigences que des gouvernements peuvent raisonnablement imposer aux citoyens, et jusqu'où cela peut-il aller? En faisant appel à quelle autorité les dilemmes moraux peuvent-ils être résolus? et le bien commun promu? Ces questions nous mènent directement aux fondements éthiques du discours civil. Si les principes moraux qui sont sous-jacents au processus démocratique ne sont eux-mêmes déterminés par rien de plus solide qu'un consensus social, alors la fragilité du processus ne devient que trop évidente. Là est le véritable défi pour la démocratie".
"L'inaptitude des solutions pragmatiques, à court terme, devant les problèmes sociaux et éthiques complexes a été amplement démontrée par la récente crise financière mondiale. Il existe un large consensus pour reconnaître que le manque d'un solide fondement éthique de l'activité économique a contribué aux graves difficultés qui éprouvent des millions de personnes à travers le monde entier. De même que toute décision économique a une conséquence de caractère moral, ainsi, dans le domaine politique, la dimension éthique a des conséquences de longue portée qu'aucun gouvernement ne peut se permettre d'ignorer... La question centrale qui se pose est celle-ci: où peut-on trouver le fondement éthique des choix politiques? La tradition catholique soutient que les normes objectives qui dirigent une action droite sont accessibles à la raison, même sans le contenu de la Révélation. Selon cette approche, le rôle de la religion dans le débat politique" est "d'aider à purifier la raison et de donner un éclairage pour la mise en œuvre de celle-ci dans la découverte de principes moraux objectifs... Sans le correctif apporté par la religion, d'ailleurs, la raison aussi peut tomber dans des distorsions, comme lorsqu'elle est manipulée par l'idéologie, ou lorsqu'elle est utilisée de manière partiale si bien qu'elle n'arrive plus à prendre totalement en compte la dignité de la personne humaine. C'est ce mauvais usage de la raison qui, en fin de compte, fut à l'origine du trafic des esclaves et de bien d'autres maux sociaux dont les idéologies totalitaires du XX siècle ne furent pas les moindres. C'est pourquoi, je voudrais suggérer que le monde de la raison et de la foi, le monde de la rationalité séculière et le monde de la croyance religieuse reconnaissent qu'ils ont besoin l'un de l'autre, qu'ils ne doivent pas craindre d'entrer dans un profond dialogue permanent, et cela pour le bien de notre civilisation".
"La religion, en d'autres termes, n'est pas un problème que les législateurs doivent résoudre, mais elle est une contribution vitale au dialogue national. Dans cette optique, je ne puis que manifester ma préoccupation devant la croissante marginalisation de la religion, particulièrement du christianisme, qui s'installe dans certains domaines, même dans des nations qui mettent si fortement l'accent sur la tolérance. Certains militent pour que la voix de la religion soit étouffée, ou tout au moins reléguée à la seule sphère privée. D'autres soutiennent que la célébration publique de certaines fêtes, comme Noël, devrait être découragée, en arguant de manière peu défendable que cela pourrait offenser de quelque manière ceux qui professent une autre religion ou qui n'en ont pas. Et d'autres encore soutiennent paradoxalement que les chrétiens qui ont des fonctions publiques devraient être obligés en certains cas d'agir contre leur conscience. Ce sont là des signes inquiétants de l'incapacité d'apprécier non seulement les droits des croyants à la liberté de conscience et de religion, mais aussi le rôle légitime de la religion dans la vie publique. Je voudrais donc vous inviter tous, dans vos domaines d'influence respectifs, à chercher les moyens de promouvoir et d'encourager le dialogue entre foi et raison à tous les niveaux de la vie nationale. Votre disponibilité en ce sens est déjà manifeste par l'invitation exceptionnelle que vous m'avez offerte aujourd'hui. Et elle trouve aussi une expression dans les questions sur lesquelles votre Gouvernement a engagé un dialogue avec le Saint-Siège", à la recherche notamment de nouveaux moyens de promouvoir le respect de l'environnement. "Ces dernières années des signes encourageants ont pu être observés de par le monde concernant un souci plus grand de solidarité avec les pauvres. Mais pour que cette solidarité s'exprime en actions effectives, il est nécessaire de repenser les moyens qui amélioreront les conditions de vie dans de nombreux domaines, allant de la production alimentaire, à l'eau potable, à la création d'emplois, à l'éducation, au soutien des familles, spécialement les migrants, et aux soins médicaux de base. Là où des vies humaines sont en jeu, le temps est toujours court... Il ne peut être mis en doute que le développement humain intégral des peuples du monde n'est pas moins important. Voilà bien une entreprise qui mérite l'attention du monde, et qui est véritablement " trop importante pour être vouée à l'échec".
Puis le Saint-Père s'est félicité de la coopération entre le Royaume-Uni et le Saint-Siège, qui "montre bien tout les progrès qui ont été accomplis, au long des années qui se sont écoulées depuis l'établissement de relations diplomatiques bilatérales, afin de promouvoir, à travers le monde, les nombreuses valeurs fondamentales que nous partageons. J'espère et je prie pour que ces relations continuent à être fructueuses, et pour qu'elles se reflètent dans une acceptation croissante du besoin de dialogue et de respect à tous les niveaux de la société entre le monde de la raison et le monde de la foi. Je suis convaincu que, dans ce pays également, il y a de nombreux domaines où l'Eglise et les autorités civiles peuvent travailler ensemble pour le bien général... Afin que cette coopération soit possible, les communautés religieuses ainsi que les institutions liées à l'Eglise catholique, ont besoin d'être libres pour agir en accord avec leurs propres principes et leurs convictions spécifiques basés sur la foi et l'enseignement officiel de l'Église. Ainsi, ces droits fondamentaux que sont la liberté religieuse, la liberté de conscience et la liberté d'association, seront garantis".
PV-ROYAUME-UNI/ VIS 20100918 (1220)
"L'inaptitude des solutions pragmatiques, à court terme, devant les problèmes sociaux et éthiques complexes a été amplement démontrée par la récente crise financière mondiale. Il existe un large consensus pour reconnaître que le manque d'un solide fondement éthique de l'activité économique a contribué aux graves difficultés qui éprouvent des millions de personnes à travers le monde entier. De même que toute décision économique a une conséquence de caractère moral, ainsi, dans le domaine politique, la dimension éthique a des conséquences de longue portée qu'aucun gouvernement ne peut se permettre d'ignorer... La question centrale qui se pose est celle-ci: où peut-on trouver le fondement éthique des choix politiques? La tradition catholique soutient que les normes objectives qui dirigent une action droite sont accessibles à la raison, même sans le contenu de la Révélation. Selon cette approche, le rôle de la religion dans le débat politique" est "d'aider à purifier la raison et de donner un éclairage pour la mise en œuvre de celle-ci dans la découverte de principes moraux objectifs... Sans le correctif apporté par la religion, d'ailleurs, la raison aussi peut tomber dans des distorsions, comme lorsqu'elle est manipulée par l'idéologie, ou lorsqu'elle est utilisée de manière partiale si bien qu'elle n'arrive plus à prendre totalement en compte la dignité de la personne humaine. C'est ce mauvais usage de la raison qui, en fin de compte, fut à l'origine du trafic des esclaves et de bien d'autres maux sociaux dont les idéologies totalitaires du XX siècle ne furent pas les moindres. C'est pourquoi, je voudrais suggérer que le monde de la raison et de la foi, le monde de la rationalité séculière et le monde de la croyance religieuse reconnaissent qu'ils ont besoin l'un de l'autre, qu'ils ne doivent pas craindre d'entrer dans un profond dialogue permanent, et cela pour le bien de notre civilisation".
"La religion, en d'autres termes, n'est pas un problème que les législateurs doivent résoudre, mais elle est une contribution vitale au dialogue national. Dans cette optique, je ne puis que manifester ma préoccupation devant la croissante marginalisation de la religion, particulièrement du christianisme, qui s'installe dans certains domaines, même dans des nations qui mettent si fortement l'accent sur la tolérance. Certains militent pour que la voix de la religion soit étouffée, ou tout au moins reléguée à la seule sphère privée. D'autres soutiennent que la célébration publique de certaines fêtes, comme Noël, devrait être découragée, en arguant de manière peu défendable que cela pourrait offenser de quelque manière ceux qui professent une autre religion ou qui n'en ont pas. Et d'autres encore soutiennent paradoxalement que les chrétiens qui ont des fonctions publiques devraient être obligés en certains cas d'agir contre leur conscience. Ce sont là des signes inquiétants de l'incapacité d'apprécier non seulement les droits des croyants à la liberté de conscience et de religion, mais aussi le rôle légitime de la religion dans la vie publique. Je voudrais donc vous inviter tous, dans vos domaines d'influence respectifs, à chercher les moyens de promouvoir et d'encourager le dialogue entre foi et raison à tous les niveaux de la vie nationale. Votre disponibilité en ce sens est déjà manifeste par l'invitation exceptionnelle que vous m'avez offerte aujourd'hui. Et elle trouve aussi une expression dans les questions sur lesquelles votre Gouvernement a engagé un dialogue avec le Saint-Siège", à la recherche notamment de nouveaux moyens de promouvoir le respect de l'environnement. "Ces dernières années des signes encourageants ont pu être observés de par le monde concernant un souci plus grand de solidarité avec les pauvres. Mais pour que cette solidarité s'exprime en actions effectives, il est nécessaire de repenser les moyens qui amélioreront les conditions de vie dans de nombreux domaines, allant de la production alimentaire, à l'eau potable, à la création d'emplois, à l'éducation, au soutien des familles, spécialement les migrants, et aux soins médicaux de base. Là où des vies humaines sont en jeu, le temps est toujours court... Il ne peut être mis en doute que le développement humain intégral des peuples du monde n'est pas moins important. Voilà bien une entreprise qui mérite l'attention du monde, et qui est véritablement " trop importante pour être vouée à l'échec".
Puis le Saint-Père s'est félicité de la coopération entre le Royaume-Uni et le Saint-Siège, qui "montre bien tout les progrès qui ont été accomplis, au long des années qui se sont écoulées depuis l'établissement de relations diplomatiques bilatérales, afin de promouvoir, à travers le monde, les nombreuses valeurs fondamentales que nous partageons. J'espère et je prie pour que ces relations continuent à être fructueuses, et pour qu'elles se reflètent dans une acceptation croissante du besoin de dialogue et de respect à tous les niveaux de la société entre le monde de la raison et le monde de la foi. Je suis convaincu que, dans ce pays également, il y a de nombreux domaines où l'Eglise et les autorités civiles peuvent travailler ensemble pour le bien général... Afin que cette coopération soit possible, les communautés religieuses ainsi que les institutions liées à l'Eglise catholique, ont besoin d'être libres pour agir en accord avec leurs propres principes et leurs convictions spécifiques basés sur la foi et l'enseignement officiel de l'Église. Ainsi, ces droits fondamentaux que sont la liberté religieuse, la liberté de conscience et la liberté d'association, seront garantis".
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