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lundi 13 juillet 2015

Le Pape interpelle les ''constructeurs de la société'' du Paraguay


Cité du Vatican, 12 juillet 2015 (VIS). Samedi après-midi, au palais des sports León Condou d'Asunción, le Pape a rencontré les "constructeurs de la société" du Paraguay, c'est-à-dire les professeurs d'écoles et d'universités, les artistes et entrepreneurs, les journalistes, les associations de femmes, les agriculteurs et les indigènes. Le Saint-Père a articulé son discours en répondant à différentes questions, après avoir salué en ces termes:

''Vous voir tous, chacun provenant d'un secteur, d'une organisation, de cette bien aimée société paraguayenne, avec ses joies, ses préoccupations, ses luttes et ses recherches, cela m'amène à faire une action de grâce à Dieu. Il semble bien que le Paraguay n'est pas mort, grâce à Dieu. Parce qu'un peuple qui vit, un peuple qui ne maintient pas ses préoccupations vivantes, un peuple qui vit dans l'inertie de l'acceptation passive, est un peuple mort. Au contraire, je vois en vous la sève d'une vie qui court et qui veut germer. Et cela Dieu le bénit toujours. Dieu est toujours favorable à tout ce qui aide à élever, à améliorer, la vie de ses enfants. Il y a des choses qui sont mauvaises, oui. Il y a des situations injustes, oui. Mais vous voir et vous entendre, m'aide à renouveler l'espérance dans le Seigneur qui agit toujours au milieu de son peuple. Vous venez d'horizons différents, de situations et de recherches différentes, et formez tous ensemble la culture paraguayenne. Tous sont nécessaires dans la recherche du bien commun. Dans les conditions actuelles de la société mondiale, où il y a tant d'iniquités et toujours plus de personnes mises au rebut, vous voir ici est un cadeau".

La première question a été posée par un jeune préoccupé de faire en sorte que la société soit un environnement de fraternité, de justice, de paix et de dignité pour tous.

''La jeunesse est le temps de grands idéaux -a dit le Pape-. Je dis souvent que voir un jeune retraité me rend triste. Ce qui important est que vous les jeunes... deviniez que le vrai bonheur passe par la lutte d'un pays plus fraternel. Et il est bon que vous les jeunes, compreniez que bonheur et plaisir ne sont pas synonymes. Une chose est le bonheur et la joie... et une autre chose est un plaisir passager. Le bonheur se construit, est solide, édifie... il exige de s'engager et de se donner. C'est très précieux de s'engager, se donner... Le Paraguay a une population très jeune et c'est une grande richesse. C'est pourquoi, je pense que la première chose à faire est d'éviter que cette force s'éteigne, que cette lumière qui existe dans vos coeurs disparaisse, et contrecarre la mentalité croissante qui considère comme inutile et absurde d'aspirer à des choses qui en valent la peine...

Jouer pour quelque chose, jouer pour quelqu'un. C'est la vocation de la jeunesse et n'ayez pas de peur de tout laisser sur le terrain. Jouez propre, jouez avec tout. N'ayez pas de peur de donner le meilleur de vous. Ne cherchez pas d'accord préalable pour éviter la fatigue, la lutte. Ne subornez pas l'arbitre. Oui, ne faites pas cette lutte seuls. Cherchez à bavarder, sachez écouter la vie, les histoires, les contes des plus grands, et de vos grands-pères qui ont de la sagesse. Perdez beaucoup de temps à écouter tout le bon qu'ils ont à vous enseigner. Ils sont les gardiens de ce patrimoine spirituel de foi et de valeurs qui définissent un peuple et éclairent le chemin... Jésus invite à travers de la mémoire de son peuple... La fraternité, la justice, la paix et la dignité sont concrètes, sinon, elles en servent à rien. Cela se fait tous les jours! Maintenant, je vous demande à vous les jeunes: Comment vis-tu cet idéal, au jour le jour, concrètement? Même si tu te trompes, te corriges-tu et te relèves-tu? Concrètement. Moi je reconnais que parfois cela me donne un peu d'allergie... écouter des discours grandiloquents avec tous ces mots et, quand on connaît la personne qui parle, on dit: Quel menteur es-tu. C'est pourquoi, les mots seuls mots ne servent à rien. Si vous dites un mot engagez-vous avec ce mot, chaque jour, sacrifiez-vous pour cela! Engagez-vous!".
La deuxième question était consacrée au dialogue comme moyen pour forger un projet de nation qui inclut tout le monde.

''Le dialogue n'est pas facile -a répondu le Pape-. Il y aussi le “dialogue-théâtre”, c'est-à-dire que nous représentons le dialogue, nous jouons le dialogue et après nous parlons entre nous deux, entre nous deux et l'autre est éliminé... Certes, par exemple, je pense à notre dialogue, le dialogue inter-religieux, où représentants des différentes religions, nous parlons. Nous nous réunissons, parfois, pour parler... mais chacun parle à partir de son identité: Je suis bouddhiste, je suis évangélique, je suis orthodoxe, je suis catholique. Chacun parle, mais avec son identité. Il ne négocie pas son identité. Et même, pour qu'un dialogue existe, cette base fondamentale est nécessaire. Et quelle est l'identité dans un pays?, nous parlons du dialogue social ici. L'amour de la patrie? La patrie d'abord, après mes affaires... C'est ça l'identité. Alors, à partir de cette identité, je vais dialoguer. Si je vais dialoguer sans cette identité, le dialogue ne sert à rien. De plus, le dialogue suppose, et la culture de la rencontre nous exige à chercher cela. C'est-à-dire une rencontre qui sache reconnaître que la diversité n'est pas seulement bonne, elle est nécessaire. L'uniformité nous annihile, nous rend comme des automates. La richesse de la vie est dans la diversité. Le point de départ ne peut pas être: Je vais dialoguer mais il s'est trompé. Non, non, nous ne pouvons présumer que l'autre se trompe. Je vais avec mon bagage et je vais écouter ce que dit l'autre, en quoi il m'enrichit, en quoi l'autre me permet de me rendre compte que je me trompe, et quelles choses je peux apporter à l'autre. C'est un aller-retour, mais avec le cœur ouvert... C'est cela la culture de la rencontre. Dialoguer ce n'est pas négocier. Négocier c'est essayer de tirer sa carte du jeu.... Si tu vas avec cette intention, tu ne perds pas de temps. C'est rechercher le bien commun pour tous. Souvent cette culture de la rencontre se trouve prise dans le conflit... Nous n'avons pas à le craindre! Nous n'avons pas à ignorer le conflit... Le conflit existe, il faut l'assumer, il faut essayer de le résoudre où l'on peut, mais en vue d'obtenir une unité qui en soit pas uniformité, mais une unité dans la diversité... Les vraies cultures ne sont jamais refermées sur elles-mêmes. Si elles se ferment sur elles-mêmes , elles meurent. Mais elles sont appelées à se rencontrer avec d'autres cultures et à créer de nouvelles réalités... Sans ce présupposé essentiel, sans cette base de fraternité, il sera très difficile d'arriver au dialogue. Si quelqu'un considère qu'il y a des personnes, des cultures, des situations de deuxième, troisième ou quatrième catégorie... cela, c'est sûr, se terminera mal, parce qu'il aura simplement manqué du minimum, qui est la reconnaissance de la dignité de l'autre. Que n'existe jamais de personne de première, deuxième, troisième, ou quatrième catégorie, tous sont du même rang''.
La troisième question a concerné l'accueil du cri des pauvres pour construire une société plus inclusive.

''C'est curieux, l'égoïste s'exclut. Nous voulons inclure -a observé le Pape-, n'exclure personne, mais en pas nous auto-exclure, parce que avons besoin tous de tous. Un autre aspect fondamental pour aider les pauvres est la manière dont nous les voyons. Un regard idéologique ne sert à rien, qui finit par les utiliser au service d'autres intérêts politiques ou et personnels. Les idéologies finissent mal, elles ne servent à rien. Les idéologies ont une relation ou incomplète ou malade ou mauvaise avec le peuple. Les idéologies n'assument pas le peuple. C'est pourquoi, regardez le siècle passé. Comment ont terminé les idéologies? En dictatures, toujours, toujours. Elles pensent pour le peuple, elles ne permettent pas penser le peuple. Pour chercher effectivement son bien, il faut d'abord avoir une vraie préoccupation pour la personne -je parle des pauvres-, les évaluer à leur bonté. Mais, une évaluation réelle exige d'être disposés à apprendre des pauvres... Les pauvres ont beaucoup à nous apprendre en humanité, en bonté, en sacrifice, en solidarité. Nous, les chrétiens, avons de plus un plus grand motif d'aimer et de servir aux pauvres, parce que nous avons en eux le visage, nous voyons le visage et la chair du Christ, qui s'est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté... Réfléchissons bien. C'est un homme comme moi, qui passe un mauvais moment pour mille raisons, économiques, politiques, sociales ou personnelles, je pourrais être à sa place et pourrais désirer que quelqu'un m'aide. Et en plus de désirer que quelqu'un m'aide, si je suis à cette place, j'ai le droit d'être respecté".

Un autre sujet a porté sur la croissance économique et la création de richesse.

''Certes, pour un pays, la croissance économique et la création de richesse, sont nécessaires et doivent profiter à tous les citoyens sans que personne ne reste exclu. Et cela est nécessaire - a assuré le Saint-Père.- La création de cette richesse doit toujours être en fonction du bien commun, de tous, et non de quelques-uns. En cela il faut être très clairs. L'adoration de l'ancien veau d'or a trouvé une version nouvelle et impitoyable dans le fétichisme de l'argent et dans la dictature de l'économie sans visage. Les personnes dont la vocation est d'aider au développement économique ont la tâche de veiller à ce que celui-ci ait toujours un visage humain... Et dans leurs mains se trouve la possibilité d'offrir un travail à beaucoup de personnes et donner ainsi une espérance à de nombreuses familles... Je leur demande de ne pas céder au modèle économique idolâtre qui a besoin de sacrifier des vies humaines sur l'autel de l'argent et de la rentabilité. Dans l'économie, dans l'entreprise, dans la politique, la personne vient toujours en premier et l'habitat où elle vit".

''A juste titre, le Paraguay est connu dans le monde pour avoir été la terre où ont commencé les Réductions, une des expériences d'évangélisation et d'organisation sociale les plus intéressantes de l'histoire. Dans celles-ci, l'Evangile a été l'âme et la vie de communautés qui en connaissaient pas la faim, le désoeuvrement, l'analphabétisme, ni l'oppression. Cette expérience historique nous enseigne qu'une société plus humaine aujourd'hui est encore possible. Vous l'avez vécu dans vos racines ici. C'est possible! Quand il y a l'amour de l'homme, et la volonté de le servir, il est possible de créer les conditions pour que tous aient l'accès aux biens nécessaires, sans que personne ne soit écarté. Chercher dans chaque cas les solutions par le dialogue''.

La cinquième question a porté sur la définition et l'importance de la culture pour un pays.

''Il y a une culture cultivée, qui est culture et qui est bonne et il faut la respecter -a répondu le Pape-. Mais il y a une autre culture, qui a la même valeur, qui est la culture des peuples, des peuples originaires, des diverses ethnies. Une culture que j'oserais appeler, mais dans le bon sens, une culture populaire. Les peuples ont leur culture et font leur culture... Voilà, avant de conclure, je voudrais évoquer deux choses''.

''Alors, comme il y a des hommes politiques ici présents -a-t-il ajouté- je le dis fraternellement. Quelqu'un m'a dit: "Regardez, Untel est séquestré par l'armée: faites quelque chose! non ?". Je ne dis pas que c'est vrai, ou pas vrai, que c'est juste, ou pas juste, mais l'une des méthodes qu'avaient les idéologies dictatoriales du siècle passé, consistait à écarter les gens, par l'exil ou la prison ou, dans le cas des camps d'extermination des nazis ou des staliniens, par la mort. Pour qu'il y ait une vraie culture dans un peuple, une culture politique et du bien commun, il faut des jugements rapides et clairs et nets. Il n'y a pas besoin de recourir à un autre type de stratagème. La justice nette, claire. Cela aidera tout le monde.... Et après cela...une autre chose que je veux dire aussi par honnêteté: une méthode qui ne donne pas de liberté aux personnes pour assumer de façon responsable sa tâche de construction de la société est du chantage. Le chantage est toujours corruption : "Si tu fais cela, nous allons te faire cela, avec lequel nous te détruisons". La corruption est la mite, c'est la gangrène d'un peuple. Par exemple, aucun homme politique ne peut accomplir son rôle, son travail, s'il fait du chantage par des attitudes de corruption... Cela se retrouve dans tous les peuples du monde parce que si un peuple veut maintenir sa dignité, il n'y a qu'à l'éliminer. Je parle de quelque chose d'universel".


"Et je finis –a conclu le Saint-Père-. Pour moi, c'est une grande joie de voir la quantité et la variété d'associations qui sont engagées dans la construction d'un Paraguay chaque fois meilleur et plus prospère, mais, qui si elles ne dialoguent pas, ne servent à rien. Si elles font chanter, cela ne sert à rien. Cette multitude de groupes et de personnes sont une grande symphonie, chacun avec sa particularité et sa propre richesse, mais en cherchant l'harmonie finale, l'harmonie, et c'est cela qui compte. Et n'ayez pas de peur du conflit, mais parlez et cherchez des chemins de solution. Aimez votre patrie, vos concitoyens et, surtout, les plus pauvres. Ainsi ils seront devant le monde un témoignage de ce qu'un autre modèle de développement est possible. Je suis convaincu, par votre histoire, que vous aurez la force la plus grande qui existe : votre humanité, votre foi, votre amour. C'est l'être du peuple paraguayen qui le distingue si fortement des autres nations du monde. Et je demande à la Vierge de Caacupé, notre Mère, qu'elles vous grade, vous protège et vous encourage dans vos efforts. Que Dieu vous bénisse et priez pour moi. Merci".

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