Cité
du Vatican, 16 septembre (VIS). Le Saint-Père a entamé sa seconde
journée cubaine en célébrant une grand messe au coeur de La
Havane, sur la Place de la Révolution dédiée à José Martí, le
poète qui combattit pour l'indépendance de l'île. Avant de monter
à l'autel, il a rencontré de manière informelle les représentants
des diverses confessions chrétiennes locales. Son homélie a été
centrée sur le service des plus pauvres et la question de ce qui est
vraiment le plus important dans la vie: "Qui
est le plus important? C'est une question qui nous accompagnera tout
au long de la vie car, à chacune de ses phases, nous serons
confrontés au défi d’y répondre. Nous ne pouvons pas échapper à
cette question... L’histoire de l’humanité a été marquée par
la manière d'y répondre. Jésus n'a pas craint les questions des
hommes, ni l’humanité ni les différents problèmes qu’elle
pose. Au contraire, connaissant le fin fond du cœur humain, il est
toujours disposé à nous accompagner... Il assume nos interrogations
et nos aspirations, auxquelles il donne un nouvel horizon. Il réussit
à donner une réponse capable de proposer un nouveau défi, en
déplaçant les réponses attendues ou ce qui apparemment relève de
l’ordre établi. Jésus propose toujours la logique de l’amour,
une logique capable d’être vécue par tous, parce qu’elle est
pour tous. Loin de tout élitisme,
l’horizon de Jésus n’est pas réservé à quelques
privilégiés... L’horizon de Jésus est toujours une offrande
faite à la vie quotidienne", ici aussi à Cuba.
"Voilà
le grand paradoxe de Jésus. Les disciples discutaient de celui qui
occuperait la place la plus importante, de celui qui serait choisi
comme le préféré, qui serait exempté de la loi commune, de la
norme générale, pour s'affirmer au-dessus des autres...
L’invitation au service possède une particularité à laquelle
nous devons être attentifs. Servir signifie, en grande partie,
prendre soin de la fragilité. Prendre soin des membres fragiles de
nos familles, de notre société, de notre peuple. Ce sont les
visages souffrants, les personnes sans protection et angoissées que
Jésus propose de regarder et invite concrètement à aimer. Amour
qui se transforme en actions et en décisions. Amour qui se manifeste
à travers les diverses tâches qu’en tant que citoyens, nous
sommes invités à accomplir. Les personnes en chair et en os, avec
leur vie, leur histoire et spécialement leur fragilité, sont celles
que nous sommes invités par Jésus à défendre, à protéger, à
servir. En effet, être chrétien implique servir la dignité de vos
frères, lutter pour la dignité de vos frères et vivre pour la
dignité de vos frères. C’est pourquoi le chrétien est toujours
invité à laisser de côté, ses aspirations, ses envies, ses désirs
de toute puissance, en voyant concrètement les plus fragiles. S'il
existe un service utile, nous devons nous méfier de la tentation
d'un service qui se sert lui même. Il y a une façon d’exercer le
service qui vise comme intérêt le bénéfice des siens, au nom de
ce qui est nôtre... Nous sommes tous appelés par vocation
chrétienne au service qui sert tout le monde, à nous aider
mutuellement sans tomber dans la tentation du service qui se sert lui
même. Stimulés par Jésus, nous sommes tous invités, stimulés à
nous prendre en charge les uns les autres...sans regarder de côté
pour voir ce que le voisin fait ou a omis de faire. Jésus dit: Si
quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier et le
serviteur de tous. Il ne dit pas, si ton voisin veut être le
premier, qu’il serve. Nous devons nous prémunir contre le regard
accusateur et avoir le courage de croire dans le regard, qui
transforme".
"Le
saint peuple fidèle de Dieu en marche à Cuba est un peuple qui a le
sens de la fête, de l’amitié, de la beauté. C’est un peuple
qui marche, qui chante et loue. C’est un peuple qui porte ses
blessures...mais qui sait ouvrir les bras, qui marche avec espérance,
parce que sa vocation a de la grandeur. Aujourd’hui, je vous invite
à préserver cette vocation, à préserver ces dons que Dieu vous a
faits, mais spécialement je veux vous inviter à prendre soin de la
fragilité de vos frères et à les servir. Ne les négligez pas pour
des projets qui peuvent être séduisants, mais qui se désintéressent
du visage de celui qui est à côté de vous. Nous connaissons, nous
en sommes témoins de la force imparable de la Résurrection qui
suscite partout des germes de ce monde nouveau. N’oublions
pas la Bonne Nouvelle d’aujourd’hui. L’importance d’un
peuple, d’un pays ou d’une personne se fonde toujours sur la
façon dont est servie la fragilité des frères. En cela, nous
trouvons l’un des fruits d’une vraie humanité. La
vie de celui qui ne vit pas pour servir ne vaut pas la peine d’être
vécue".
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